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Etats-Unis : la descente aux enfers du ministre de la Justice en quatre actes

Accusé d'avoir menti sous serment sur ses liens avec la Russie, Jeff Sessions est sur la sellette.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le ministre de la Justice, Jeff Sessions, le 2 mars 2017 à Washington (Etats-Unis). (NICHOLAS KAMM / AFP)

La Russie va-t-elle faire une deuxième victime dans l'équipe de Donald Trump ? Après la démission du conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche à la mi-février, c'est au tour du ministre de la Justice, Jeff Sessions, d'être mis en difficulté pour des rencontres avec l'ambassadeur de Moscou. Le président américain a dénoncé, jeudi 2 mars, une "chasse aux sorcières".

Franceinfo reprend le fil de la polémique.

Acte 1 : le "Washington Post" révèle deux rencontres avec l'ambassadeur russe

Tout commence mercredi 1er mars, par un article du Washington Post (en anglais). Le quotidien de la capitale révèle que Jeff Sessions - ancien sénateur et conseille de Donald Trump sur la politique étrangère et d'autres questions durant sa campagne - avait rencontré l'ambassadeur Sergueï Kisliak en juillet et en septembre. Une rencontre qu'il s'est bien gardé de révéler lors de son audition pour le poste de ministre de la Justice devant le Congrès. "Je n'ai pas eu de contacts avec les Russes", avait-il déclaré à l'époque, sous serment.

Cette énième affaire sur les liens entre l'équipe Trump et la Russie alimente les soupçons sur le rapprochement envisagé par le nouveau locataire de la Maison Blanche avec Vladimir Poutine. L'ambassadeur Sergueï Kisliak, qui n'a rencontré aucun membre de l'équipe Clinton, semble avoir assidûment cherché à nouer des liens avec le premier cercle du républicain avant et après l'élection : deux rendez-vous avec Jeff Sessions, des coups de fil avec Michael Flynn, éphémère conseiller à la Sécurité nationale et une rencontre avec le gendre du président, Jared Kushner.

Acte 2 : des démocrates réclament sa démission

L'opposition s'empare rapidement de l'affaire. "Le département de la Justice doit être au-dessus de tout reproche. Pour le bien du pays, le ministre (Jeff) Sessions doit démissionner", déclare, jeudi 2 mars, Chuck Schumer, le leader démocrate au Sénat. Le sénateur de New York demande également la nomination d'un "procureur spécial impartial" pour conduire une enquête sur cette affaire de liens controversés entre l'administration Trump et la Russie de Vladimir Poutine.

Son homologue à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, est sur la même ligne. "Le fait que le ministre de la Justice, le chef de la police dans notre pays, a menti sous serment au peuple américain est un motif de démission", a-t-elle martelé.

Acte 3 : Jeff Sessions confirme et se défend

Quelques heures plus tard, Jeff Sessions contre-attaque lors d'une conférence de presse. "J'ai maintenant décidé de me récuser dans toute enquête en cours ou à venir qui concernerait la campagne présidentielle américaine", a-t-il déclaré pour donner des gages à l'opposition.

Mais, sur le fond, il estime ne pas avoir fauté. Jeff Sessions a expliqué que c'était son rôle de sénateur de rencontrer des diplomates et qu'il avait parlé de "choses normales" avec l'ambassadeur russe. Jeff Sessions a également assuré que s'il avait nié ces contacts avec Moscou c'est qu'il avait été pris de court par la question lors de son audition.

Acte 4 : Donald Trump vole à son secours

Alors qu'il avait accepté la démission de Michael Flynn, Donald Trump défend, cette fois, son ministre de la Justice, un soutien de la première heure. "Jeff Sessions est un honnête homme", a écrit le président américain dans un communiqué jeudi soir, avant de reconnaître qu'il aurait pu répondre "plus précisément" lorsqu'une commission parlementaire l'a interrogé sur ses éventuels contacts avec des responsables russes.

"Mais ce n'était clairement pas intentionnel, poursuit le président. Il n'a rien dit de faux". "Toute cette histoire est une façon de ne pas perdre la face pour les démocrates qui ont perdu une élection que tout le monde pensait qu'ils devaient gagner, accuse encore Donald Trump, assurant que l'opposition a "perdu le sens de la réalité". "La véritable histoire, c'est toutes les fuites illégales d'informations classées et d'autres informations. C'est une véritable chasse aux sorcières !", conclut-il. Politiquement, ce nouvel épisode place Donald Trump sur la défensive, au moment où il veut engager un train de réformes.

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