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Etats-Unis : où en est l'enquête sur l'intrusion violente de partisans de Donald Trump au Capitole ?

"Des preuves solides (...) montrent que le dessein des émeutiers du Capitole était de capturer et d'assassiner des élus du gouvernement des Etats-Unis", peut-on lire dans un document officiel rendu public jeudi à propos de l'enquête en cours.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Des membres de la Garde nationale américaine devant le Capitole, à Washington le 14 janvier 2021. (STEFANI REYNOLDS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Près de dix jours après l'intrusion violente de partisans de Donald Trump au Capitole, à Washington, le parquet fédéral a fait quelques révélations. Il a rendu public, jeudi 14 janvier, des documents rédigés par des juristes du ministère de la Justice de l'Arizona. Voici quelques éléments de la vaste enquête menée par le FBI, la police fédérale.

Le profil de Jacob Chansley se précise

La photo de ce partisan de la mouvance complotiste d'extrême droite QAnon, torse nu, maquillé aux couleurs du drapeau américain et coiffé de cornes de bovin durant l'émeute a fait le tour du monde. Le dossier rendu public en dit plus sur le profil de Jacob Chansley, 33 ans. Selon le ministère public, il est un consommateur régulier de drogues et il souffre probablement de problèmes mentaux. Il a indiqué "ouvertement" qu'il croyait être "un extraterrestre, une entité supérieure, et qu'il est ici sur Terre pour s'élever vers une autre réalité", indique le dossier.

Jacob Anthony Chansley, le "chaman QAnon" (au centre), lors de l'envahissement du Capitole par des partisans de Donald Trump à Washington (Etats-Unis), le 6 janvier 2021. (SAUL LOEB / AFP)

Les procureurs demandent qu'il soit maintenu en détention à cause de "risques élevés de fuite et du danger qu'il représente pour la communauté". Il doit comparaître vendredi devant le tribunal.

Parmi les faits qui lui sont reprochés figure la "participation active à une insurrection visant à renverser par la violence le gouvernement des Etats-Unis". Le parquet souligne que "l'insurrection est encore en cours", à moins d'une semaine de la cérémonie de prestation de serment de Joe Biden, à l'occasion de laquelle les autorités s'attendent à des manifestations dans la capitale fédérale et dans plusieurs Etats.

Les émeutiers voulaient "assassiner" des élus

"Des preuves solides, dont les propres paroles et actions de [Jacob] Chansley au Capitole, montrent que le dessein des émeutiers du Capitole était de capturer et d'assassiner des élus du gouvernement des Etats-Unis", écrivent les procureurs à propos de l'assaut. Les assaillants "n'étaient pas seulement en colère, mais lourdement armés et, dans certains cas, dangereux", écrit le New York Times (article en anglais), commentant les mêmes documents.

Durant la journée de chaos au cœur de la démocratie américaine, des élus ont dû se terrer car ils craignaient pour leur vie. Au total, cinq personnes, dont un policier, ont été tuées lors de ce coup de force.

Une note a été laissée à Mike Pence pendant l'assaut

Selon les documents, Jacob Chansley a laissé une note à l'attention du vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, sur l'estrade du Sénat où il s'était tenu quelques minutes plus tôt. Dans cette note, on peut lire : "Ce n'est qu'une question de temps, la justice arrive". Jacob "Chansley a dit aux enquêteurs qu'il était content d'avoir pu atteindre le bureau de [Mike] Pence", traitant ce dernier de "traître", révèle le Washington Post (article en anglais).

Une centaine de personnes ont déjà été arrêtées

"Nous avons déjà arrêté plus de 100 personnes pour leurs activités criminelles lors du siège du Capitole", a indiqué le directeur du FBI, Christopher Wray, rapporte CNN (article en anglais). Parmi eux Richard Barnett, un militant pro-armes photographié le pied sur le bureau de la cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, à qui il a aussi laissé un mot insultant. 

Adam Johnson, le trentenaire photographié tout sourire en train d'emporter le pupitre de Nancy Pelosi, a été lui aussi arrêté en Floride. Pour sa part, Derrick Evans, un élu du parlement de l'Etat de Virginie occidentale qui s'était filmé en train de pénétrer par la force dans le Congrès en criant "Derrick Evans est au Capitole !", a été arrêté à son domicile et inculpé d'intrusion illégale et de conduite violente.

Le FBI enquête sur plus de 200 suspects

Le département de la Justice instruit plus de 80 dossiers pénaux en lien avec les événements du 6 janvier. Un grand nombre des personnes mises en cause jusqu'à présent ont été facilement identifiées par le FBI, qui enquête sur plus de 200 suspects au total, grâce aux multiples photos et vidéos publiées sur les réseaux sociaux.

Pour Michael Sherwin, procureur fédéral du District de Columbia, si les faits incriminés pour l'instant peuvent sembler mineurs, on peut s'attendre à des accusations plus lourdes au fil de l'enquête.

Par ailleurs, Donald Trump a également été mis en accusation pour "incitation à l'insurrection" par la Chambre des représentants pour avoir encouragé ses partisans à marcher sur le Congrès.

Des membres des forces de l'ordre parmi les suspects

Les services de police et l'armée américaine enquêtent également sur la participation aux violences de certains de leurs membres. De l'ancienne militaire Ashli Babbitt, tuée par balle par un policier alors qu'elle tentait par la force de rejoindre l'hémicycle de la Chambre des représentants, à Larry Rendell Brock, ancien officier de l'armée de l'air photographié au Sénat revêtu d'un uniforme paramilitaire et équipé de liens pouvant servir de menottes, sans compter les dizaines de réservistes et policiers identifiés sur les images de l'assaut, tous révèlent une menace brandie depuis longtemps par les experts : l'extrémisme et le suprémacisme blanc au sein des services de sécurité américains.

Certains craignent même que la police du Capitole, chargée de la sécurité des élus, ait elle aussi été infiltrée. Plusieurs de ses membres ont été suspendus et une douzaine d'entre eux font l'objet d'une enquête après la publication d'images les montrant ouvrant des portes aux extrémistes ou posant pour des selfies avec eux.

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