L'Américain Kyle Rittenhouse, qui avait tué deux manifestants antiracistes à l'été 2020, a été acquitté
Equipé d'un fusil semi-automatique, il avait rejoint à l'été dernier des groupes armés et ouvert le feu, tuant deux hommes et en blessant un troisième. Cet homme de 18 ans, qui encourait la réclusion à perpétuité, a plaidé la légitime défense.
Le jeune Américain Kyle Rittenhouse, qui a tué par balle deux personnes et blessé une troisième en marge de manifestations antiracistes en août 2020 à Kenosha, a été acquitté à l'issue d'un procès très suivi aux Etats-Unis, vendredi 19 novembre. Les douze jurés d'un tribunal de l'Etat du Wisconsin l'ont déclaré "non coupable" des cinq chefs d'accusation qui pesaient sur lui, dont meurtres, au quatrième jour de leurs délibérations.
Le jeune homme blanc de 18 ans, qui encourait la réclusion à perpétuité, avait plaidé la légitime défense. A la lecture du verdict, il s'est effondré en larmes avant de quitter rapidement la salle d'audience. Son procès a exposé au grand jour les fractures de la société américaine sur les armes à feu, le droit à l'autodéfense et le mouvement antiraciste "Black Lives Matter" et le verdict a, sans surprise, suscité des réactions aux antipodes.
Le verdict "a plongé de nombreux Américains dans la colère et l'inquiétude, moi y compris", a écrit le président américain Joe Biden dans un communiqué, avant toutefois de préciser : "J'appelle tout le monde à exprimer ses opinions pacifiquement, dans le respect de la loi." Pour éviter d'éventuels débordements, le gouverneur du Wisconsin a demandé à 500 soldats de la Garde nationale de se tenir prêts à intervenir à Kenosha. Le maire démocrate de New York Bill de Blasio a ainsi fustigé un "déni de justice", tandis que l'élue républicaine du Congrès Mary Miller tweetait : "Dieu bénisse l'Amérique".
"Un touriste du chaos", selon le procureur
Le 23 août 2020, cette ville de la région des Grands Lacs s'était enflammée après une bavure policière contre un Afro-Américain. Alors âgé de 17 ans, Kyle Rittenhouse s'était équipé d'un fusil semi-automatique et avait rejoint des groupes armés venus "protéger" les commerces. Dans des circonstances confuses, il avait ouvert le feu, tuant deux hommes et en blessant un troisième.
"Je n'ai rien fait de mal, je me suis juste défendu", a-t-il plaidé, en pleurs, lors de son procès, assurant avoir tiré après avoir été pris en chasse et attaqué par ces trois hommes – tous blancs comme lui. L'accusé était "un touriste du chaos" qui "cherchait l'excitation" et s'est "volontairement et en toute connaissance de cause mis dans une situation dangereuse", a rétorqué le procureur Thomas Binger dans son réquisitoire. Kyle Rittenhouse a comparu libre, des soutiens ayant payé les deux millions de dollars de caution.
Le jeune homme est en effet devenu une égérie dans certains milieux de droite pour qui la grande mobilisation contre les violences policières de l'été 2020 était l'œuvre d'"antifas" ou "d'anarchistes". A l'inverse, à gauche, il incarne les excès de la culture des armes et du droit à l'auto-défense. Sur Twitter, le mouvement Black Lives Matter a souligné qu'il n'était pas surpris par le verdict. "Le système fonctionne exactement comme il est censé le faire (...) pour protéger la suprématie blanche". "Il illustre le besoin urgent de réformes de la justice et de notre système pénal, qui est cassé", a ajouté Shaadie Ali, un représentant de la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU.
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