Chine, Israël-Palestine, agressions sexuelles, médias... Donald Trump fait le show en conférence de presse à l'ONU
Très attendu par les journalistes, le président américain ne les a pas déçus lors d'une de presse en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, mercredi à New York. Florilège.
"Finalement, Donald Trump a été très sage." Sous couvert d'anonymat, un diplomate commente la prestation du président des Etats-Unis au Conseil de sécurité des Nations unies à New York (Etats-Unis). C'est que le chef d'Etat américain a visiblement préféré se donner en spectacle devant les médias lors de sa conférence de presse en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, mercredi 26 septembre. "Quelle foule ! Waouh ! Il y a beaucoup de monde, beaucoup de médias", s'est-il extasié en saisissant le micro.
Donald Trump a profité de cette tribune pour régler quelques comptes avec les journalistes présents. Il a aussi abordé de nombreux sujets comme l'affaire Kavanaugh, les relations avec la Chine et la Corée du Nord ou encore la situation au Proche-Orient. Franceinfo vous résume cette étonnante conférence de presse.
Il pourrait lâcher le juge Brett Kavanaugh, "un gentleman" accusé d'agressions sexuelles
Donald Trump était particulièrement attendu sur l'affaire Brett Kavanaugh qui secoue les Etats-Unis. Ce juge, qu'il a choisi pour siéger à la Cour suprême, mais dont la nomination doit encore être validée par le Congrès, est accusé d'agressions sexuelles par trois femmes. L'une d'entre elles doit témoigner au Sénat jeudi, ce qui pourrait influencer la position du président américain. A la veille de cette audition très attendue, ce dernier a concédé qu'il pourrait ne plus le soutenir "s'[il] pensait qu'il était coupable de quoi que ce soit". "Il est possible que je change d'avis" après avoir entendu Christine Blasey Ford, l'une de ses accusatrices, a-t-il affirmé.
Le président américain a tout de même précisé que le juge Kavanaugh est "un gentleman et un intellectuel formidable", victime d'une "belle grosse arnaque" fomentée par les démocrates. Il a également fait le lien avec sa propre expérience qui biaise, selon lui, le regard qu'il porte sur cette affaire. "J'ai été accusé par quatre ou cinq femmes qui ont reçu beaucoup d'argent pour inventer des choses sur mon compte, a-t-il assuré. Donc, quand vous dites que cela affecte ma façon de voir l'affaire Kavanaugh, c'est exact."
Il "aime bien la solution à deux Etats" au Proche-Orient
Lors de cette conférence de presse, Donald Trump a pris position, pour la première fois, pour une solution à deux Etats pour mettre fin au conflit israélo-palestinien. "J'aime bien la solution à deux Etats, a-t-il lancé. Cela marche mieux parce que chacun gouverne de son côté." Il est même allé plus loin en donnant un calendrier pour la présentation de cette proposition de paix. "Dans les deux, trois ou quatre mois", a évoqué Donald Trump, qui rêve d'aboutir à "l'accord ultime" entre Israéliens et Palestiniens, quand tous ses prédécesseurs ont échoué.
Il devra néanmoins convaincre les Palestiniens de revenir s'asseoir à la table des négociations. En effet, depuis que l'administration américaine a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël à la fin 2017, les Palestiniens ont gelé leur contact avec l'Etat hébreu. Une situation qui n'inquiète pas Donald Trump qui se dit convaincu "à 100%" que les négociations vont reprendre.
Il a critiqué le Canada, qui a "mal traité" les Etats-Unis
Lors de cette conférence de presse, Donald Trump s'en est aussi pris à Justin Trudeau. Il a affirmé avoir éconduit le Premier ministre canadien qui avait demandé une rencontre bilatérale. La raison ? Le Canada aurait "mal traité" les Etats-Unis. Une information démentie par l'entourage du chef de gouvernement canadien. "Aucune réunion n'a été demandée", a répondu le bureau de Justin Trudeau, se refusant à plus de commentaires.
New: Trudeau spokesperson suggests Trump was lying when he said he turned down a meeting with Trudeau.
— Daniel Dale (@ddale8) 26 septembre 2018
"No meeting was requested," Cameron Ahmad says.
Ces déclarations ont confirmé les difficultés entre les deux pays, alors que Donald Trump a également tapé sur le traité commercial Aléna qui lie les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. "Je n'aime pas l'Aléna. Je ne l'ai jamais aimé. Il a été très mauvais pour les Etats-Unis. Il a été très bon pour le Canada. Il a été très bon pour le Mexique. Très mauvais pour nous", a-t-il déclaré.
Il a évité une guerre avec la Corée du Nord et des "millions" de morts
Donald Trump s'est vanté d'avoir évité une guerre avec la Corée du Nord. "Si je n'avais pas été élu, ce serait la guerre. Il y aurait eu une guerre, pas avec des milliers de morts, mais des millions et personne ne le dit", a-t-il affirmé. Les relations entre son prédécesseur, Barack Obama, et le dictateur nord-coréen, Kim Jong-un, étaient au point mort. Son élection a tout changé. "Kim Jong-un m'aime bien, je l'aime bien, il vient de m'écrire deux magnifiques lettres", a-t-il avancé.
Donald Trump a toutefois refusé de fixer une échéance pour la dénucléarisation de la Corée du Nord. "Je ne veux pas rentrer dans ce jeu-là. Si ça prend deux ans, trois ans, ou cinq ans... Ça n'a pas d'importance", a-t-il expliqué, alors que son secrétaire d'Etat Mike Pompeo a fixé l'échéance de janvier 2021.
Il a peut-être perdu un "ami", Xi Jinping
Donald Trump a estimé mercredi lors de cette conférence de presse que son homologue chinois Xi Jinping "n'est peut-être plus mon ami, mais je pense qu'il me respecte". Le locataire de la Maison Blanche a accusé la Chine de s'immiscer dans la politique américaine et de vouloir sa défaite aux élections, en raison de sa fermeté sur les échanges commerciaux.
"Malheureusement, nous avons découvert que la Chine essaye d'interférer dans les élections de novembre 2018, a-t-il déclaré. Ils ne veulent pas que je gagne, ou que nous gagnions, parce que je suis le premier président à défier la Chine sur les échanges", a-t-il ajouté. Pékin s'est défendu de toute ingérence, mais Donald Trump a assuré qu'il avait des preuves, qui "vont sortir" publiquement.
Les journalistes, ces "imposteurs", en ont encore pris pour leur grade
Donald Trump et les journalistes, c'est une histoire d'amour tumultueuse. Face à certains de ceux qu'ils considèrent comme des ennemis, le président américain s'en est donné à cœur joie. "Les gens savent que vos infos sont fausses et beaucoup d'entre vous sont des imposteurs. ABC, CBS, NBC, le Times, le Washington Post, ils finiront tous par me soutenir, parce que sinon ils ne vendent plus rien. Imaginez si je n'étais pas là", s'est-il emporté.
Trump brusquely tells a female reporter to "sit down" as she tries to ask him about the sexual assault accusations against him. The optics aren't great. pic.twitter.com/phIJHFYce7
— Aaron Rupar (@atrupar) 26 septembre 2018
Il a également recadré une journaliste de CBS à la Maison Blanche, Weijia Jiang, qui cherchait à l'interroger sur le mouvement #MeToo et sur les accusations dont il a lui-même été l'objet par le passé. Après un long monologue, Donald Trump a été relancé par la journaliste qui tentait d'obtenir une réponse. Celle du président américain, cinglante, a fusé : "Ça fait dix minutes que vous posez la même question, alors s'il vous plaît, asseyez-vous. S'il vous plaît !"
Trump addresses a reporter as "Mr. Kurd" pic.twitter.com/fiYhHODYaE
— Deena Zeina Zaru (@Deena_Zaru) 26 septembre 2018
Ces joutes verbales ont visiblement plu au président américain, qui était très enthousiaste à la tribune des Nations unies : "Je pourrai faire ça toute la journée, on continue ? Allez le New York Times, le mauvais New York Times ! Debout ! Allez-y !" Dernier moment un peu gênant : sa façon de s'adresser à un journaliste kurde qui voulait l'interroger. Donald Trump l'a tout simplement appelé "monsieur Kurde".
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