Une actrice anglaise, Charlotte Lewis, accuse Roman Polanski de l'avoir abusée sexuellement quand elle avait 16 ans
Les faits, selon l'actrice qui joue dans "Pirates" (1986), remontent au début des années 1980 et se sont déroulés à Paris chez le cinéaste.
Cette accusation intervient alors que les autorités américaines réclament l'extradition de Polanski, assigné à résidence en Suisse, poursuivi pour des relations sexuelles avec une jeune fille de 13 ans en 1977.
"M. Polanski savait que je n'avais que 16 ans quand il m'a rencontrée et m'a forcé (à avoir des relations sexuelles) dans son appartement à Paris", a déclaré Lewis lors d'une conférence de presse à Los Angeles, en lisant un texte. "Il a profité de moi et je vis avec les conséquences de son comportement depuis que les événements se sont produits", a-t-elle ajouté.
A Paris, Me Georges Kiejman, l'un des avocats français de Roman Polanski, a déclaré sur Europe 1 avoir ressenti une "stupéfaction doublée d'une indignation totale".
"Le fait que cette personne ait retrouvé la mémoire 26 ans après les faits, ça en surprendra plus d'un. Tout cela me paraît pure et simple opération de chantage", a-t-il dit.
Le bureau du procureur de Los Angeles a indiqué que Charlotte Lewis avait rencontré jeudi le principal procureur chargé du dossier Polanski. L'actrice et son avocate Gloria Allred, habituée des affaires impliquant des célébrités, n'ont pas engagé d'action en justice.
Peser sur l'extradition du cinéaste
Charlotte Lewis a déclaré qu'elle se manifestait aujourd'hui dans l'espoir de peser sur la décision des autorités suisses concernant l'extradition de Roman Polanski.
Le réalisateur avait fui la Californie en 1978 après avoir plaidé coupable de relations sexuelles avec une mineure, mais avant le prononcé de sa peine. Roman Polanski a expliqué qu'il craignait que le juge de l'époque revienne sur sa promesse de limiter sa condamnation aux 42 jours qu'il avait déjà passés derrière les barreaux pour des expertises psychiatriques.
Dans un communiqué, les avocats américains du cinéaste ont déclaré vendredi: "Nous n'avons aucune information concernant les déclarations faites aujourd'hui lors d'une conférence de presse de Gloria Allred, mais nous tenons pour certain que notre procureur (de Los Angeles) continue de refuser de fournir au gouvernement suisse des informations précises et exhaustives relatives à la question de l'extradition."
Réactions à Cannes
L'accusation de l'actrice britannique Charlotte Lewis "ne change pas un iota à ma position et à ma colère contre les méthodes de la justice californienne", a déclaré samedi Bernard-Henri Lévy. Ce dernier avait déploré vendredi le soutien insuffisant apporté, selon lui, par le président du jury du Festival de Cannes, Tim Burton, à Roman Polanski.
Pour le président du Festival, Gilles Jacob, "il y a le cinéaste et le citoyen. Le cinéaste est un immense cinéaste. Il y a le citoyen. Personne n'est à l'abri des lois", a-t-il déclaré samedi sur RTL,
Une pétition en faveur de Roman Polanski, signée par des cinéastes présents au Festival de Cannes, dont Jean-Luc Godard, Agnès Varda ou Bertrand Tavernier, a été mise en ligne mardi sur le site de la revue dirigée par Bernard Henri Levy "La règle du Jeu".
A Cannes, l'acteur Michael Douglas a déclaré qu'il ne signerait pas cette pétition. "J'admire infiniment Roman que je connais, mais c'est un problème qui doit être vraiment affronté de façon interne. Je crois que ce ne serait pas juste pour moi en tant qu'Américain de signer une pétition pour quelqu'un qui a violé la loi", a déclaré l'acteur américain sur RTL.
"Il s'est échappé, en quelque sorte et c'est quelque chose de judiciaire", a dit Michael Douglas. "J'habitais à Los Angeles à l'époque où tout ça s'est passé, je crois que si Roman regarde un peu en arrière, on l'a mal conseillé à l'époque", selon l'acteur présent à Cannes pour "Wall Street 2".
Le cinéaste Woody Allen a estimé samedi qu'il s'agissait d'une "histoire idiote" et que le réalisateur assigné à résidence en Suisse en attente d'extradition "a payé son dû".
Le ministre de la Culture soutient en silence
"Mon devoir aujourd'hui c'est de ne rien dire", a déclaré dimanche Frédéric Mitterrand à propos de l'affaire Roman Polanski. "Le silence peut être une parole très forte. Le silence n'interdit pas les sentiments.
Le silence n'interdit pas d'avoir une opinion personnelle très forte. Cette opinion vous la connaissez. Silence oui, mais mon silence à moi", a déclaré le ministre qui était l'invité du Grand Rendez-vous Europe1/Aujourd'hui en France.Frédéric Mitterrand avait exprimé un soutien appuyé au cinéaste après son interpellation en septembre dernier en Suisse.
Concernant les accusations de l'actrice Charlotte Lewis, M. Mitterrand a indiqué : "on se demande si ces accusations ne sont pas plutôt des allégations". Il a estimé que les avocats du cinéaste avaient "de sérieux arguments à faire valoir à ce sujet".
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