Ingérence de la Russie dans l'élection américaine : quatre questions autour des sanctions décidées par Obama
Le président Barack Obama a annoncé jeudi une série de mesures contre la Russie après son ingérence dans l'élection présidentielle américaine, déclarant notamment "persona non grata" 35 membres des services de renseignement russes.
Un vent de guerre froide souffle sur les relations américano-russes. Le président Barack Obama a annoncé, jeudi 29 décembre, une série de mesures contre la Russie après son ingérence dans l'élection présidentielle américaine. "Ces actions font suite aux avertissements que nous avons adressés de manière répétée au gouvernement russe, en privé et en public. Elles sont une réponse nécessaire et adaptée aux actions visant à nuire aux intérêts américains en violation des normes de comportement internationales établies", a déclaré Barack Obama dans un communiqué.
Quelles sont les sanctions prises par Obama ?
35 expulsions d'agents de renseignement russes. La décision la plus spectaculaire est l'expulsion quasiment immédiate de 35 agents de renseignement russes. Selon une déclaration écrite du président Obama, le ministère américain des Affaires étrangères considère à compter de jeudi "persona non grata 35 agents de renseignement russes" - de simples "responsables officiels" selon les termes du département d'Etat - en poste à "l'ambassade de Russie à Washington et au consulat russe à San Francisco". Sans donner de détails, la Maison Blanche les accuse d'avoir "agi d'une manière qui ne correspond pas à leur statut diplomatique". Ces agents russes et leurs familles "ont 72 heures pour quitter les Etats-Unis".
Deux centres russes fermés. Par ailleurs, le département d'Etat ferme dès ce vendredi 30 décembre deux complexes de bâtiments appartenant à la Russie dans les Etats du Maryland, près de Washington, et de New York, qui étaient "utilisés par des responsables russes à des fins de renseignements".
Ces mesures ne sont toutefois pas directement liées aux accusations par les Etats-Unis de piratages informatiques et d'ingérence de la Russie dans la présidentielle américaine du 8 novembre remportée par le républicain Donald Trump contre la démocrate Hillary Clinton.
La Maison Blanche, que le démocrate Barack Obama quittera le 20 janvier, précise que ces représailles constituent une "réponse" au "harcèlement croissant ces deux dernières années contre le personnel diplomatique [américain] en Russie par les forces de sécurité et de police". Un "harcèlement" qui "est allé bien au-delà des règles de comportement diplomatiques internationales", tonne la présidence américaine.
Des sanctions contre "neuf entités et individus". En représailles aux piratages informatiques russes qui ont perturbé la présidentielle entre Donald Trump et Hillary Clinton, Barack Obama annonce aussi qu'il prend des "sanctions" contre "neuf entités et individus", notamment les deux services de renseignement russes, le FSB et le GRU.
Le GRU (services de renseignement militaire) est accusé par la Maison Blanche d'avoir, grâce à ses agents et des moyens techniques, "falsifié, altéré (...) des informations avec l'objectif ou l'effet d'interférer dans le processus électoral américain en 2016". Quant au FSB (services secrets), il est accusé d'avoir "aidé" le GRU.
Trois entreprises russes soupçonnées d'avoir apporté un "soutien matériel" aux opérations de piratages informatiques sont également sanctionnées, c'est-à-dire la cible de mesures punitives financières et juridiques émanant de l'administration américaine.
Enfin, quatre hauts responsables russes - les dirigeants du GRU dont son chef actuel Igor Korobov - sont également sanctionnés directement par la présidence des Etats-Unis, tandis que deux autres ressortissants russes sont ciblés par le Trésor.
Que reprochent les Etats-Unis à la Russie ?
Washington accuse la Russie d'avoir mené des cyberattaques contre le Parti démocrate dans le but de favoriser l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche le 8 novembre dernier. Ces messages ont ensuite été mis en ligne, jetant une lumière crue sur les délibérations internes du camp démocrate et brouillant le message d'Hillary Clinton.
Donald Trump, le président élu, a affirmé qu'il ne "croyait pas" à ces accusations, qualifiées par ailleurs par Moscou "d'indécentes". Mais il est isolé dans son propre camp, la plupart des responsables républicains ne mettant pas en doute la réalité des opérations russes et appelant à des sanctions.
Comment réagit Moscou ?
La Russie rejette "catégoriquement" des "affirmations et des accusations infondées à l'égard de la partie russe", après l'annonce par Washington de sanctions contre Moscou. Et la Russie accuse Washington de vouloir "détruire définitivement les relations russo-américaines qui ont déjà atteint le fond", affirme le porte-parole du Kremlin. Moscou promet aussi des mesures de rétorsion : la Russie va "réagir [aux sanctions] de manière adéquate se basant sur les principes de réciprocité".
Et après ?
Les sanctions ne s'arrêteront pas là, a précisé le président américain dans un communiqué, prévenant que les Etats-Unis prendront d'autres mesures "au moment que nous choisirons", "y compris des opérations qui ne seront pas révélées au public".
Par ailleurs, le président américain annonce que le ministère de la Sécurité intérieure américain et le FBI vont publier des informations déclassifiées sur les activités informatiques civiles et militaires de la Russie. Un rapport gouvernemental sur l'interférence de Moscou dans le processus électoral 2016 sera transmis au Congrès dans les prochains jours, a promis le président américain.
Dans sa déclaration, Barack Obama invite les pays "amis et alliés" des Etats-Unis à "travailler ensemble pour contrer les efforts de la Russie visant à saper les bonnes pratiques internationales et à s'ingérer dans le processus démocratique".
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