Etats-Unis: les enfants, ne parlez pas du gaz de schiste !
Motif de cette surprenante affaire: leurs parents, Chris and Stephanie Hallowich, ont conclu un accord avec les firmes Range Resources, Williams Gas/Laurel Mountain Midstream et MarkWest Energy après les avoir attaquées en justice. Selon les plaignants, les produits chimiques utilisés pour le forage de puits près de leur ferme avaient des conséquences sur leur santé, provoquant brûlures aux yeux, à la gorge et aux oreilles, maux de tête, rapporte le quotidien Pittsburg Post-Gazette.
En août 2011, les deux parties sont finalement parvenues à un compromis officialisé devant un tribunal. L’accord est resté confidentiel jusqu’à ce que le journal en obtienne sa publication. «Pour la sécurité et la santé de nos enfants, nous avions besoin (de cet argent) pour les retirer de cet endroit», a expliqué Stephanie Hallowich.
Mais une telle procédure, courante au pays de l’Oncle Sam, implique que les parties doivent garder le silence sur l’affaire. C’est ce que la justice américaine appelle le «gag order», mot-à-mot l’«ordre du baillon». Dans le cas présent, l’interdiction touche aussi les enfants. «Nous savons que nous avons signé pour nous taire pour toujours. Mais pourquoi cela doit-il lier nos enfants qui sont encore mineurs et empiéter sur leurs droits?», demande Stephanie Hallowich.
Qu’une tel accord s’applique à des mineurs pose question, a expliqué un enseignant de l’université de Pittsburg. L’avocat de la famille a affirmé qu'en 30 ans de carrière, il n'avait jamais vu une telle interdiction impliquant des mineurs. Cette position «s’applique à toute la famille», insiste de son côté un défenseur de Range Resources.
Apparemment, la compagnie a quelque peu pris ses distances avec ce dernier. «Nous ne pensons pas que l’accord s’applique à des enfants», a dit l’un de ses porte-parole. L’entreprise a précisé avoir envoyé un «courrier de clarification» à la famille d’agriculteurs. Comme quoi, la publicité de l’affaire a peut-être refroidi les ardeurs des pétroliers…
Le mot de la fin revient sans doute au papa des deux bambins : «Nous pouvons les informer. Nous pouvons leur expliquer qu'ils ne peuvent pas parler de cela. Mais nous ne pouvons pas contrôler ce qui se passe dans la cour de récréation».
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