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Election américaine : "Le décompte se fait lentement et produit ce phénomène de mirage rouge, mirage républicain", analyse un spécialiste des Etats-Unis

Simon Grivet, maître de conférences en histoire et civilisation des États-Unis, estime qu'il "paraît difficile que les recours aboutissent en faveur de Donald Trump. Pour l'instant, on n'a pas vu de recours et de contentieux vraiment sérieux".

Article rédigé par franceinfo
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Joe Biden, le 4 novembre 2020. (JIM WATSON / AFP)

Jeudi 5 novembre au matin, le candidat démocrate Joe Biden comptait 264 grands électeurs contre 214 pour Donald Trump. Pour remporter l'élection présidentielle américaine, le gagnant doit totaliser au moins 270 grands électeurs sur 538. "Quand on aura compté tous les bulletins, la victoire de Biden, même si elle est étroite, sera difficilement contestable", a avancé jeudi 5 novembre sur franceinfo Simon Grivet, maître de conférences en histoire et civilisation des États-Unis à l’université de Lille. "Le décompte se fait lentement et produit ce phénomène de mirage rouge, mirage républicain. On croit que les Républicains ont gagné mais quand on compte tous les bulletins ce n'est pas le cas", a estimé Simon Grivet.

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franceinfo : Est-ce inhabituel de faire des recours ?

C'est classique, mais ce qui est nouveau, c'est la masse considérable de bulletins par courrier qui n'ont pas encore été comptés du fait de l'épidémie. C'est ça le paradoxe et l'ironie de l'histoire parce que dans beaucoup d'États ce sont des Républicains qui ont refusé que ces bulletins soient comptés en avance. Donc, le décompte se fait lentement et produit ce phénomène de mirage rouge, mirage Républicain. On croit que les Républicains ont gagné mais quand on compte tous les bulletins ce n'est pas le cas.

Donald Trump discrédite depuis des mois le vote par correspondance. Pourquoi ?

Il veut délégitimer le vote par courrier et maintenant qu'il sent que l'élection est en train de lui échapper, on a des actions un peu spectaculaires qui sentent un peu le désespoir.

Hier soir, son avocat a fait une conférence de presse avec plusieurs enfants de Donald Trump à Philadelphie pour dire que c'est scandaleux, qu'on les empêche d'observer le décompte des voix. Ce n'est pas ce qui se passe. 

Simon Grivet, maître de conférences en histoire et civilisation des États-Unis

à franceinfo

Tous les États qui sont en train de compter font ça de manière très organisée, très stricte, avec des employés des services publics, des observateurs des deux camps et des avocats. Il y a assez peu de risque de fraude.

Quels sont les différents recours possibles selon les États ?

Ce qui est amusant c'est que Donald Trump et son camp demandent des choses contradictoires. En Arizona ou au Nevada, ils demandent de tout compter puisqu'ils sont derrière. Dans le Michigan et surtout en Pennsylvanie, ils veulent arrêter le décompte en disant que les bulletins qui arrivent, qui sont massivement pour Biden, ne sont pas bons. Il y a une grosse incohérence. Du côté, de Joe Biden, il y a beaucoup de sérénité parce qu'il est en tête et sa ligne est très claire, comptons les votes et voyons ce qui se passe. Il paraît difficile que les recours aboutissent en faveur de Donald Trump. Pour l'instant, on n'a pas vu de recours et de contentieux vraiment sérieux.

À quel moment vont commencer les recomptages ?

Cela va commencer dans le Wisconsin.

Si l'écart est de moins de 1%, ce qui pourrait être le cas, il faudra recompter. Cela prendra de 24 à 48 heures. 

Simon Grivet

Il y aura des délais et il n'est pas exclu que, dans une semaine, on y soit encore. Mais il est possible que Biden atteigne la fameuse barre des 270 grands électeurs sans avoir besoin de la Pennsylvanie où les questions de comptage et recomptage seront les plus compliqués. Les procédures locales sont suivies de manière très rigoureuse et quand on aura compté tous les bulletins la victoire de Biden, même si elle est étroite sera difficilement contestable.

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