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Il aime Jésus, Tupac et les armes : sept choses à savoir sur Marco Rubio, l'espoir déchu des républicains

Le sénateur de Floride, benjamin des primaires, était considéré comme l'un des seuls à pouvoir barrer la route à l'omniprésent Donald Trump. Il a finalement jeté l'éponge.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Le sénateur Marco Rubio, candidat aux primaires républicaines, lors d'un meeting à Las Vegas (Nevada, Etats-Unis), le 21 février 2016. (JOHN GURZINSKI / AFP)

Après Jeb Bush, à son tour d'être emporté par la vague Donald Trump. Largement défait dans son propre Etat, la Floride, par le milliardaire, le républicain Marco Rubio renonce à la course à la Maison Blanche, mardi 15 mars. "C'est un tsunami politique, nous aurions dû nous en apercevoir avant", déclare-t-il au moment de jeter l'éponge.

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Le sénateur de 44 ans était pourtant devenu l'un des derniers espoirs des représentants de l'establishment républicain, désireux de barrer la route de l'investiture à Donald Trump. Peu connu dans l'Hexagone, il était le benjamin de la compétition. Francetv info dresse son portrait.

1Ce n'est pas (du tout) un modéré

Face à des adversaires comme Donald Trump ou l'ultraconservateur Ted Cruz, les autres prétendants pourraient passer pour de doux centristes. Qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas le cas de Marco Rubio. "Etre moins fou que Donald Trump ne fait pas de lui un modéré", titre le New York Magazine. "C'est le plus conservateur de tous les candidats républicains", assure même le Boston Globe.

Il défend les armes ou feu ou s'oppose au mariage pour les couples de même sexe. Rien de bien surprenant jusque-là. Mais il est aussi farouchement opposé à l'avortement : il est "pro-vie", y compris en cas de viol ou d'inceste, note le journal. La seule exception qu'il défend : si la vie de la mère est en danger, explique le New York Times. Sur l'échelle du conservatisme, l'American Conservative Union – un lobby – lui a donné un score de 96 sur 100.

2Il est (très) ambitieux

Contrairement à ses adversaires, Marco Rubio a commencé la politique en bas de l'échelle, mais il a très vite démarré son ascension vers les sommets. Tout commence en 1990, quand il obtient un stage d'été auprès de Ileana Ros-Lehtinen, la première Américaine d'origine cubaine élue au Congrès, explique Politico.

Son premier mandat date de 1998 : cette année-là, il se fait finalement élire au sein de la municipalité de West Miami. Pas suffisant pour Marco Rubio : dès 2000, il s'installe à la Chambre des représentants de l'Etat de Floride, où le gouverneur Jeb Bush – l'un de ses adversaires lors des primaires, avant son abandon – le prend sous son aile. Il est passé "du statut de fantassin de Jeb Bush à celui de lieutenant", se souvient l'un des leaders démocrates de Floride interrogé par Politico.

Marco Rubio, lors de son investiture à la présidence de la Chambre des représentants de Floride, aux côtés de Jeb Bush, alors gouverneur de l'Etat, à Tallahassee (Etats-Unis), le 13 septembre 2005. (PHIL COALE / AP / SIPA)

A partir de là, tout va très vite. En 2005, il prend la tête de la Chambre des représentants de Floride. Puis, en 2010, propulsé par le Tea Party, il obtient un siège au Sénat américain, en battant l'ancien gouverneur de Floride Charlie Crist, pourtant favori au départ.

3Il aime (beaucoup) Jésus

On ne plaisante pas avec la foi de Marco Rubio. Son adversaire Ted Cruz l'a appris à ses dépens. L'ultraconservateur a dû se séparer de l'un de ses conseillers, qui avait relayé une vidéo trafiquée mettant en question la religiosité du candidat.

Car durant cette campagne, Marco Rubio n'a eu de cesse de le rappeler : oui, il croit en Dieu. Et pas qu'un peu. En plein débat télévisé, quand on lui demande s'il est le "sauveur" du parti républicain, il invoque très sérieusement le messie, sous les applaudissements de l'auditoire.

Laissez-moi être clair : il y a un seul sauveur et ce n'est pas moi, c'est Jésus-Christ qui est venu sur terre et qui est mort pour nos péchés.

Marco Rubio

Lors d'un débat télévisé

Mais à quel saint se vouer ? Dans le domaine de la religion, Marco Rubio a multiplié les expériences : catholique à sa naissance, il s'est ensuite intéressé au mormonisme, avant de revenir au catholicisme, puis de devenir protestant baptiste. Aujourd'hui, il se présente à nouveau comme un fervent catholique, qui prend la peine de prier après ses meetings.

Marco Rubio prie avec sa famille lors des caucus de l'Iowa, à Clive (Etats-Unis), le 1er février 2016. (PAUL SANCYA / AP / SIPA)

4Il a (un peu) réécrit l'histoire de ses parents

Tout au long de sa carrière politique, Marco Rubio a fait de son histoire familiale un argument de campagne... quitte à la réécrire sensiblement. "Aux Etats- Unis, [l'histoire de mes parents] est devenue partie intégrante du récit historique que nous connaissons sous le nom de 'rêve américain'", peut-on lire sur son site de campagne.

"Marco Rubio est né de parents cubains venus aux Etats-Unis après la prise de pouvoir de Fidel Castro", assurait sa première biographie sur son site de sénateur. Sauf que voilà, en 2011, le Washington Post affirme que l'homme politique a "embelli" la vérité et que l'histoire est plus "conventionnelle", celle d'un homme et d'une femme à la recherche d'une vie meilleure. Oui, ses parents ont fui la tyrannie cubaine, écrit Politico. Mais pas celle de Fidel Castro, celle de Batista : ils sont arrivés en mai 1956 sur un vol commercial. Son grand-père est même retourné à Cuba deux semaines après l'arrivée de Castro au pouvoir, avant de quitter définitivement le pays pour les Etats-Unis en 1962.

"Si le Washington Post veut me critiquer pour m'être trompé sur quelques dates, je l'accepte, a répondu à l'époque Marco Rubio sur Facebook. La véritable essence de l'histoire de ma famille n'a rien à voir avec la date à laquelle ils sont entrés aux Etats-Unis pour la première fois. (...) L'essence de cette histoire, c'est la raison pour laquelle ils sont venus aux Etats-Unis au départ, et pourquoi ils ont dû y rester."

5Il aurait pu faire carrière dans le sport

Marco Rubio durant sa campagne à Atkinson, dans l'Etat du New Hampshire (Etats-Unis), le 3 janvier 2016. (MARY SCHWALM / AP / SIPA)

Avant d'être un politique, Marco Rubio était un athlète. Le sénateur a fait une école de droit, mais a d'abord commencé ses études supérieures dans une université du Missouri, en obtenant une bourse d'un an pour ses talents en football américain, selon sa biographie officielle. Sa femme, Jeannette, a par ailleurs été pom-pom girl pour l'équipe des Miami Dolphins, rappelle NPR.

Sa passion pour le sport remonte à l'école élémentaire, explique Politico, et elle l'a suivi jusqu'au lycée. En 1989, avec ses coéquipiers de l'époque, il participe au concours de talent de l'établissement, raconte le New York Observer : l'occasion, pour lui, de montrer ses abdos sur scène en tenue de chippendale, explique le site, photo à l'appui. Pas suffisant pour emporter la compétition.

6Il gère mal ses comptes

Marco Rubio ne souffre pas exactement de phobie administrative, mais il semble un peu fâché avec la comptabilité. Il l'a lui-même reconnu dans son autobiographie, parue en 2012, rappelle le New York Times. Pas très crédible quand on se présente comme un défenseur de l'austérité budgétaire, en ferraillant contre les dépenses excessives du gouvernement et la dette américaine, note le journal.

En 2010, le Miami Herald et le St. Petersburg Times ont ainsi découvert que Marco Rubio avait utilisé une carte bancaire du Parti républicain
pour régler des dépenses personnelles quand il était élu à la Chambre des représentants de Floride : 1 000 dollars de réparation pour la voiture familiale par exemple. Pour sa défense, Marco Rubio a expliqué avoir remboursé les frais engagés.

Mais ce n'est pas tout : malgré des dettes, Marco Rubio a longtemps eu un penchant pour les achats couteux, comme un bateau à 80 000 dollars ou une voiture à 50 000 dollars, détaille le New York Times. Une certaine légèreté qui lui a déjà joué des tours, précise le quotidien : les équipes de Mitt Romney, candidat républicain à la présidentielle de 2012, avait noté le problème quand Marco Rubio était pressenti à la vice-présidence à l'époque.

7Il est fan de rap

Marco Rubio est plus West Coast que East Coast. Grand amateur de rap, le candidat a fait cette confession en 2012 sur le plateau de "Meet the press", l'une des plus importantes émissions politiques outre-Atlantique. L'année suivante, il avait même concocté une playlist Spotify qui levait un peu plus le voile sur ses goûts musicaux.

Sa chanson favorite ? Straight Outta Compton de N.W.A., juste devant Killuminati de Tupac Shakur et Lose Yourself d'Eminem, expliquait-il au magazine GQ. Marco Rubio n'hésite pas à s'engager dans des débats dangereux, comme lors d'un entretien accordé à Buzzfeed : le sénateur y encensait les paroles du défunt Tupac, "plus intelligentes" d'après lui que celles de Notorious B.I.G.

*Tous les liens de médias et de sites web sont en anglais.

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