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Etats-Unis : une mortalité maternelle en constante augmentation

Une nouvelle plutôt surprenante, sinon inquiétante, est venue des Etats-Unis. Le taux de mortalité maternelle au cours de la grossesse ou de l’accouchement est en hausse. Alors que ce taux est en constante régression dans les pays occidentaux et dits «riches», à l'inverse, aux Etats-Unis, il est en constante augmentation.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Examen d'une femme enceinte (Alice S. / BSIP)

Le taux de décès des femmes enceintes ou accouchant (ce nombre prend en compte les femmes jusqu’à 42 jours après l’accouchement) est passé de 8 décès pour 100.000 naissances (vivantes) en 1987 à 18,5 pour 100.000 naissances en 2013.

Chaque Etat comptant et répertoriant la mortalité à sa façon, il se peut que le total soit en réalité supérieur. Quoi qu'il en soit, il place les Etats-Unis dans le groupe des huit pays, parmi lesquels on trouve l’Afghanistan ou le Soudan, dont la courbe du taux de décès maternel évolue au lieu de diminuer…
 
Plusieurs hypothèses
Différentes explications ont été avancées, selon The Economist, certaines un peu faciles comme le système de comptage qui aurait changé, d’autres plus surprenantes comme l’ajout d’une rubrique «grossesse» sur les certificats de décès qui, du coup, répertorient toutes les femmes enceintes décédées, même si la grossesse ou l’accouchement ne sont pas les causes directes de la mort. D’autres avancent l’hypothèse que des femmes plus âgées qu’auparavant démarrent des grossesses, qui se révèlent nettement plus à risques que celles de femmes plus jeunes.
 
Le seul problème face à ce dernier argument, est que le phénomène des grossesses tardives existe aussi en Europe qui garde un taux de mortalité, lié à la grossesse, en baisse.
 
Des causes multiples
Il semblerait que les raisons de cet état de fait soient multiples, à commencer par le rapport entre pauvreté et soins. Sont concernées 22% des femmes blanches contre 40% des Afro-Américaines. Ces dernières sont plus confrontées à la pauvreté, à des grossesses surprises non désirées et ne bénéficient pas d’une couverture de santé correcte. Le manque de moyens provoque un mauvais état de santé général dû, entre autres, à une mauvaise nutrition. Ces femmes présentent des problèmes de surpoids pour ne pas parler d’obésité, qui peuvent engendrer de l’hypertension, du diabète ou des problèmes cardiaques. Autant de complications médicales qui peuvent se révéler fatales aux femmes enceintes.
 
Le recours un peu trop systématique à la césarienne a aussi été invoqué comme cause possible de cette hausse de la mortalité. L’utilisation de cette pratique chirurgicale a augmenté de 21% depuis 1996, et les risques de complications postnatales avec. Même si la césarienne n’explique pas tout, les autorités médicales visent à rendre cette pratique plus ciblée et moins généralisée et recommandent de l'éviter quand l’accouchement ne le nécessite pas.

Inverser la tendance
Huit Etats considèrent qu’il n’y a pas de fatalité et que les raisons de ces mauvais chiffres doivent être combattues. D’autant qu’une étude a démontré que 40% de ces décès auraient pu être évités. La Californie (lien en anglais), l’un de ces huit Etats , s’est attaquée à deux grosses causes de décès maternel, la pré-éclampsie et les hémorragies consécutives à la délivrance. Elle a ainsi fait passer son taux de mortalité des femmes en couches de 17 décès pour 100.000 accouchements en 2006 à 6 pour 100.000.
 
Forts de ces résultats très positifs dans les Etats qui s’y sont confrontés, les autorités fédérales et les professionnels de santé ont décidé de s’en inspirer pour agir contre ce fléau. Mais ce qui semble être une des principales causes de morts, c’est le mauvais état de santé général des femmes, à fortiori en début de grossesse. Ne bénéficiant que d’une couverture médicale réduite (elles la perdaient 60 jours après leur premier accouchement), elles ne sont pas bien surveillées médicalement en suivi de couches. Si elles entament alors une seconde grossesse, déjà carencées et fatiguées, elles peuvent alors développer de gros problèmes au cours de la gestation.
 
L’espoir de réelle amélioration réside dans la généralisation de la couverture santé Medicaid dont bénéficient déjà 29 Etats. Et avec elle, la prévention de problèmes comme l’hypertension ou le diabète. Un espoir de faire baisser ce taux de mortalité maternel particulièrement élevé et indigne d'un pays qui est parmi les plus riches du monde .
 

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