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États-Unis : "On voit mal comment Donald Trump peut rester en place" après l'intrusion au Capitole, commente un ancien ambassadeur

François Bujon de l’Estang ne voit que l'invocation du 25e amendement de la Constitution américaine pour provoquer le départ de Donald Trump d'ici l'entrée en fonction de Joe Biden, le 20 janvier. En 14 jours, il est impossible de monter une procédure d'impeachment selon lui.

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump, le 6 janvier 2021. (MANDEL NGAN / AFP)

"Nous sommes dans des eaux inconnues, il n'y a pas de précédent", a estimé ce jeudi 7 janvier sur franceinfo, François Bujon de l’Estang, ancien ambassadeur de France aux États-Unis de 1995 à 2002, après l'irruption de partisans de Donald Trump dans le siège du Congrès américain mercredi. Des scènes de chaos qui ont médusé le monde et qui plongent les États-Unis dans l'incertitude. "On ne peut pas vraiment baptiser cela de tentative de coup d'État", mais "on en est très proche", estime-t-il.

franceinfo : Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ?

François Bujon de l’Estang : Il s'est passé une véritable insurrection. C'est une situation insurrectionnelle, en tout cas, qui a été promue, encouragée, incitée par le président des États-Unis. C'est absolument sans précédent. On ne peut pas vraiment baptiser cela de tentative de coup d'État parce que ça n'était pas organisé comme une tentative de coup d'État. Mais on en est très proche.

"C'est un scénario du type de ceux qu'on a pu observer dans quelques républiques africaines ou dans des républiques latino-américaines."

François Bujon de l’Estang, ancien ambassadeur de France aux États-Unis

à franceinfo

Mais à Washington, il n'y a absolument aucun précédent dans l'histoire américaine. La dernière élection dans laquelle vous avez eu une partie du congrès qui s'est déclarée contre le résultat, c'est l'élection d'Abraham Lincoln en 1860 qui a mené, comme chacun sait, à la guerre civile. Mais sinon, pour qu'un lieu aussi emblématique que le Capitole de la démocratie américaine ait été profané comme il l'a été hier soir, il faut vraiment remonter très loin dans l'histoire. Je ne vois que la guerre de 1812 entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, dans lesquels les forces anglaises, effectivement, sont entrées dans la Maison-Blanche et y ont mis le feu.

Donald Trump peut-il rester encore à la Maison-Blanche ?

C'est très difficile. Il y a eu une espèce de rupture qui s'est faite hier entre le fonctionnement normal des institutions démocratiques et le président en place. Il suffisait d'écouter le message vidéo dans lequel il a demandé aux gens de rentrer chez eux tout en continuant à verser de l'huile sur le feu et à parler à la fois de l'affection qu'ils avaient pour eux et de la façon dont l'élection avait été volée. Il continue à dire qu'il a été élu, contre toute vraisemblance par un raz de marée. C'est absolument invraisemblable. On voit mal comment il peut rester en place et continuer d'agir pendant les 15 jours qui viennent. Mais on ne voit pas très bien non plus quelle est la solution. Il a en plus rompu avec le vice-président Mike Pence qui a refusé de se plier à son souhait, de s'opposer à la certification du vote du collège électoral.

Que peut-il se passer maintenant ?

Je ne sais pas. Et personne ne le sait en réalité. Il y a trop peu de temps. 14 jours, ce n'est pas grand-chose pour monter une procédure d'impeachment, c'est tout à fait exclu, hors de question. On pourrait simplement faire jouer le 25e amendement, effectivement, qui n'a jamais été mis en œuvre. Et pour cela, il faudrait que le vice-président Pence prenne l'initiative avec des membres du gouvernement, avec la CIA, avec le FBI, avec des avis médicaux. Là, on pourrait avoir le temps, mais il n'y a pas de précédent. Nous sommes en train de naviguer dans des eaux inconnues.

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