Plan climat : Obama contourne l'obstacle Républicain
A quatre mois de la conférence de Paris, la contribution américaine sur le climat se précise. La Maison Blanche a publié lundi 3 août 2015 un plan d’action qui impose aux centrales électriques du pays une réduction de 32% de leurs émissions de gaz carbonique. De nouvelles règles encouragent le passage aux énergies solaires et éoliennes aux dépens du charbon. Aujourd’hui les 500 centrales au charbon que comptent les USA produisent 37% de l’électricité du pays.
Un tournant dans la politique de l’administration américaine
Face à la ferme opposition du Congrès contrôlé par les républicains, Barack Obama a donc décidé d’utiliser le seul instrument disponible, la loi sur la pureté de l’air (clean Air Act) dont l’application dépend de l’Agence pour la protection de l’environnement. Le « clean power plan » ne sera pas soumis au vote du congrès.
Elus républicains, groupes industriels et Etats charbonniers sont montés au créneau. Le lobby du Charbon, l’Association nationale minière, annonce qu’elle va contester le plan devant la justice fédérale.
Le sénateur du Kentucky, chef de la majorité républicaine au Sénat, a appelé les gouverneurs à ne pas appliquer ce plan. Quant aux prétendants à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016, tous dénoncent « une guerre contre le charbon », « un projet abusif et irresponsable ». Les républicains aujourd’hui majoritaires au Congrès, espèrent bien revenir à la Maison Blanche en 2016 pour torpiller le plan Obama.
Des liens étroits existent entre industries pétrolières et élus républicain. La moitié du gouvernement de George W. Bush était issu des grandes multinationales du pétrole. 70% des sénateurs républicains sont aujourd’hui encore ouvertement climato-sceptiques. Les lobbies du pétrole et du charbon financent en partie leurs campagnes électorales, 150 millions de dollars en 10 ans selon l’association Green Peace. Parmi les plus gros donateurs le pétrolier Exxon Mobil et les patrons de Koch Industrie.
Conférence climat
Lors des précédentes conférences internationales sur le climat, Kyoto en 1997 et Copenhague en 2009, les Etats-Unis ont bloqué tout accord contraignant. George W.Bush refusa de présenter le protocole de Kyoto devant le congrès pour ratification, considérant que cela pourrait freiner
l’économie américaine. Les Etats-Unis étaient alors les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre devant la Chine.
Lors de son premier mandat, Barack Obama proposa le Cap and Trade Act, une loi instaurant un marché d’émissions de gaz à effet de serre. Mais le texte qui aurait pénalisé les grands pollueurs, sera retoqué en juillet 2010, par le Sénat acquis aux républicains.
Le «clean power plan» est un pas important mais son impact sera toutefois limité. Les centrales électriques sont ciblées mais elles ne représentent que 32 % des émissions américaines de gaz à effet de serre. Ni les transports, ni l’industrie n’ont été évoqués à ce jour par le président Obama. L’engagement américain est donc encore très modeste comparés aux 40% de baisse annoncée par l’Union Européenne. Cet « engagement américain sans précédent » paraît insuffisant à quelques mois de la conférence internationale sur le climat dont l’objectif affiché est de stabiliser la hausse des températures à 2 degrés.
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