Le ministère de la Santé américain a-t-il demandé de bannir les mots "fœtus", "transgenre" et "fondé sur la science" ?
Le "Washington Post" affirme que l'administration Trump a ordonné le bannissement de sept mots dans des documents qui vont servir à l'élaboration du prochain budget des CDC, la principale agence de santé américaine. Mais cette dernière dément.
"Fœtus", "transgenre", "diversité", "vulnérable", "prestation sociale", "fondé sur des données concrètes" et "fondé sur la science". Selon le Washington Post, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), qui forment la principale agence de santé publique américaine, ont été priés de bannir ces sept mots ou expressions dans des documents officiels en lien avec l'élaboration du budget pour 2019.
Lors d'une réunion d'information de 90 minutes, analystes et cadres des CDC ont reçu comme consigne de remplacer certains de ces mots par des formules alternatives. Ainsi, "fondé sur la science" doit devenir : "Les CDC fondent leurs recommandations sur la science au regard des normes et des souhaits de la communauté". D'autres expressions n'ont pas de remplaçante, précise le Washington Post le 15 décembre. L'annonce de cette liste a provoqué des réactions "d'incrédulité" lors de la réunion, ajoute le quotidien. "Vous êtes sérieux ?" ont demandé les cadres des CDC à Alison Kelly, responsable des services financiers de l'agence de santé.
"Bannir quelque chose ne suffit pas à réfuter son existence"
Sur Twitter, des scientifiques ont également répliqué. Jess Phoenix, vulcanologue, rétorque par exemple : "Devinez quoi : la science EST fondée sur des données concrètes et les CDC ne devraient pas émettre de recommandations basées sur des 'souhaits'." Elle juge aussi ridicule d'"interdire les mots 'transgenre', 'fœtus', 'diversité', etc." et explique que "bannir quelque chose ne suffit pas à réfuter son existence".
Also ridiculous: banning "transgender," "fetus," "diversity," etc. Anyone will tell you that banning something doesn't negate its existence.
— Jess Phoenix (@jessphoenix2018) December 16, 2017
In fact, I am now committed to using all of these words more.
L'association de défense des droits humains Human Rights Campaign dénonce de son côté un "acte méprisable de l'administration Trump-Pence" pour "tenter d'effacer les personnes LGBTQ du vocabulaire des CDC et des programmes décisifs qui servent la communauté".
This despicable move by the Trump-Pence administration is an effort to erase #LGBTQ people from both the @CDCgov vocabulary as well as the critical programs that serve the community. https://t.co/KR8gvLF928
— HumanRightsCampaign (@HRC) December 16, 2017
En réponse également, le compte Twitter de Dictionary.com, un dictionnaire en ligne, a publié la définition de "vulnérable" : "capable ou susceptible d'être blessé, par une arme par exemple. Egalement vulnérable : la langue".
Vulnerable: Capable of or susceptible to being wounded or hurt, as by a weapon.
— Dictionary.com (@Dictionarycom) December 16, 2017
Also vulnerable: Language.#CDChttps://t.co/Exa0MmrndW https://t.co/l5AGQhBf6b
La directrice des CDC a toutefois démenti avoir reçu de tels ordres. "Je vous assure qu'il n'y a aucun mot interdit au sein des CDC", a-t-elle réagi sur Twitter.
I want to assure you there are no banned words at CDC. We will continue to talk about all our important public health programs.
— Dr Brenda Fitzgerald (@CDCDirector) 17 décembre 2017
Le ministère américain de la Santé a affirmé que l'article du Washington Post procédait "d'une mauvaise interprétation des discussions concernant l'élaboration du budget".
Dans un article publié le lendemain de celui du Washington Post, le New York Times a pour sa part émis l'hypothèse que la demande de ne pas utiliser ces mots ne provienne pas du ministère de la Santé (donc de l'administration Trump), mais d'une volonté interne aux CDC. Et qu'au lieu d'un "bannissement", il ne s'agisse que d'une "recommandation" visant à amadouer les élus républicains appelés à voter le budget.
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