Présidentielle américaine : on vous explique le rôle crucial des grands électeurs

Contrairement à la France, la présidence des Etats-Unis n'est pas élue par une majorité au niveau national au suffrage universel direct, mais par un collège électoral formé de grands électeurs choisis dans chaque Etat en proportion de leur population. Et dans certains Etats, tout reste à faire.
Article rédigé par franceinfo
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Un drapeau américain flotte devant la Cour suprême, à Washington (États-Unis). (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

À quelques jours de la présidentielle américaine, le 5 novembre, certains États sont déjà acquis aux démocrates ou aux républicains, d'autres sont encore indécis. Dans sept d'entre eux, l'élection va notamment se jouer sur le vote des grands électeurs, alors que les sondages annoncent un scrutin extrêmement serré. Ces grands électeurs sont, pour la plupart, des élus et des responsables de leur parti au niveau local. Leurs noms n'apparaissent pas sur les bulletins de vote et ils sont souvent totalement inconnus du grand public.

Au total, ils sont 538 et forment un collège qui, lui, va élire le président. La population vote pour un collège de grands électeurs. Collège qui, à son tour, désigne le président américain pour un mandat de quatre ans. Ce système prévu par la Constitution est le fruit d'un compromis entre les "pères fondateurs" des Etats-Unis, entre partisans d'une élection du président par le Congrès et ceux privilégiant un vote populaire.

La règle du "winner takes all"... sauf dans deux États

Ces 538 personnes sont réparties parmi les 50 États américains. Le nombre de grands électeurs varie en fonction de la densité de population. La Californie, l'État le plus peuplé, en a par exemple 54 pour ses 39 millions d'habitants. Le Texas a 40 grands électeurs, mais le Wyoming, le Vermont ou le Dakota n'en ont que trois pour des États qui ont moins d'un million d'habitants.

Lors de l'élection, le candidat avec le plus de voix dans un État rafle tous les grands électeurs. C'est la règle du "winner takes all", le gagnant remporte tout en français. Au Texas, sur 40 grands électeurs, si 21 se rallient à la cause d'un grand électeur, ce dernier remporte donc les 40. Cette règle est vraie partout, sauf dans le Nebraska et le Maine, qui répartissent leurs grands électeurs à la proportionnelle.

Des lois pour éviter des "traîtres" dans certains États

Les grands électeurs se réunissent dans leurs Etats respectifs le 17 décembre pour voter officiellement et adresser leurs résultats au Congrès fédéral. Le candidat qui obtient au moins 270 voix est élu président. Ces votes sont officiellement comptabilisés par le Congrès le 6 janvier puis le ou la président(e) est investi le 20 janvier.  

D'ailleurs, un grand électeur n'est pas tenu de respecter le vote de son État. Mais puisque les grands électeurs sont désignés par les partis, les cas de trahison sont rares. Lors de l’élection de 2000, la grande électrice Démocrate, Barbara Lett-Simmons, s’est ainsi abstenue de voter plutôt que de donner son vote à Al Gore. Cet épisode n’a rien changé à l’élection puisque le républicain George W. Bush a gagné avec 271 voix sur 538. Plus de 30 États ont d'ailleurs des lois qui obligent les grands électeurs à suivre le vote de la population pour éviter une situation de "faithless elector", de traître.

Ce système électoral crée parfois des bizarreries. Il arrive qu'un candidat rassemble le plus de votes populaires, mais perde car il n'a pas rassemblé suffisamment de grands électeurs. C'était le cas en 2016, quand Donald Trump est élu face à Hillary Clinton, malgré trois millions de voix de moins. Le milliardaire républicain avait dépassé la fameuse barre des 270 votes de grands électeurs grâce à la règle du "Winner Takes all", et ainsi s'installer à la Maison Blanche.

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