Trois choses à savoir sur Rex Tillerson, le futur secrétaire d'Etat américain

Un néophyte à la tête de la diplomatie américaine, mais aussi le patron du plus grand groupe pétrolier du monde. Voilà pour le curriculum vitae de Rex Tillerson, le PDG du géant pétrolier ExxonMobil, âgé de 64 ans et nommé par Donald Trump, mardi 13 décembre, au poste de secrétaire d'Etat aux Etats-Unis (l'équivalent d'un poste de ministre des Affaires étrangères). "Je ne peux imaginer une personne mieux préparée et aussi dévouée pour servir en tant que secrétaire d'Etat à ce moment crucial de notre histoire", a déclaré le président élu, dans un communiqué. 

The thing I like best about Rex Tillerson is that he has vast experience at dealing successfully with all types of foreign governments.

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 13, 2016

Franceinfo revient sur trois choses qu'il faut savoir sur le nouveau patron du département d'Etat américain. 

Il est PDG du plus grand groupe pétrolier du monde

Rex Tillerson a rejoint en 1975 Exxon en tant qu'ingénieur de production, avant d'en devenir le PDG en 2006. En sa qualité de patron du plus grand groupe pétrolier du monde, il sera très attendu sur le climat, après avoir résisté à réduire les investissements dans l'exploration de nouveaux puits pétroliers pour lutter contre le réchauffement climatique. Plusieurs Etats américains dont New York, soutenus par des militants écologistes, ont ouvert des enquêtes contre le groupe.

Cette nomination "est inimaginable", dénonce l'ONG environnementaliste 350.org. "Nous ne pouvons laisser M. Trump nommer le plus grand groupe pétrolier du monde en charge de notre politique internationale sur le climat. M. Tillerson est peut-être un ami de M. Poutine, mais ce n'est pas un ami de la planète", ajoute l'ONG, qui a mis en ligne une pétition contre cette nomination. Rex Tillerson a déjà montré qu'il pouvait infléchir ses positions, notamment quand il s'agit de redorer le blason de son entreprise en se prononçant, en 2009, pour la taxe carbone alors que son prédécesseur Lee Raymond y était opposé.

Sa position d'actionnaire d'Exxon, dont il détient plus de 150 millions de dollars de titres d'après des documents boursiers, pourrait générer des conflits d'intérêts car ses décisions en tant que responsable de la diplomatie américaine seraient de nature à influencer le cours du titre. Une levée des sanctions contre la Russie provoquerait ainsi très certainement une flambée de l'action Exxon.

Il est réputé proche de Vladimir Poutine

C'est sans doute l'une des raisons de sa nomination : le nouveau secrétaire d'Etat entretient des liens étroits avec la Russie. Or, l'une des priorités de Donald Trump est de réchauffer les relations russo-américaines, considérablement refroidies depuis l'invasion de la Crimée en 2014 par la Russie. Rex Tillerson est "un professionnel", qui a de "bonnes relations de travail" avec Vladimir Poutine, a d'ailleurs réagi le Kremlin dans la foulée de sa nomination. "Il est l'Américain qui a eu le plus d'interactions avec Vladimir Poutine, à l'exception d'Henry Kissinger", dit de lui John Hamre, de l'institut d'études Center for Strategic and International Studies (CSIS), dont Rex Tillerson est membre.

Tillerson et Poutine ont fait connaissance dans les années 1990, quand le premier supervisait un projet d'Exxon sur l'île de Sakhaline. Ils ont renforcé leurs liens quand le second a pris le pouvoir, après la démission de Boris Eltsine le 31 décembre 1999. Cette amitié a été couronnée par un accord historique signé en 2011 entre le géant énergétique public russe Rosneft et Exxon pour explorer et forer ensemble l'Arctique et la Sibérie. L'accord, évalué au départ à 3,2 milliards de dollars mais pouvant potentiellement générer 500 milliards en fonction des découvertes de gisements, est actuellement gelé par les sanctions occidentales contre la Russie.

Rex Tillerson a par ailleurs reçu en 2012, des mains de Vladimir Poutine, la décoration de l'ordre de l'Amitié. En 2014, il s'est prononcé contre les sanctions occidentales, lors de l'assemblée générale des actionnaires d'ExxonMobil. "Nous avons toujours encouragé les gens qui prennent ces décisions à tenir compte de l'ensemble des dommages collatéraux ainsi que des personnes touchées par ces sanctions", avait-il objecté.

Il n'a aucune expérience du gouvernement ou de la diplomatie

Autre motif d'inquiétude pour les opposants à l'administration Trump : Rex Tillerson est un néophyte en politique. Il n'a aucune expérience dans la diplomatie, ce qui fait de lui le premier secrétaire d'Etat sans expérience publique ou dans un gouvernement. Ses opinions sur la politique étrangère sont d'ailleurs très peu connues, si ce n'est qu'il est un fervent défenseur du libre-échange.

S'il n'est pas rompu aux usages et protocoles diplomatiques, Rex Tillerson est néanmoins habitué à rencontrer les grands de ce monde pour défendre les intérêts d'Exxon, présent dans plus d'une cinquantaine de pays, du Qatar à la Papouasie-Nouvelle-Guinée en passant par l'Arabie saoudite. Il a par exemple retiré Exxon du Venezuela après des désaccords avec l'ex-président Hugo Chavez.