Graines ou petits objets : vous avez reçu un colis de Chine que vous n'avez jamais commandé ? Attention à l'arnaque du "brushing"
Depuis quelques mois, des colis mystérieux jamais commandés et reçus par des particuliers ont été signalés par des Français aux autorités, qui appellent à la plus grande prudence.
Graines de melon, de menthe, de concombre, petits jouets, babioles en tout genre : ces petits objets, souvent d'origine chinoise, ont atterri en nombre ces derniers mois dans les boîtes aux lettres de Français, au mieux circonspects, au pire franchement inquiets, car ils n’avaient… rien commandé du tout. À Lille, dans les Hauts-de-France, Enzo Deschaux, 22 ans, a ainsi reçu l’un de ces étranges envois. "J’étais chez mes parents, et j’ai reçu ce colis qui ressemblait à ceux que je reçois habituellement lorsque je réalise des achats sur internet, se souvient l’étudiant en communication. Ce qui a attiré mon attention, c’est qu’il n’y avait pas mon nom sur l’adresse du destinataire, mais juste la lettre K."
Ptdr j’ai reçu un courrier par la poste alors qu’on avait rien commandé, l’adresse est pas la bonne (il y a un 3 en trop) le numéro de téléphone est à personne de ma famille, il y a pas de nom et dedans il y a littéralement que ça ? Quelqu’un peut m’expliquer là? pic.twitter.com/pcGBf2KmF5
— enzo pop culture syhtams (@EnzoCamping) August 24, 2020
Dans le paquet qu’ouvre le Lillois, une enveloppe à bulles, avec à l’intérieur une simple feuille blanche et des œillets, comme ceux utilisés pour les classeurs.
C’était bizarre, il n’y avait pas d’expéditeur, juste le nom d’une plateforme logistique en Angleterre…
Enzo Deschauxà franceinfo
Le temps de l’étonnement passé, certains, comme le département de l’Agriculture américain, suggèrent sérieusement la piste d’un "brushing scam", dite aussi "technique du brushing".
Cette dernière consiste, pour un opérateur malveillant, à expédier des fausses commandes en ligne à des particuliers, de façon à générer des appréciations (positives) de clients sur les plateformes de vente en ligne, une opération souvent conditionnée à la bonne réception du colis. Votre adresse est récupérée à votre insu, le colis envoyé. La bonne expédition de ce dernier est confirmée par la plate-forme logistique, et celui qui se fait passer pour le destinataire peut ainsi mettre une bonne note au site de e-commerce et faire grossir, au passage, son volume de ventes. Il aide ainsi le site à acquérir une image de fiabilité, frauduleusement.
Attention avec les graines : ne les semez pas
En Australie, en Israël, au Canada et aux Etats-Unis, les autorités alertent sur ces envois non désirés, majoritairement de provenance chinoise, notamment lorsqu’ils contiennent des graines.
Fin juillet, des sachets de semences non sollicités, en provenance de Chine, ont été reçus par des particuliers
— Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation (@Agri_Gouv) August 21, 2020
➡Ces semences d’origine inconnue peuvent être vectrices de maladies non présentes sur le territoire ou s’avérer être des plantes invasiveshttps://t.co/v5gddapOv5 pic.twitter.com/nEgbDhjfoo
"Des personnes vivant en France viennent de faire part de situations identiques, prévient ainsi de son côté le ministère de l’Agriculture dans un communiqué. Ces semences d’origine inconnue peuvent être vectrices de maladies non présentes sur le territoire français ou s’avérer être des plantes invasives. C’est pourquoi il est essentiel de ne surtout pas les semer."
"Notre recommandation de ne pas semer ces graines a été donnée par précaution, pour éviter que ces graines, dont l'origine demeure incertaine, ne contribuent à propager d'éventuelles maladies ou des plantes envahissantes, si les personnes les sèment", explique le ministère de l’Agriculture à franceinfo, qui indique avoir comptabilisé une trentaine de retours de particuliers à ce stade. "Nous allons faire en sorte de récupérer des échantillons en vue d'analyser, si nécessaire, le contenu des sachets, poursuit le ministère. La priorité, pour nous, consiste à alerter/informer les particuliers afin que, par précaution, ils ne sèment pas des graines qu'ils ont reçues alors qu'ils ne les avaient pas commandées."
Le ministère invite les destinataires de ces colis à envoyer des photos des bordereaux d’envois des colis à la Brigade nationale d’enquête vétérinaire et phytosanitaire à l’adresse bnevp.dgal@agriculture.gouv.fr, aux fins d’enquête.
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