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Aux Etats-Unis, il faut payer pour se débarrasser de son pétrole

L’offre de pétrole est si généreuse aux Etats-Unis que l’entreprise de raffinage Flint Hills Resources a proposé un prix d’achat négatif. -0,5 dollar le baril. En clair, le producteur doit verser 50 cents pour se débarrasser de chaque baril de pétrole qu’il pompe.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Puits de pétrole.  (AWO / Science Photo Library)

On est là bien en dessous des cours du marché, puisque le brut américain se négocie autour de 30 dollars. Mais ce brut du Dakota du Nord est de basse qualité, fortement chargé en souffre, ce qui explique cette offre négative.
 
Depuis, Flint Hills resources a proposé un prix moins spectaculaire, mais à peine plus avantageux de 1,5 dollar le baril. Un tarif justifié par la surabondance de pétrole et le manque de disponibilité des pipelines pour transporter un produit de très basse qualité. Depuis 2011 en effet, le transport se fait par camions ou par trains, l’entreprise Enbridge ne souhaitant pas fournir les tuyaux qu’il gère pour des produits de base.
 
Le prix négatif était dû à une erreur de transmission, s’est excusé un porte-parole de Flint Hills.
Cela dit, les autres pétroles de basse qualité, le South Texas Sour et l'Oklahoma Sour, se négocient également à très bas prix autour de 13 dollars le baril. Avec une offre pléthorique, les produits de basse qualité voient leur cours fondre.

Un signal fort
Le prix nul ou presque est en tout cas un signal. «Dire aux producteurs qu’ils doivent payer pour se débarrasser de leur pétrole, c’est fortement les inciter à fermer leurs puits», a commenté Andy Lipow, président d’une société de consulting de Houston (Texas).
 
Les prix négatifs de l’énergie sont rares mais il y a des précédents. Ainsi, le propane vendu à Edmonton en Alberta s’est négocié pendant trois mois à des tarifs négatifs en 2015. Parfois, les raffineries de pétrole payent pour se débarasser de bas produits et ainsi faire de la place. 

Mais globalement, la surabondance est partout. Bloomberg précise que les bitumeux canadiens s’écroulent aussi. De 80 dollars il y a un an, le baril a touché un plus bas à 8,35 dollars. Conséquence, pour la première fois, l’extraction a diminué aux Etats-Unis de 5% en 2015. Et cela devrait se poursuivre jusqu’en 2017 au rythme d’un million de barils en moins chaque jour.
 
Le mot de la fin revient à John Auers, vice-président de la société de consulting Turner Mason et Co à Dallas (Texas): «Lorsque vous produisez à perte, vous fermez les puits.»

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