Etats-Unis : ce que l'on sait des colis explosifs envoyés à la chaîne CNN, Barack Obama, Hillary Clinton et Robert De Niro
Plusieurs colis ont été envoyés à des personnalités démocrates, dont l'ancien président et l'ancienne candidate à la Maison Blanche, ainsi qu'à la chaîne CNN.
Des bombes artisanales en pleine campagne électorale. Des colis piégés ont été adressés, mercredi et jeudi 25 octobre, à Hillary Clinton, Barack Obama, la chaîne CNN et plusieurs personnalités opposées à Donald Trump comme l'acteur Robert De Niro. La Maison Blanche a dénoncé des "actes terrifiants" et "ignobles", dont "les responsables devront répondre devant la justice".
Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de cette affaire.
Les personnes visées sont des opposants au président Donald Trump
L'alerte a été donnée dans la matinée, lorsque le service fédéral chargé de la protection des anciens présidents et de leur famille a annoncé avoir intercepté deux colis contenant "des engins explosifs potentiels" destinés à l'ex-secrétaire d'Etat démocrate Hillary Clinton et à l'ex-président démocrate Barack Obama. Le paquet destiné à la rivale démocrate malheureuse de Donald Trump à la présidentielle de 2016 a été intercepté mardi soir, celui destiné à l'ex-président démocrate Barack Obama mercredi matin, a indiqué le Secret Service.
Peu après, la chaîne d'informations en continu CNN, souvent prise pour cible par Donald Trump qui dénonce sa couverture selon lui pro-démocrate et hostile à sa présidence, annonçait évacuer ses bureaux new-yorkais, situés à Columbus Circle, au cœur de Manhattan, après la découverte d'un colis suspect. La chaîne a indiqué que le paquet avait été adressé spécifiquement à John Brennan, ex-directeur de la CIA et commentateur sur CNN, qui s'est montré très critique envers l'administration Trump.
La tension a tourné à la psychose lorsque la police de Floride a indiqué avoir trouvé un colis suspect près du bureau de l'élue au Congrès américain Debbie Wasserman Schultz. Deux autres personnalités démocrates noires, l'ex-ministre de la Justice d'Obama, Eric Holder, et la députée californienne Maxine Waters, ont aussi été visées par des colis suspects. Le gouverneur démocrate de New York, Andrew Cuomo, qui briguera un troisième mandat lors des élections de mi-mandat, le 6 novembre, a aussi annoncé qu'un engin explosif avait été envoyé à son bureau. L'envoi de ces engins explosifs survient deux jours après qu'une bombe artisanale a été retrouvée dans la boîte aux lettres du domicile du financier George Soros, grand donateur pro-démocrate devenu la cible des complotistes et nationalistes en Europe et aux Etats-Unis. Aucune personne n'a été blessée.
D'autres colis similaires ont été découverts jeudi matin. Un premier a été trouvé au matin au bureau new-yorkais de la société de production cofondée par Robert De Niro, critique notoire de Donald Trump. Un second de même nature a par ailleurs été adressé à l'ancien vice-président démocrate Joe Biden, régulièrement cité comme possible candidat démocrate à la présidentielle de 2020.
Un colis contenait "un engin explosif fonctionnel"
Selon la police, le colis retrouvé dans les locaux de CNN contenait un "engin explosif fonctionnel" et de la poudre blanche. La bombe artisanale, relativement petite, était constituée d'un tuyau d'une dizaine de centimètres de long, enveloppé dans du scotch noir, relié à des fils électriques et à un détonateur, ont rapporté les médias. La poudre se trouvait dans une enveloppe sur laquelle figurait une adresse retour – celle de Debbie Wasserman Schultz – et de nombreux timbres.
Les colis destinés à Barack Obama, Hillary Clinton et George Soros présentaient de fortes similarités, a précisé la police. Personne n'a encore revendiqué l'envoi de ces colis. Mais le responsable du bureau antiterroriste du FBI à New York, Bryan Paarmann, a laissé entendre qu'il s'agissait d'envois coordonnés. "Il semble qu'un ou plusieurs individus ait envoyé plusieurs colis similaires", a-t-il déclaré lors d'un point de presse à New York.
Selon NBC (article en anglais), l'engin explosif envoyé à l'ancien patron de la CIA John Brennan comportait également "une parodie d'un drapeau de l'organisation Etat islamique tiré d'un montage humoristique qui circule dans les cercles de droite sur internet depuis 2014."
Donald Trump est mis en cause pour ses propos contre les médias et ses opposants
Depuis Miami, Hillary Clinton a appelé à faire baisser la température politique, dans un discours retransmis à la télévision. "C'est une période troublante, une période de divisions profondes et nous devons faire tout notre possible pour nous rassembler", a-t-elle déclaré, avant d'appeler à voter pour des candidats "qui feront cela". "Nous traversons une période où les gens ressentent beaucoup de haine dans l'air", a déclaré le maire de New York, Bill de Blasio.
Des responsables démocrates, Chuck Schumer et Nancy Pelosi, ont eux directement attaqué Donald Trump, l'accusant de "cautionner la violence et diviser les Américains". Le président de CNN, Jeff Zucker, s'en est lui aussi pris au président américain, dans des termes plus policés. "Il y a un manque total de compréhension de la part de la Maison Blanche de la gravité de leurs attaques permanentes envers les médias. Le président, et particulièrement le responsable presse de la Maison Blanche, doivent comprendre que les mots ont un sens", a-t-il déclaré.
Statement from CNN Worldwide President Jeff Zucker: pic.twitter.com/OXyIT6oSLT
— CNN Communications (@CNNPR) 24 octobre 2018
Le président américain réitère ses attaques anti-médias et essuie de nombreuses critiques
Dans une courte allocution, le président américain a déclaré que "les actes et les menaces de violence politique n'ont pas leur place aux Etats-Unis d'Amérique". "Dans des moments comme celui-ci, nous devons nous rassembler", a-t-il ajouté. Il a dans le même temps, lors d'un meeting de campagne dans le Wisconsin, appelé les médias à "cesser les hostilités sans fin et les (...) attaques négatives constantes et souvent fausses". Le leader des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a lui appelé "tous les Américains à dénoncer des tentatives d'actes de terrorisme intérieur".
Jeudi, le journaliste de CNN Stephen Collinson a publié un éditorial grinçant pour réagir aux propos de Donald Trump. "Il n'a pas prononcé les noms des victimes. Ou donné le moindre sentiment d'être préoccupé par le fait que certaines personnes puissent voir dans sa rhétorique enflammée un marchepied vers la violence", écrit-il sur le site de la chaîne.
Et le journaliste d'écrire sa crainte pour l'avenir : "Un demi-siècle après une année 1968 faite de sang et de tourment, au cours de laquelle Robert F. Kennedy et Martin Luther King Jr. ont été victimes d'assassinats politiques, la crainte ressurgit de revoir un jour ou l'autre émerger un climat si explosif qu'il produirait une tragédie qui hanterait l'Amérique pour des décennies."
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