Reportage "Ça fait partie de la culture" : en Pennsylvanie, des électeurs républicains plébiscitent le fusil AR-15, qui a failli coûter la vie à Donald Trump

L'arme revient dans un grand nombre de tueries de masse aux États-Unis. C'était aussi celle du tireur, lors de la tentative d'assassinat contre Donald Trump, en Pennsylvanie. Mais les républicains rencontrés n'entendent pas changer d'avis sur le contrôle des armes.
Article rédigé par Valentin Dunate - Fabien Gosset
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le fusil semi-automatique AR-15, le 25 août 2023. Image d'illustration. (BRANDON BELL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

C'est l'une des armes les plus vendues aux États-Unis : le fusil AR-15, utilisé par le tireur samedi 13 juillet lors de la tentative d'assassinat de Donald Trump, est dans le viseur de Joe Biden, qui a appelé à l'interdire cette semaine. Ce fusil semi-automatique revient dans un grand nombre de tueries de masse ces dernières années aux États-Unis et devient un symbole du débat sur le contrôle des armes à feu. En Pennsylvanie, près de Pittsburgh, cette arme est plébiscitée par les électeurs républicains. Elle a pourtant bien failli coûter la vie à leur candidat.

Même dans cette ville, c'est un sujet sensible. Toutes les armureries et les stands de tirs sollicités ont refusé de s'exprimer. Nous avons donc enregistré discrètement un vendeur dans une armurerie situé à l'étage d'une veille bâtisse. Il porte un t-shirt rouge avec la photo devenue culte : Donald Trump, l'oreille en sang, le poing levé. 

"L'AR-15, c'est un peu comme dire : un 'Kleenex', les gens comprennent que tu parles d'un mouchoir, explique-t-il. Mais à la base c'est le nom d'une entreprise et c'est rentré dans le langage courant. Il y a plein de modèles différents mais la version originale a donc été créée par la société ArmaLite rifles." La version militaire de l'AR-15 est le M16. Cette arme représente un quart des ventes d’armes aux États-Unis et coûte un peu plus de 1 500 dollars.

Un fusil "tacticool"

Le vendeur nous fait essayer cette arme. "Ça parait super léger mais c'est assez lourd, robuste", observe-t-il. Quand on tient ce fusil en main, on pourrait se croire à la guerre ou dans un jeu vidéo. 

Zach vient d'acheter, avec son père Butch, "l'anti AR-15" : un AK-47. "Si je me pointe avec mon arme dans un ranch avec des supporters de Trump, on va se moquer de moi parce que j'utilise une arme de bande dessinée. L'AK-47, la kalachnikov, c'est pour les terroristes, les Russes, les méchants,
alors que l'AR-15, c'est comme le chapeau Stetson de John Wayne à l'époque. C'est l'équivalent aujourd'hui, ça fait partie de la culture, ce n'est pas un fusil tactique, mais 'tacticool'."

"C'est plus facile d'accuser l'arme"

L'AR-15, c'est comme les gros pick-ups ou les drapeaux américains : un symbole que s'approprient les républicains. Et savoir que Donald Trump a failli être tué par cette arme, "je pense qu'en effet c'est super ironique", estime Zach. En revanche, l'interdiction pour eux n'a que très peu de sens et d'impact. Pour son père Butch, "c'est plus facile d'accuser l'arme, c'est moins cher de pointer du doigt le fusil plutôt que de mettre en place un système de santé, pour avoir une société saine qui peut tenir une arme convenablement."

Aux États-Unis, neuf États interdisent l'achat et la possession d'un fusil d'assaut, c'est le cas notamment dans les États voisins du Maryland et du Delaware.

Reportage en Pennsylvanie de Valentin Dunate et Fabien Gosset

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