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Avortement, immigration, Obamacare... "Tout pourrait être repassé à la moulinette des conservateurs" avec la nouvelle juge de la Cour suprême Amy Coney Barrett

Sa nomination par Donald Trump est "un enjeu politique majeur", affirme le spécialiste des USA et maître de conférence, Jean-Éric Branaa.

Article rédigé par franceinfo
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Amy Coney Barrett est, depuis le samedi 26 septembre 2020 soir, la neuvième juge de la Cour suprême américaine. (OLIVIER DOULIERY / AFP)

La nomination de la juge conservatrice Amy Coney Barrett par Donald Trump pour la Cour suprême des États-Unis est "un enjeu politique majeur", explique le spécialiste des USA et maître de conférence à l'université Assas-Paris II, Jean-Éric Branaa dimanche 27 septembre sur franceinfo. "Le calendrier [politique] s'accélère de façon brutale", alors que la présidentielle américaine se tient le 3 novembre, analyse l'auteur d'une biographie à paraître sur Joe Biden.

franceinfo : Sur quelle ligne se situe la juge Amy Coney Barrett ?

Jean-Éric Branaa : Elle défend des idées très concervatrices. Elle fait partie de ces groupes qui veulent avoir une lecture littérale de la Constitution et qui pensent que Donald Trump est dans le juste dans ce qu'il avance depuis quelques années, c'est-à-dire mettre en avant le programme républicain.

Sa nomination est-elle un moyen de défendre le deuxième amendement de la Constitution, à savoir le droit de porter une arme, comme le soutient le président américain ?

C'est une réalité. D'ailleurs l'année dernière, il y a eu une décision dans ce sens-là. La juge Barrett a estimé que quelqu'un qui était arrêté ou qui sortait de prison mais n'avait pas commis un crime de sang, ne devait pas se voir interdit de porter une arme, car ce n'était pas écrit dans la Constitution et qu'il n'y avait aucune raison de rajouter cette clause alors que la Constitution ne le prévoyait pas. Elle va très loin dans sa lecture très rigoriste de cette Constitution.

Si sa nomination est validée, la Cour suprême sera constituée de six juges conservateurs et de trois juges progressistes. Qu'est-ce que ça va changer pour les États-Unis ?

L'équilibre entre les progressistes et les conservateurs était maintenu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. On avait toujours le même équilibre - 5 conservateurs ou progressistes contre 4 progressistes ou conservateurs - avec plutôt des positions assez centristes de la part de cette cour.

Cette fois-ci, on va avoir un coup de balancier très fort du côté des conservateurs, ce qui veut dire que même John Roberts, le président actuel de la cour, qui s'est comporté de manière très modéré jusqu'à maintenant, va être ramené dans le giron des conservateurs parce qu'il va être noyé dans la masse. 

Jean-Éric Branaa, spécialiste des USA

à franceinfo

Ce qui veut dire des questions très problématiques comme celle de l'avortement, mais également la question de l'immigration sur laquelle cette juge a une lecture très rigoriste qui ressemble à celle de Donald Trump, à savoir que le droit du sol n'est pas inscrit dans la Constitution. Il y a aussi la question de la santé qui arrive devant cette cour dès le 10 novembre, avec la remise en cause de l'Obamacare. Tout cela pourrait être repassé à la moulinette des conservateurs et revu totalement différemment, ce qui posera de vrais problèmes à Joe Biden si par exemple il était élu président en novembre.

Le Sénat doit maintenant valider ou non cette nomination. Est-ce un véritable enjeu politique ?

C'est un enjeu politique majeur et c'est vrai que le calendrier s'accélère de façon brutale. Dès le 12 octobre, il va y avoir les premières auditions du président de la commission judiciaire du Sénat. D'habitude, il faut six à huit semaines pour qu'il y ait de premières auditions, donc on va vraiment très très vite. Il y a même une date qui est déjà annoncée pour le vote en plénière, pour sa confirmation formelle, qui serait le 29 octobre, c'est-à-dire quatre jours avant le vote pour la présidentielle. Reste à savoir si maintenant les républicains vont tenir ce calendrier parce que les démocrates vont faire autant d'obstructions qu'ils le peuvent. Mais rappelons que Donald Trump est dans son droit pour cette nomination puisque la Constitution lui donne ce droit-là, qu'il est toujours président et que donc pour lui il n'y a aucune raison que ça se passe autrement.

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