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Attentats de Boston : les pistes possibles

Les attaques à l'explosif qui ont frappé le marathon de Boston lundi n'ont encore fait l'objet d'aucune revendication. Différentes hypothèses sont envisageables.

Article rédigé par franceinfo
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Les secours s'affairent auprès de la centaine de blessés frappés par deux explosions près de la ligne d'arrivée du marathon de Boston, dans le Massachusetts (Etats-Unis), le 15 avril 2013. (CHARLES KRUPA / AP / SIPA )

Les attaques meurtrières qui ont visé le marathon de Boston (Massachusetts), aux Etats-Unis, lundi 15 avril, faisant au moins trois morts et plus de 100 blessés, restent pour l'instant sans explication. Terrorisme international ou action d'un groupuscule isolé, motivé par des raisons politiques ? Quelques heures après les deux explosions et en l'absence de revendication, les enquêteurs ne veulent privilégier aucune piste.

Les Etats-Unis ont par le passé été frappés par de nombreux attentats, dont les auteurs ont manifesté des motivations variées. Francetv info revient sur les éléments disponibles à ce stade, et les hypothèses qui peuvent s'y rapporter.

La date, symbolique pour le "terrorisme de l'intérieur"

La date à laquelle survient cet attentat n'est pas neutre pour le peuple américain : ce lundi 15 avril était le jour du Patriot's Day, un jour férié dans le Massachusetts. Il commémore la bataille de Lexington et Concord, qui eut lieu dans la région au début de la guerre d'indépendance américaine, le 19 avril 1775.

C'est aussi un 19 avril que se termina le siège de Waco par un assaut meurtrier donné contre une communauté sectaire au Texas, en 1993. Il s'est soldé par la mort de plus de 80 personnes. Deux ans plus tard  jour pour jour, l'attentat le plus meurtrier qu'aient connu les Etats-Unis avant le 11-Septembre frappe la ville d'Oklahoma City : une voiture bourrée d'explosifs explose sur un parking de la ville et tue 168 personnes.

L'auteur, proche des mouvements paramilitaires et ancien de la guerre du Golfe, et ses complices, invoquent devant le tribunal leur haine du gouvernement fédéral et en particulier le massacre de Waco, qu'ils voyaient comme un symbole de son incompétence. 

La cible, un écho à l'attentat des JO d'Atlanta

L'attaque sanglante de Boston n'est pas la première à viser un évènement sportif de grande ampleur, et le précédent historique est aussi lié à des revendications politiques.

Le 27 juillet 1996, un attentat à la bombe endeuille les Jeux olympiques d'Atlanta : l'engin, placé dans le village olympique, tue deux personnes et fait plus de 100 blessés. Le coupable, un extrémiste anti-gouvernement et luttant en particulier contre le droit à l'avortement, ne sera appréhendé que plusieurs années après, après s'être rendu coupable de trois autres attentats à la bombe.

Selon Juliette N. Kayyem, spécialiste des questions de sécurité et qui a travaillé sur ces problématiques au ministère de l'Intérieur américain, le choix du marathon de Boston oriente plutôt vers la piste intérieure. Pour elle, "il s'agit probablement de quelqu'un qui a grandi dans la région, se revendiquant d'une cause politique de droite ou de gauche et qui sait l'importance du marathon pour les gens d'ici", explique-t-elle au Boston Globe (en anglais). Mais d'autres experts ont mis en garde contre toute spéculation à ce stade.

Le contexte, politiquement sensible

Enfin, s'il est nécessaire de rester extrêmement prudent à ce stade, il faut noter que le contexte politique actuel est sensible. Le président Barack Obama et sa majorité démocrate sont engagés dans un bras de fer avec les conservateurs pour tenter d'imposer des règles plus restrictives au port d'armes. Le Sénat doit précisément voter mardi sur un texte de compromis élaboré conjointement par les démocrates et les républicains.

Le droit au port d'armes, garanti par la Constitution américaine, fait partie des droits fondamentaux que les ultra-conservateurs accusent Obama et le gouvernement fédéral de remettre en cause.

Le mode opératoire, signature d'une bombe artisanale

Les bombes utilisées à Boston sont artisanales, et leur conception particulièrement cruelle. Des roulements à bille ont été placés dans les engins explosifs : lors de l'explosion, leur projection a provoqué des blessures atroces parmi les passants et les coureurs. Les médecins, à l'instar de ce chirurgien témoignant dans le Telegraph (en anglais), ont pratiqué plusieurs amputations dans les différents hôpitaux de la ville.

L'attaque a aussi manifestement été coordonnée : les deux explosions ont retenti à quelques secondes d'écart, et certains sources évoquent un autre engin retrouvé dans la ville, qui n'aurait pas explosé - l'information n'est pas confirmée de source officielle à ce stade.

Mais ce mode opératoire en lui-même ne permet pas d'orienter vers l'une ou l'autre piste : extrémistes politiques, comme dans les exemples cités plus haut, et terroristes issus de la mouvance islamique ont agi parfois seuls et parfois en groupe et, dans l'un comme dans l'autre cas, ont souvent utilisé des engins artisanaux. Ce fut le cas notamment dans l'attentat raté de Times Square, en 2010, dont l'auteur était lié aux talibans pakistanais.

Par ailleurs, ces mêmes talibans pakistanais ont nié, mardi 16 avril, être à l'origine des explosions du marathon de Boston. "Nous sommes en faveur des attaques contre les Etats-Unis et ses alliés, mais nous ne sommes pas impliqués dans cette attaque", a déclaré Ehsanullah Ehsan, porte-parole du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement des talibans pakistanais.

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