Mohamed Ali: l'hommage des Africains au «héros» de tout un continent
Messages d'anonymes, de personnalités et de leaders politiques africains témoignent de l'affection d'un continent pour Mohamed Ali, boxeur légendaire et homme de convictions, depuis l'annonce de sa disparition le 3 juin 2016 à l'àge de 74 ans. Ils retracent son histoire africaine marquée par un mythique combat en terre congolaise, «The Rumble in the Jungle (Le combat dans la jungle)».
Tristesse d'apprendre le décès de #MohamedAli, immense champion qui a donné en #Afrique (Kinshasa) le plus grand combat de l'Histoire
— Macky Sall (@Macky_Sall) June 4, 2016
Le «combat du siècle» en Afrique
Après avoir refusé de combattre pendant la guerre du Vietnam en 1967, le boxeur est emprisonné et déchu de son titre mondial. Son statut d'objecteur de conscience l'engage alors dans une bataille juridique qu'il finit par remporter en 1971: la cour suprême des Etats-Unis annule sa condamnation.
Cependant, c'est en Afrique qu'il signe sa renaissance sportive sept ans plus tard, à l'invitation du président Mobutu Sese Seko qui veut promouvoir son pays, le Zaïre, actuelle République Démocratique du Congo. Encouragé par ce qui est devenu le cri de ralliement de ses supporters - «Ali Bomayé!» ( signifie «Ali, tue-le!» en lingala, l'un des langues les plus usitées en RDC) -, Mohamed Ali bat par KO, au 8e round, George Foreman le 30 octobre 1974 au stade Tata-Raphaël de Kinshasa. Le boxeur est de nouveau le champion du monde des poids lourds.
As a kid born in Congo nothing made me more proud than the images of Muhammad Ali exhorting in Lingala "Ali Bomaye!" pic.twitter.com/MsOLU6NZvh
— Patrick Gaspard (@patrickgaspard) June 4, 2016
Si son séjour congolais est le plus saillant de ses déplacements en Afrique, comme le note le site d'information ghanéen My Joy Online, sa première rencontre avec le continent s'effectue au Ghana en 1964, première étape d'une tournée africaine qui l'emmène au Nigeria et en Egypte.
C'est à cette visite mémorable pour les Ghanéens que l'actuel dirigeant du Ghana, John Dramani Mahama, fait allusion dans un tweet, au lendemain de la disparition de Mohamed Ali. L'hommage est accompagné d'une photo où l'ancien boxeur arbore fièrement le tissu traditionnel ghanéen, le kente, aux côtés du «père de l'indépendance ghanéenne», Kwame Nkrumah.
Sad to hear the passing of Muhammad Ali. He was our hero and truly 'the Greatest'. pic.twitter.com/hIgHhd0KbX
— John Dramani Mahama (@JDMahama) June 4, 2016
Le «héros» de Nelson Mandela
De Maroc au Soudan en passant par l'Afrique du Sud, il a silloné le continent, souvent pour y délivrer un message de paix. Mohamed Ali y rencontrera d'ailleurs une icône en la personne de Nelson Mandela. Ancien boxeur lui-même, celui qui fut le premier président noir de l'Afrique du Sud après des années de lutte contre l'apartheid, le considérait comme un «héros».
L'athlète, qui s'était exprimé aux Nations unies contre l'apartheid et l'injustice raciale, n'en pensait pas moins de Nelson Mandela. Mohamed Ali disait de lui qu'il était «un camarade combattant de la liberté, aussi bien sur un ring qu'à l'extérieur», rapporte le site d'information sud-africain Southafrica.info
#RIPMuhammadAli #Legend #AliBomaye #NelsonMandela #ThisIsMyANC #ANCGPManifestoLaunch pic.twitter.com/yDPhglTLel
— #MaSisulu100 (@MYANC) June 4, 2016
Les deux hommes, qui s'admiraient mutuellement, se rencontraient régulièrement. Dans un communiqué, la Fondation Mandela a précisé que l'ancien président sud-africain gardait une photo de Mohamed Ali sur son bureau.
«Je suis Africain», avait déclaré Mohamed Ali qui disait se sentir plus «plus libre» en Afrique qu'aux Etats-Unis. En dépit du mal qui le ronge, la maladie de Parkinson détectée en 1984 (trois ans après sa retraite sportive), il continue de défendre les causes qui lui sont chères notamment sur le continent. En 1997, il se rend en Côte d'Ivoire dans le cadre d'une mission humanitaire où il rencontre des enfants libériens mutilés qui ont fui leur pays à cause de la guerre civile.
Son exceptionnel parcours a conduit les responsables musulmans de sa ville natale de Louisville à autoriser son inhumation au septième jour, une entorse aux règles qui prévalent dans l'Islam, une religion qu'il a rejoint en 1964. Au nom de sa foi musulmane, Cassius Clay était devenu Mohamed Ali.
«En raison de qui il est, nous avons plein de motifs pour justifier ce délai», a confié à l'AFP Muhammad Wasif Iqbal, imam de la mosquée du Centre islamique. «Nous n'avons jamais eu de décès dans notre communauté d'une personne qui a eu la vie de Mohamed Ali».
RIP mohamed Ali ..l'Afrique est fier de l'un de son fils
— →DYAD← (@YAO_DJOSSOU) June 4, 2016
«Nous devons permettre aux personnes d'Indonésie, de Grande-Bretagne, du Sénégal ou d'Afrique du Sud, de venir (présenter) leurs condoléances», a précisé Muhammad Babar, un des responsables de la communauté musulmane de Louisville. Les obsèques de celui que l'on avait surnommé «The Greatest (Le plus grand)» ont été célébrées les 9 et 10 juin 2016 dans la cité où il est né.
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