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Pour la CIA, le recul du leadership américain accroît le risque de conflits

Une Amérique qui se replie, une Europe menacée d’éclatement. La Russie qui profite de cette nouvelle donne pour restaurer son statut de grande puissance au Proche-Orient et en Ukraine. La chine qui pousse ses pions en Asie. Le monde de l'ère Trump devra faire face à un risque croissant de conflits et à un recul de la démocratie, prévient un rapport du renseignement américain.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
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Le 9 mai 2016, défilé militaire à Moscou pour l'anniversaire de la victoire dans la Seconde guerre mondiale. (Reuters / Ria Novosti)

Concurrence géopolitique en vue!
La Chine et la Russie chercheront à profiter d’un leadership américain affaibli pour pousser leurs pions et assurer leur zone d'influence en Asie et en Europe, affirme un rapport du renseignement américain intitulé Tendances globales: paradoxe du progrès. «Pour le meilleur ou pour le pire, le paysage mondial qui émerge pousse vers la fin de la domination américaine.»
 
Après l’échec américain en Irak, l’heure est au repli permis par la montée du pétrole de schiste américain. Les Etats-Unis ne sont plus intéressés à jouer les gendarmes au Proche-Orient. Le nouvel isolationnisme américain laisse un vide, vite comblé par la Russie, la Chine ou l'Iran.
 
Profiter du repli américain
A moyen terme, la montée économique de la Chine et le réarmement de la Russie risquent d’augmenter les tensions. La Chine comme la Russie veulent élargir leur zone d’influence. Pékin considère la présence continue de la marine américaine dans le Pacifique occidental, et la protection américaine de Taïwan, comme dépassée.

Un char ukrainien à un check-point de l'armée régulière, à moins de 50 kilomètres de Donetsk. (GENYA SAVILOV / AFP)

«Les tensions croissantes autour de la péninsule coréenne sont susceptibles de déboucher sur une confrontation sérieuse. La poursuite des provocations nord-coréennes, y compris des essais nucléaires et des missiles de longue portée, pourrait déstabiliser la région et inciter les pays voisins à prendre des mesures, parfois unilatéralement, pour protéger leurs intérêts sécuritaires.»
 
Retour de la Grande Russie
«De même, la Russie deviendra plus active dans les parties du monde où l'influence américaine recule. La Russie aspire à restaurer son statut de grande puissance par le nationalisme et la modernisation militaire. Malgré une économie en récession, Moscou offre aux Russes la sécurité et la stabilité au détriment des libertés individuelles et du pluralisme.»

«La capacité de Moscou à conserver un rôle sur la scène mondiale est devenue une source de popularité en interne. Le nationalisme russe est fortement ancré dans cette vision. Le président Poutine louant la culture russe comme le dernier rempart des valeurs chrétiennes conservatrices contre la décadence de l'Europe et la marée du multiculturalisme.»

«L'affirmation croissante de la Russie va durcir les positions anti-russes dans les pays baltes et dans d'autres parties de l'Europe, exacerbant le risque de conflit.»
 
«Moscou mettra à l'épreuve la résolution de l'Otan et de l'Europe, cherchant à saper la crédibilité occidentale; Il s'efforcera d'exploiter les scissions entre le nord et le sud de l'Europe, l'est et l'ouest, et de créer un fossé entre les Etats-Unis et l'UE.»
«Plus Moscou retarde la diversification de son économie, plus le gouvernement favorisera le nationalisme et sacrifiera les libertés personnelles et le pluralisme pour maintenir le contrôle.» Un peu partout la démocratie libérale sera en recul.
 
Une Europe menacée d’éclatement
«L'Europe risque d'être confrontée à de nouveaux chocs. Les divisions internes de l'Union européenne, ses problèmes démographiques et ses faibles performances économiques menacent son statut de joueur mondial. La décision du Royaume-Uni de quitter l'UE va miner la position internationale de l’Europe et affaiblir la coopération transatlantique», poursuit le rapport du National Intelligence Council.
 

«Le Brexit encouragera les mouvements séparatistes dans d'autres pays européens. La dette conjuguée au vieillissement de la population va miner la croissance économique, orienter la consommation vers les services  comme les soins de santé  et les détourner des investissements productifs.»
 
«Les tensions et les doutes de l'Europe sur sa future cohésion proviennent d'institutions qui ne correspondent plus à ses défis économiques et de sécurité. Une Europe sans fiscalité ni défense commune. Une Europe endettée, et sans croissance, confrontée à une immigration non contrôlée et à un chômage important risque de laisser place à une préférence pour des solutions nationales aux problèmes.»
 
Le président élu Donald Trump, qui prend ses fonctions le 20 janvier 2017, héritera également de quelques dossiers brûlants: le conflit en Syrie, la rivalité entre Ryad et Téhéran, la lutte contre les groupes terroristes Daech et al-Qaïda, qui est loin d’être terminée, les provocations nord-coréennes, les tensions entre l’Inde et le Pakistan.

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