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La polémique entre Trump et les parents d'un soldat musulman mort en Irak en quatre actes

"Vous n'avez rien sacrifié, vous n'avez perdu personne", avait lancé le père du soldat à l'adresse du candidat républicain.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les Khan, parents d'un soldat tué en Irak, lors de la convention démocrate, à Philadelphie, le 28 juillet 2016. (ROBYN BECK / AFP)

Le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump est empêtré, dimanche 31 juillet, dans une polémique après avoir critiqué le père d'un soldat américain musulman tué en Irak. Retour en quatre actes sur cette affaire.

Acte 1 : le père d'un soldat musulman tué en Irak attaque Trump

La charge est venue jeudi lors de la convention démocrate, à Philadelphie. Khizr Khan, un avocat qui a émigré avec son épouse depuis le Pakistan et est aujourd'hui naturalisé, monte à la tribune. Son fils Humayun était capitaine de l'armée de Terre. Il est mort au combat en 2004 en Irak. L'avocat lance un vibrant plaidoyer en faveur d'Hillary Clinton.

Surtout, il dénonce des propos anti-musulmans et anti-immigrés de Donald Trump. "Vous n'avez rien sacrifié, vous n'avez perdu personne", lance-t-il à l'adresse du candidat républicain. Il enfonce le clou : "Donald Trump passe son temps à salir la réputation des musulmans. Il manque de respect à d'autres minorités: les femmes, les juges, et même les responsables de son propre parti". L'homme brandit une Constitution américaine et demande à Donald Trump s'il a même lu le document fondateur.

Acte 2 : Trump réplique sèchement

Donald Trump réplique sèchement, selon des extraits publiés samedi lors d'une interview qui doit être diffusée dimanche sur la chaîne ABC. "Qui a écrit ça ? Ce sont les plumes d'Hillary qui ont rédigé ça ?", s'est interrogé le candidat républicain. Il assure avoir "fait beaucoup de sacrifices". Et d'ajouter : "Je travaille très, très dur. J'ai créé des milliers et des milliers d'emplois, des dizaines de milliers d'emplois, j'ai construit de grandes structures, j'ai eu un très grand succès. Je crois que j'en ai fait beaucoup".

Agacé, l'homme d'affaires s'en prend aussi à la mère du soldat, Ghazala Khan, qui est restée silencieuse à côté de son mari sur la scène de Philadelphie. "Si vous regardez sa femme, elle se tenait debout là-bas, elle n'avait rien à dire. Elle n'avait probablement pas le droit de dire quoi que ce soit", pense-t-il, sous-entendant que c'est à cause de sa religion.

Acte 3 : Clinton entre dans la danse

Cette dernière remarque fait réagir Hillary Clinton. Dans un communiqué, elle dit avoir été "très émue de voir Ghazala Khan se tenir courageusement et dignement sur la scène en soutien à son fils jeudi soir". Pour elle, "tous les Américains doivent soutenir les Khan et toutes les familles qui ont perdu des enfants morts au service de leur pays". Elle s'abstient de citer Donald Trump.

Acte 4 : la polémique enfle

La polémique gagnant en ampleur, le candidat républicain et le couple Khan continuent de se répondre à distance. "Bien que je déplore profondément la disparition de son fils, M. Khan, qui ne m'a jamais rencontré, n'a pas le droit de se tenir devant des millions de personnes et de déclarer que je n'ai jamais lu la Constitution (ce qui est faux)", lance Donald Trump, qui prend soin de qualifier Humayun Khan de "héros".

Mais les Khan goûtent peu la réaction du candidat. "Lorsque j'étais debout là-bas, toute l'Amérique a ressenti ma douleur", déclare la mère du soldat, en expliquant qu'elle n'avait pas eu la force de parler. "Je ne sais pas de quel islam il a entendu parler. J'en suis désolée, il ne sait pas ce qu'est l'islam", estime-t-elle.

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