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Ukraine : jusqu'où ira Vladimir Poutine ?

Les sanctions prises par les Américains et les Européens suite à l'intervention russe en Crimée ne dissuadent pas Moscou. Le président Vladimir Poutine doit s'exprimer ce mardi devant le Parlement. Il y justifiera l'entrée de la Crimée dans le giron russe via la reconnaissance de l'indépendance de la péninsule. Les deux-tiers des Russes le soutiennent mais l'économie du pays souffre tandis que les chancelleries occidentales se demandent si Poutine va tenter de mettre la main sur l'est industriel et russophone de l'Ukraine.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Alexander Demianchuk Reuters)

"On parlait de centaines de noms. Et finalement, il n'y en a que quelques-uns ". Boris Titov, le médiateur du Kremlin pour le monde des affaires a mis le doigt sur le point faible des sanctions occidentales. Onze personnes sont visées par Washington et 21 par l'Union européenne. Pas de quoi faire trembler Moscou. Et de fait, Vladimir Poutine ne change pas le cap d'un seul demi-degré.

Le président russe doit s'exprimer ce mardi devant le Parlement rassemblé. Au lendemain de la reconnaissance du caractère d'Etat souverain de la Crimée, il sort renforcé de la crise diplomatique qui l'oppose à l'Ukraine et aux Occidentaux. La population le soutient à 69% selon la dernière enquête d'opinion et le caractère très limité des sanctions américaines et européennes rassure le Kremlin. Vladimir Poutine lui-même est soigneusement épargné. Et ses proches visés répliquent par l'ironie.

Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rgozine, lui-même visé par les sanctions américaines, veut même y voir du positif : "Nous nous débrouillerons de toute façon et cela obligera peut-être notre industrie à travailler mieux ". Mais rien n'est moins sûr. Car le gouvernement lui-même a reconnu que l'économie du pays était en crise. De nombreux analystes estiment que l'économie russe va entrer en récession, alors qu'elle était vue comme une force émergente il y a quelques mois. La perspective d'une aggravation des sanctions et le poids financier de l'intervention militaire pèsent très lourd. Les investisseurs perdent confiance et l'indice de la bourse de Moscou a vu s'évaporer 47 milliards d'euros de capitalisation et la Banque de Russie a pompé 11 milliards d'euros pour soutenir le rouble.

Cette situation embarrassera sans doute Vladimir Poutine pour pousser un nouveau pion. En l'occurrence vers l'est industriel et russophone de l'Ukraine. C'est ce que craignent les Occidentaux. Mais le morceau est beaucoup plus gros à avaler et semble trop lourd pour un budget russe en berne. Vainqueur en Crimée, Poutine pourrait être perdant dans l'est ukrainien, où le soutien de la population est moins massif, malgré l'agitation. Mais "ces derniers temps, Poutine est guidé par ses émotions ", soupire le politologue Alexeï Malachenko, du centre Carnegie. Si une intervention armée paraît peu probable, le président russe ne se privera en tout cas pas d'en agiter la menace. Le Parlement, celui devant lequel il intervient ce mardi, a d'ailleurs soigneusement pris soin d'ouvrir cette porte.

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