Donald Trump n'a pas grâcié les membres de sa famille, ni lui-même : "Cela aurait ajouté une provocation de trop", relève Jean-Éric Branaa
Tout le monde guettait une dernière "provocation" de Donald Trump, celle de se grâcier lui-même ou de grâcier son fils aîné. Il ne l'a pas fait et Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis, estime que c'est "plutôt à son honneur".
À quelques heures de l’investiture de Joe Biden, le président Donald Trump a gracié 73 personnes et a commué les peines de 70 autres, dont son ancien conseiller Steve Bannon. "Il n'accorde pas de grâce, d'immunité préventive, aux membres de sa famille" alors que c'était "facile" pour lui de le faire, a expliqué mercredi 20 janvier sur franceinfo Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis, maître de conférences à l’université Assas-Paris II. C'est plutôt "à l'honneur" du président américain, estime Jen-Éric Branaa. En décembre, Donald Trump avait déjà gracié le père de Jared Kushner, son jeune gendre et conseiller.
franceinfo : Que pensez-vous de ces grâces présidentielles accordées par Donaldu Trump au dernier jour de son mandat ?
Jean-Éric Branaa : Ce que tout le monde a regardé, c'est si Donald Trump allait faire une dernière provocation avant de partir en tentant de s'accorder à lui-même la grâce. Il n'est pas allé jusque-là. Mais cela semble logique qu'il ne le fasse pas parce que cela aurait été une provocation de trop. Les sénateurs apprécieraient peu et ils ont le destin de Donald Trump entre leurs mains puisqu'un procès [pour destitution] va s'ouvrir très bientôt.
"Ce qui est intéressant, c'est qu'il n'accorde pas de grâce, d'immunité préventive aux membres de sa famille. Il les laisse se débrouiller alors que des poursuites vont être ouvertes, notamment contre son fils aîné qui dirige le consortium Trump."
Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unisà franceinfo
C'est plutôt à son honneur car c'était facile de le faire. On remarque aussi l'absence de Snowden et Assange dont on a beaucoup parlé sur les réseaux trumpistes ces derniers jours. Il avait annoncé à plusieurs reprises qu'il n'allait pas le faire. Le côté nationaliste est revenu, avec Steve Bannon au premier plan. Ils ont beaucoup échangé par téléphone depuis quelques jours, mais en réalité Bannon n'avait jamais vraiment quitté la sphère trumpiste, on l'avait vu assister à un dîner très important il y a un an et demi de cela.
Que va faire Donald Trump à l'avenir ?
Il voudrait créer son propre parti, le parti des patriotes, c'est une rumeur qui devient très insistante et qui est reprise par plusieurs organes de presse mercredi matin aux États-Unis. Cela paraît assez fou puisque le système américain ne favorise pas l'émergence d'un troisième parti. Il y a aux États-Unis une règle : celui qui est en tête rafle tout ("winner takes all"). Il n'y a donc que deux partis qui peuvent vraiment vivre dans un tel système électoral. Cela voudrait dire que Donald Trump parierait sur la mort clinique du parti républicain, mais à ce moment-là on se demande pourquoi ne pas garder ce parti qui est déjà à sa botte. Les sondages ont arrêté de chuter pour se stabiliser entre 34% et 40%. Cela veut dire que Donald Trump n'a quasiment rien perdu depuis l'élection en dépit de ce déni de reconnaissance de l'élection de Joe Biden et de cette lutte acharnée qu'il a mené contre tout le système électoral américain.
Quelle tonalité doit-on attendre du discours d'investiture de Joe Biden ?
On va parler d'unité. On va avoir la suite de sa campagne. Il a mis en avant l'idée qu'il y avait un ennemi commun le Covid. Il y a quatre crises qu'il faut résoudre. La crise sanitaire, c'est la première urgence, la crise économique, la crise sociale pour les États-Unis et la crise environnementale pour le monde. Voilà les quatre priorités de Joe Biden et c'est ce qu'il va rappeler aujourd'hui sans forcément taper sur le camp d'en face, mais en tendant la main et en disant que c'est tous ensemble que les Américains peuvent se relever.
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