Attentats du 11-Septembre : "Tout le monde était un peu hagard et perdu", se souvient un pompier français sur place
"Des pompiers sont morts en montant dans les tours pour essayer de sortir des personnes, les faire descendre, rappelle Thierry Velu. Ils connaissaient leur destin si les tours s'effondraient. Ce sont des actes totalement héroïques."
Il y a 20 ans, le 11 septembre 2001, les États-Unis vivaient les pires attentats de son histoire : près de 3 000 morts dans l'effondrement des tours jumelles. "Tout le monde était un peu hagard et perdu", se souvient samedi 11 septembre sur franceinfo Thierry Velu, sapeur-pompier, fondateur et président du GSCF (Groupe de secours catastrophe français). Le 13 septembre 2001, il était arrivé, avec 10 pompiers du GSCF, à New-York pour venir en aide aux victimes et épauler les secours sur place. Ils étaient alors restés cinq jours sur place. "Il fallait faire face à cette émotion, garder notre sang froid, et pouvoir les épauler du mieux qu'on le pouvait", raconte-t-il.
franceinfo : Quelles images gardez-vous de cette arrivée sur le site ?
Thierry Velu : Déjà, lors du premier survol de Manhattan, nous voyions un grand panache de fumée où on pouvait distinguer le reste des tours jumelles. Ce panache de fumée se dirigeait vers la statue de la Liberté. C'est une image qu'on garde en mémoire et qui est horrible pour nous. Pour ce qui est des dégâts, nous sommes habitués à intervenir sur des séismes. C'était un gros chantier où vous aviez des milliers de décombres mais ce n'était pas le plus dur.
"Le plus dur c'était cette chaîne humaine où vous aviez de nombreuses personnes qui applaudissaient les secours qui se rendaient sur place mais aussi cette caserne de sapeurs-pompiers où il ne restait qu'un sapeur-pompier, tous les autres étaient décédés. Il ne restait que les portraits et des petites bougies."
Thierry Velu, sapeur-pompierà franceinfo
Là, c'était beaucoup plus compliqué pour nous parce qu'il fallait faire face à cette émotion, garder notre sang-froid, et pouvoir les épauler du mieux qu'on le pouvait.
Que vous disaient vos collègues new-yorkais ? Quel était leur état mental et physique ?
Ils étaient bien entendu très impactés mais on était dans le feu de l'action. On était dans l'objectif de pouvoir retrouver des personnes vivantes. Dans les premières heures, on était plus dans les émotions, on n'arrivait pas à comprendre ce qui s'était produit même si on n'avait pas de doute sur un attentat. C'était très compliqué pour eux, tout le monde était un peu hagard et perdu. On n'a aucun élément de comparaison, on a aussi des doutes sur le nombre de disparus et le nombre de morts. En plus, on ne connaît pas l'après. On se rappelle d'une image d'avions militaires qui sont passés à très basse altitude au niveau des anciennes tours jumelles et on se demande toujours si cela peut se reproduire pendant qu'on est sur place. On était plus dans une émotion que dans un travail habituel quand on est sur un séisme et en plus c'était dans un endroit très connu aux États-Unis.
"Il y avait une très grande solidarité américaine, comme ils savent le faire."
Thierry Veluà franceinfo
C'est la plus marquante de vos interventions ?
C'est l'une des plus marquantes. On se souvient toujours où on était ce 11 septembre quelle que soit notre nationalité comme on se souviendra où on était le 13 novembre 2015. Il y a des moments qui marquent surtout quand il y a de nombreux morts. On a des frères sapeurs-pompiers qui sont morts et il y a une solidarité internationale. Des pompiers sont morts en montant dans les tours pour essayer de sortir des personnes, les faire descendre. Ils connaissaient leur destin si les tours s'effondraient. Ce sont des actes totalement héroïques. On a toujours des personnes avec qui on est en contact à la suite de ces événements et c'est toujours difficile de se remémorer ces souvenirs.
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