Après le succès d'une série Netflix sur les frères Menendez, la justice américaine ouvre la voie à leur possible libération
C'est une affaire médiatique qui pourrait rebondir grâce à une série. Le procureur de Los Angeles a ouvert la voie, jeudi 24 octobre, à une possible libération conditionnelle des frères Menendez, condamnés en 1996 après avoir avoué le meurtre de leurs parents en 1989. Le succès de Monstres : L'histoire de Lyle et Erik Menéndez, une série mise en ligne par Netflix en septembre, avait remis en lumière cette affaire qui avait choqué les Etats-Unis.
Le parquet va demander à un juge de réexaminer leur condamnation, ce qui pourrait "les rendre éligibles à une libération conditionnelle", a expliqué le procureur George Gascon. A leur procès, Lyle et Erik Menendez avaient reconnu avoir tué leurs parents, mais aussi affirmé avoir été violés pendant des années par leur père.
Le rôle des violences sexuelles dans l'affaire reconsidéré
Selon le procureur, la récente série les concernant a poussé le parquet à reconsidérer cette affaire avec un œil neuf, dans un monde où le mouvement #MeToo a changé la perception des victimes d'agressions sexuelles. "Je pense que souvent, pour des raisons culturelles, nous ne croyons pas les victimes d'agressions sexuelles, qu'il s'agisse de femmes ou d'hommes", a développé George Gascon.
L'assassinat en 1989 de José et Mary Louise Menendez dans leur maison huppée de Beverly Hills avait fait l'objet d'une véritable frénésie médiatique aux Etats-Unis. Le procès des deux fils avait été retransmis quotidiennement à la télévision, une nouveauté à l'époque, avant même que celui du footballeur américain O.J. Simpson ne s'impose comme le "procès du siècle", avec ses caméras dans la salle d'audience.
De nouveaux éléments ont fait surface
Agés de 18 et 21 ans au moment des faits, les deux frères n'avaient pas été condamnés en première instance : le jury n'avait pas réussi à atteindre l'unanimité nécessaire pour rendre un verdict. En 1996, un deuxième procès a abouti à leur condamnation à la perpétuité incompressible, pour meurtre avec préméditation, après que le juge a refusé d'examiner de nombreux éléments relatifs à leurs accusations d'agressions sexuelles. Les procureurs les avaient accusés d'avoir assassiné leurs parents afin d'hériter de leur fortune de 14 millions de dollars.
José Menendez avait fait fortune en devenant vice-président de la société de location de voitures Hertz, puis directeur des opérations du label de musique RCA. Après le crime, ses deux fils avaient eux-mêmes appelé la police. Ils avaient d'abord mis le meurtre sur le compte de la mafia, en affirmant que la pègre en voulait à son père. Mais les enquêteurs avaient rapidement détecté des failles dans leur version et décortiqué leur train de vie, devenu follement dispendieux. Une dénonciation avait révélé l'aveu du meurtre, fait lors de séances enregistrées chez un psychothérapeute.
La série Netflix a récemment relancé l'intérêt pour cette affaire, attisant des débats sur les réseaux sociaux et une large mobilisation en ligne en faveur des deux frères, détenus depuis maintenant 35 ans. Le réexamen de leur cas a révélé de nouveaux éléments : une lettre de l'époque où Erik révèle les agressions sexuelles de son père à un cousin avant le meurtre, et le témoignage d'un ex-chanteur de boys band latino, qui explique avoir été drogué et violé par José Menendez dans les années 1980.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.