Ouragan Ida : "Le coût global des catastrophes naturelles a été multiplié par 2,5 depuis 1980", selon un spécialiste
Le coût des dommages provoqués par l'ouragan Ida est évalué à 150 milliards de dollars indique Frédéric Leone. Toutefois, explique-t-il, le nombre de décès liées aux catastrophes naturelle "est plutôt stable depuis cinquante ans".
Après avoir frappé le Sud des Etats-Unis, l’ouragan Ida a déversé des torrents de pluies sur New-York dans la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 septembre, faisant au moins sept morts. Cette catastrophe naturelle, qui intervient 20 ans après le traumatisant ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans, aura un coût plus élevé selon Frédéric Leone, invité de franceinfo jeudi.
Pour ce spécialiste des risques naturels à l’université Paul Valéry de Montpellier et co-auteur du livre "Gérer les risques naturels : pratiques et outils" (Presses universitaires de la Méditerranée), l’ouragan Ida a frappé "un corridor très urbanisé et industriel" de la Louisiane, ce qui peut expliquer ce surcoût.
franceinfo : Le coût financier de l’ouragan Ida risque d’être beaucoup plus élevé que celui de l'ouragan Katrina, pourtant bien plus meurtrier, comment l'expliquer ?
Frédéric Leone : Je confirme que le coût humain est plutôt stable depuis cinquante ans, ce qui est révélateur de la politique de prévention à l'échelle internationale. Sur le plan économique, effectivement, on peut voir que le coût global des catastrophes naturelles a été multiplié par 2,5 depuis 1980. C'est énorme, c'est une progression quasiment exponentielle. Pour l'ouragan Ida, il semble que nous allons dépasser le coût de Katrina qui s'élevait à 125 milliards de dollars de dégâts. Pour Ida, cela va coûter environ 150 milliards de dollars, selon les premières estimations uniquement basées sur des biens assurés.
Qu'est-ce qui rentre en compte dans le calcul de ce coût ?
Il y a les dégâts, mais également les pertes indirectes, c'est-à-dire les pertes d'activité, d'emplois. Ces pertes sont plus difficiles à chiffrer. Ce surplus de coût, par rapport à Katrina, est aussi lié à la géographie des lieux. Les destructions avec l'ouragan Ida se situent sur un corridor très urbanisé et industriel en Louisiane, entre la Nouvelle Orléans et la ville de Bâton-Rouge. Dans cette zone se trouvent trois des plus grands ports américains, des complexes pétrochimiques, et donc forcément cela rajoute au coût. Une autre raison pour laquelle ce coût global augmente, c'est le processus d'enrichissement de la planète, de concentration de biens à haute valeur ajoutée.
Quelle est la leçon à tirer d'une telle catastrophe ?
Cela nous rappelle que la catastrophe est avant tout une construction sociale, ce n'est pas qu'un phénomène "naturel". Cela doit nous rappeler que l'effort de prévention doit porter sur tous les points de vulnérabilité, sur tous ces enjeux exposés. Avec cet exemple, on voit bien qu'un cyclone d'une intensité extrême, mais qui n'est pas un phénomène nouveau, entraîne des coûts considérables. On se dirige vers des tendances exponentielles en matière de coût. Mais sur le plan humain nous sommes un peu plus optimistes. Notamment grâce à des progrès au niveau des comportements, même s'il y a encore de grandes disparités au niveau mondial et géographique.
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