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Etats-Unis : une armurerie à vous dégoûter des armes
Avec la tuerie dans l'église de Charleston, la sempiternelle question sur le droit de posséder et de porter une arme se repose aux Etats-Unis. Comme ce droit est inscrit dans la Constitution américaine, l'interdire est un vrai problème. Tous les moyens sont donc bons pour tenter de détourner les citoyens des armes à feu. Cette armurerie factice mise sur la mémoire collective...
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Plus de dix fois l'attentat du World Trade Center chaque année, c'est le nombre de morts par balles aux Etats-Unis. Qu'ils aient été assassinés, auteurs de suicide ou victimes malheureuse d'un tir accidentel, plus de 30.000 Américains sont ainsi tués tous les ans. Dans le même temps, 70.000 autres sont plus ou moins grièvement blessés.
Posséder et porter une arme est un droit figurant dans la Constitution américaine, c'est le fameux deuxième amendement. Ce droit fédéral est ensuite géré par chaque Etat comme il l'entend. Il existe dans ce pays un très puissant lobby, qui défend avec vigueur ce droit à posséder une arme. Un de leur principaux arguments est, bien sûr, d'assurer sa sécurité en se défendant.
Les opposants aux armes à feu parlent des dégâts, des vies brisées, de familles ravagées. De l'âge des victimes, mais aussi de l'âge des auteurs, quand les armes, mal rangées, pas cachées, chargées, sont manipulées par des enfants.
Une association a créé une (fausse) armurerie à New York, et y a accueilli les clients éventuels.
Des armes avec une histoire
Au début de la vidéo, le texte dresse un état des lieux. Traduction:
Plus de 60% des Américains pensent qu'avoir une arme sécurisera leur vie. En réalité, posséder une arme augmente le risque d'homicide, de suicide ou de tir accidentel. Cette armurerie compte des centaines d'armes et chacune a une histoire. Des caméras ont été dissimulées pour saisir la réaction des acheteurs.
Après avoir demandé le motif de l'achat et s'être vu répondre quasiment systématiquement «sécurité»,«protection», le commerçant vante les qualités d'une arme. Puis, dans un deuxième temps, il raconte son histoire: «Un enfant de 5 ans l'a trouvée dans la chambre de ses parents et à tué son petit frère de 9 mois.»
«Celui-ci est très maniable, facile a utiliser. Après avoir tué sa mère, qui collectionnait les armes, «il»s'en est servi à Sandy Hook (école primaire où un jeune à tiré sur enfants et enseignants, NDLR), 26 morts dont 20 enfants, partis, comme ça ! » (claquement de doigts).
«Alors qu'elle faisait ses courses à Walmart (supermarché américain, NDLR) avec son fils de 2 ans, le petit a fouillé dans son sac à main et l'a tuée avec l'arme chargée qui s'y trouvait.»
«A San Diego, il en a tué 21 et blessé 19» (Un homme à tiré avec quasiment tout ce qui existait comme arme à feu, dans un MacDonald, en 1984, NDLR).
«Ils croyaient protéger leur enfant de 9 mois, elle pensait protéger son petit de 2 ans.»
Ils sont entrés dans le magasin pour acheter leur première arme et voilà comment ils en sont sortis :
«J'ai été très impressionné par l'histoire de chaque arme»,
«Je n'en acheterai jamais» (bis),
«C'est un de nos droits d'avoir une arme, mais mon opinion vient de radicalement changer. Je ne me sens pas en sécurité avec une arme»,
«Je ne veux pas être la femme de Walmart».
«Chaque arme a une histoire, ne la laissez pas se répéter», dit encore la vidéo.
Et pourtant...
Le lobby pro-arme ne se rend pas et tente dans différents Etats d'élargir les prérogatives des détenteurs de permis de port d'arme. Il y arrive. Ainsi, à partir du 1er août 2016, s'ils ont plus de 21 ans, les détenteurs de permis de port d'arme pourront accéder à tous les campus du Texas dûment armés, au prétexte de se prémunir contre les actes de tireurs fous, une spécialité bien américaine. D'autres universités, à l'inverse, essayent d'interdire les armes à feu dans leur enceinte.
Pour l'instant, huit Etats ont voté l'autorisation des armes dans les universités, 19 les ont interdites et 23 autres laissent les universités se positionner comme elles le veulent.
Les armes ne semblent pas en passe de reculer...
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