Présidentielle américaine : Donald Trump attendu sur l'immigration, son cheval de bataille
Le correspondant de franceinfo aux Etats-Unis analyse la capacité du candidat républicain à la présidentielle, Donald Trump, à surmonter ses erreurs, avant sa visite ce mercredi au Mexique et un possible discours sur l'immigration.
Les Etats-Unis vivent leur la dernière ligne droite avant l’élection présidentielle du 8 novembre. Frédéric Carbonne, le correspondant de franceinfo aux Etats-Unis analyse les erreurs commises cet été par Donald Trump qui ont permis à sa rivale démocrate, Hillary Clinton, de creuser l’écart dans les sondages. Une étape importante est attendue mercredi avec un discours du candidat républicain dans lequel il devrait préciser son programme sur l’immigration. C’est en tout cas le thème sur lequel ses partisans l’attendent.
Franceinfo : que demandent les soutiens de Trump ?
Frédéric Carbonne : Pour s’en rendre compte, il faut prendre la direction du New Hampshire, là où tout a commencé, là où Donald Trump a remporté sa première victoire électorale dans les primaires. Il y est donc retourné ces derniers jours, et clairement deux sentiments rassemblent ces électeurs. Le refus ferme, voire violent, qui s’exprime autour d’Hillary Clinton et l’extrême fermeté sur la question de l’immigration.
Dès que le nom de l’ancienne secrétaire d’Etat est prononcé, vous entendez des cris réclamant la prison, ils se répètent plusieurs fois par meeting. On aperçoit même le dessin d’un tee-shirt invitant à lui infliger le supplice de la baignoire, réservé aux criminels de Guantanamo. Au sujet de l’immigration, la position de Nancy résume le sentiment général du peuple de Trump quand elle déclare : "Dans notre pays, il y a déjà eu des époques où nous avons fermé les frontières. Nous devons protéger nos enfants, nos citoyens. Nous n’aimons pas le crime et comme le dit Donald Trump, cela ne fait pas de nous de racistes."
Je n’ai aucune haine contre personne, mais je me soucie de mon pays. J’ai des enfants qui méritent un avenir et je ne veux pas vivre là où des gens se font couper les têtes ou violer. Personne ne veut vivre dans un monde comme cela.
Ces propos vont-ils faire réfléchir Donald Trump quand il pense adoucir son discours ?
Evidemment, il ne faut pas qu’il touche au mur avec le Mexique, ni au principe d’expulsion des clandestins. Mais dans le même temps, Donald Trump a besoin de gagner de nouveaux électeurs, plus modérés. Dans ce meeting du New Hampshire, je n’avais croisé que des partisans de la première heure, et même s’ils sont minoritaires, certains comme Richard Littlefied, doutent ouvertement de la possibilité que Trump soit élu en déclarant : "Il dit la vérité, mais d’une façon qui le fait ressembler à un crétin. Il ne réfléchit pas assez avant de parler. Il lui faudra plus que ses supporters pour lui permettre de battre Hillary Clinton. Il lui faudra tout un semble de gens différents. Donc, il a encore beaucoup de travail pour devenir un candidat acceptable à la présidence".
Le constat est frappant. Trois mois après sa large victoire aux primaires, Donald Trump n’a pas unifié les républicains sur son nom.
Le constat dépasse-t-il le périmètre de la présidentielle ?
Dans le New Hampshire, comme ailleurs, il y a des candidats qui se préparent aux autres scrutins de novembre, ceux du Congrès également essentiels et ils risquent le grand écart. C’est le cas notamment de Michael Collis, un de ces prétendants républicains quand il avoue : "Si Trump est élu, je travaillerai pour lui au Congrès. Mais s’il arrive avec des idées folles, je saurai m’opposer à lui. Franchement, j’essaie de travailler avec les deux côtés. Je parle avec les gens qui sont en faveur de Trump, mais aussi avec les républicains qui ont des réserves par rapport à lui".
Je pense que personne ne peut le raisonner, donc c’est un phénomène avec lequel nous devons composer.
Que va-t-il rester du message des électeurs, quel que soit le résultat de la course à la Maison Blanche ?
C’est un enjeu essentiel qui peut se traduire par un chiffre. Les deux tiers de cet électorat blanc qui vote Trump se dit intéressé par l’idée d’un troisième parti anti-immigration, fondé sur le respect des valeurs chrétiennes et la priorité à l’emploi pour les Américains. C’est le résultat d’une étude que vient de publier Justin Gest, chercheur à la Mason University. Il est convaincu que ces électeurs envoient un message d’alerte : "Ils ont essayé le vote républicain mais rien ne s’est passé. Ils ont voté pour les démocrates et là, rien non plus. Ils sont restés sur le bord du chemin sans participer à quoique soit. Là, c’est une nouvelle tentative pour secouer l’Amérique et attirer son attention sur la classe ouvrière blanche."
Ce chercheur ajoute que l’Amérique n’a jamais été blanche et que c’est un mythe, mais en précisant que ce sentiment de peur est réel. Justin Gest fait le parallèle avec ce qui se passe en Europe. D’ailleurs, le modèle revendiqué de Donald Trump, c’est le britannique Nigel Farage. L’homme du Brexit est régulièrement présent à ses côtés sur les estrades.
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