Plan de paix au Proche-Orient : "Je m'attendais à des réactions plus fermes", selon l'ex-ambassadeur d'Israël en France
Invité sur franceinfo ce mercredi, l'ancien ambassadeur d'Israël en France Élie Barnavi s'étonne que le plan de paix au Proche-Orient présenté mardi par Donald Trump ne soit pas "condamné plus vigoureusement" par la communauté internationale.
Élie Barnavi, historien et ancien ambassadeur d’Israël en France, juge "extraordinaire" que le plan américain pour la paix au Proche-Orient "ne soit pas condamné plus vigoureusement". Pour l'ancien diplomate, le document présenté par Donald Trump ce mardi "n'est pas un plan de paix, c'est un document unilatéral, dans lequel une grande puissance, à la manière des empires de jadis, offre un morceau de territoire à un vassal pour qu'il en fasse ce que bon lui semble".
Franceinfo : Est-ce que vous comprenez les réactions réservées de la communauté internationales aux annonces de Donald Trump ?
Élie Barnavi : Elles sont réservées, certes, mais beaucoup plus favorables que ce que l'on pouvait imaginer. Si on réfléchit un peu à ce que ce plan dit, c'est quand même extraordinaire qu'il ne soit pas condamné plus vigoureusement. Ce n'est pas un plan de paix, c'est un document unilatéral, dans lequel une grande puissance, à la manière des empires de jadis, offre un morceau de territoire à un vassal pour qu'il en fasse ce que bon lui semble. Et un plan de paix ça se passe entre les deux parties du conflit. Là on est vraiment très très loin du compte (…) Je m'attendais à des réactions plus fermes. Cela fait longtemps que le monde sunnite dans son ensemble a peu ou prou abandonné la question palestinienne. De temps en temps, ils font semblant de s'y intéresser. Mais en fait ils sont beaucoup plus intéressés par le fait de s'allier avec Israël qu'à s'occuper des Palestiniens. Ce qui est le plus étonnant, c'est la réaction de l'Europe, notamment de la France. Quand on pense que la France, qui était tout de même le champion de l'État palestinien, loue, même de manière mesurée, les efforts de paix du président Trump, c'est quand même extraordinairement curieux.
Vous y voyez une marque de désintérêt ?
De désintérêt, de grande fatigue. Je vois aussi le prix payé par les Palestiniens des erreurs passées. Il est rare qu'un peuple défense aussi mal sa propre cause que les Palestiniens l'ont fait. Ils ont refusé des offres infiniment plus favorables, notamment par le gouvernement Olmert à Annapolis [en 2007] dans lequel ils récupéraient 100% du territoire avec un échange territorial. Après leur avoir refusé cela, on leur propose ce plan-ci. Evidemment ils n'allaient pas le recevoir. Mais il y a aussi de la part de la communauté internationale une espèce de fatigue de ce conflit qui n'en finit pas d'embêter la communauté internationale et qui refuse de s'achever. Et je crois que les Palestiniens ont leur part de responsabilité et il faut le rappeler.
Est-ce que vous craignez une flambée de violence ?
C'est une possibilité, mais il est impossible de savoir. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a pas de nouvel appétit pour une nouvelle Intifada. J'ai enseigné trois années à Al-qods, dans une université palestinienne, et on voit bien, même parmi la jeunesse, qu'il n'y a pas de véritable envie d'en découdre, parce qu'ils ont encore le souvenir cuisant de la deuxième Intifada, celle du début des années 2000 et il y a le spectacle désolant des révolutions arabes, notamment dans la Syrie voisine. Mais il n'est pas exclu, que si une élection a lieu, il y ait une explosion de colère. Ces choses-là arrivent, sans trop savoir, sans pouvoir le prévoir. Je vous rappelle que la première Intifada, celle de décembre 1987, a éclaté au bout de 20 ans d'occupation paisible, tranquille, sans frontières, à cause d'un accident de voiture dans la bande de Gaza.
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