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"Je promène des chiens" : aux Etats-Unis, les fonctionnaires sans salaire se préparent à un deuxième mois de "shutdown"

La paralysie partielle des administrations américaines entrera mardi dans son deuxième mois, sans solution pratique pour les agents touchés et dans l'impasse politique. 

Article rédigé par Grégory Philipps
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une employée fédérale compte les jours de "shutdown" sans salaire à Chicago, le 19 janvier 2019. (WANG PING / XINHUA)

Sur le Mall, la grande esplanade au cœur de Washington qui relie le Capitole au monument de Lincoln, les policiers à cheval continuent de patrouiller. Mais depuis un mois, ils travaillent sans toucher le moindre revenu. Les Etats-Unis entament mardi 22 janvier leur deuxième mois de paralysie partielle des administrations, à la durée historique. Quelque 800 000 employés fédéraux sont au chômage technique ou réquisitionnés, et dans les deux cas sans salaire, alors que le bras de fer politique continue sur un mur à la frontière mexicaine. 

Un deuxième mois de "shutdown" aux Etats-Unis - un reportage de Grégory Philipps à Washington

"Nous sommes considérés comme des employés indispensables, explique le policier à cheval, parce qu’on assure la sécurité dans cette ville. Donc, on travaille mais sans être payés. Moi je vais pouvoir tenir deux ou trois mois au maximum, mais est que ça va suffire ?" Le policier est inquiet, pour lui mais aussi pour son outil de travail, les chevaux. "Là, les chevaux ont encore de la nourriture parce qu’on a passé commande juste avant le shutdown. Mais tout comme on ne sait pas quand on va toucher notre salaire, on se demande combien de temps ça va durer et si on va être capables de nourrir nos chevaux. Ça aussi, c’est incertain", dit ce policier.

"Cela démontre qu'on peut se passer des administrations"

Sur l'esplanade, les musées nationaux sont fermés, comme certains bâtiments officiels. Le cœur de la capitale fédérale vit au ralenti. Mais ces deux touristes, Shirley et Vincent, venus de Caroline du Nord, continuent de soutenir le président. "Parce qu’on veut un mur à la frontière, parce qu’on ne veut pas que des étrangers entrent dans notre pays, sans qu’on sache qui ils sont", affirme la vacancière. "On ne veut pas de trafic de drogue. Si vous n’avez pas de frontière, alors votre pays n’existe plus", martèle son voisin. 

D’ailleurs, l’analyste politique John Gizzi, qui travaille pour le site internet républicain et conservateur Newsmax, continue de penser que dans cette crise, Donald Trump a une carte à jouer. "C’est un président qui en quelque sorte a un sixième sens, presque animal. Les libertariens dans notre pays sont ravis de cette situation parce que, selon eux, cela démontre qu’on peut se passer d’une bonne partie des administrations, affirme-t-il. Je pense que Trump sent ça. Donc, je crois que c’est lui qui a la main."   

Des "jobs d'appoint" pour du liquide

Dans Washington, on croise parfois des employés fédéraux qui font des petits jobs, le temps du "shutdown". Certains s'improvisent chauffeur de taxi, d'autres, comme Alison, d'habitude employés de l’agence de protection de l’environnement s'est lancée dans le dog-sitting. "Je me suis portée candidate pour promener des chiens. Je pensais déjà faire ça comme un job d’appoint, mais là, j’ai beaucoup de temps en semaine. Et si ça dure, je vais devoir faire ça encore un peu. J’ai besoin d’argent liquide", détaille cette employée à la recherche de dollars. 

Le quotidien de ces fonctionnaires est comme mis entre parenthèse depuis bientôt un mois. Et il n'y a toujours pas de solution politique à vue. À la Maison-Blanche, où des employés sont aussi au chômage technique, le standard ne répond plus depuis le 22 décembre. 

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