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La campagne présidentielle, une histoire de famille chez les Clinton

En campagne pour la primaire démocrate, Hillary Clinton peut compter sur le soutien de son mari Bill et de sa fille Chelsea. Mais est-ce vraiment un atout ?

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Hillary Clinton, candidate aux primaires démocrates, accompagnée de son mari Bill et de leur fille Chelsea, lors d'un meeting à Des Moines (Etats-Unis), le 1er février 2016. (ANDREW HARNIK / AP / SIPA)

Jusqu'à présent, il s'était fait plutôt discret. Il a fallu attendre le 4 janvier pour que Bill Clinton prenne, pour la première fois, le micro – en solo – pour défendre sa femme Hillary dans la course à la Maison Blanche. Quinze ans déjà qu'il a quitté le bureau ovale, après deux mandats, et voilà qu'il pourrait faire son retour à Washington D.C., avec un statut un peu particulier cette fois, celui de "premier homme" des Etats-Unis. Mais la route est encore longue et Bill Clinton peut tout aussi bien être un atout qu'un sérieux handicap pour son épouse.

En 2008, Hillary Clinton briguait déjà l'investiture démocrate, face à un certain Barack Obama. L'ancien président des Etats-Unis avait donné de sa personne, avec une efficacité pour le moins discutable. Après plusieurs mois de campagne, les soutiens d'Hillary Clinton ne craignaient finalement plus qu'une chose avant ses prises de parole, raconte le New Yorker* : qu'il n'embarrasse l'ancienne première dame. Car Bill Clinton s'était fait une spécialité : attaquer le rival de sa femme, notamment sur son inexpérience, mais plutôt maladroitement.

Quand avons-nous pour la dernière fois élu un président en s'appuyant seulement sur une année de mandat au Sénat ? En théorie, on pourrait trouver un commentateur télé talentueux et le laisser se présenter, il n'aurait qu'un an d'expérience de moins en termes de politique nationale.

Bill Clinton à propos de Barack Obama

en 2008

Après les polémiques de 2008, cette fois-ci, l'ancien locataire du bureau ovale n'est plus la tête d'affiche, même s'il commence à égratigner l'adversaire de sa femme, Bernie Sanders. Lors de sa première apparition aux côtés d'Hillary, en juin 2015, il a joué les seconds rôles, se contentant de sourire et de saluer la foule, sans faire de discours. Il occupe, en revanche, un rôle bien plus important en coulisses, en tant que conseiller stratégique, croit savoir Politico. Bill Clinton n'a pas de rôle défini dans la campagne et n'est pas impliqué quotidiennement, précise le magazine, mais aucune décision majeure n'est prise sans qu'il ne soit consulté.

Hillary et Bill Clinton, à l'occasion du lancement de la campagne présidentielle de l'ancienne secrétaire d'Etat, le 13 juin 2015 à New York (Etats-Unis). (JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Bill Clinton, le has-been de la campagne ?

Certes, le 42e président des Etats-Unis bénéficie encore d'une confortable cote de popularité, mais n'a-t-il pas fait son temps ? Pour de nombreux médias américains, comme le New York Times, Bill Clinton a perdu sa "magie" d'orateur. "J'ai assisté à de nombreux discours, et il n'a plus l'air d'être le même homme, assure un observateur politique. Il n'a plus la même verve." La presse n'hésite pas à évoquer les soucis de santé de l'ancien président et sa nouvelle alimentation. "Son âge, son opération du cœur, son régime vegan, je crois que tout cela l'a calmé", assure ainsi un ancien responsable du parti démocrate du New Hampshire, interrogé par le quotidien américain.

Sur un plan plus politique, le Bill Clinton du début des années 1990 était plutôt conservateur sur le plan fiscal, pro-entreprises et intransigeant en matière de criminalité, rappelle le Washington Post. Pas franchement le style du parti démocrate d'aujourd'hui, estime le journal, alors qu'Hillary Clinton est obligée d'adapter sa campagne pour ne pas être trop dépassée sur sa gauche par le "socialiste" Bernie Sanders.

Bill Clinton fait pour la première fois campagne en solo pour sa femme Hillary, lors d'un meeting à Nashua (New Hampshire, Etats-Unis), le 4 janvier 2016. (DENNIS VAN TINE / GEISLER-FOTOPRES / AFP)

Surtout, Bill Clinton traîne toujours dans son sillage l'affaire Monica Lewinsky, qui avait largement entaché son second mandat à la Maison Blanche. A plusieurs reprises, Donald Trump n'a pas hésité à y faire référence. "Hillary Clinton annonce qu'elle va laisser son mari faire campagne, mais il a démontré un penchant pour le sexisme, écrivait-il à la fin décembre. C'est tellement inapproprié !" "C'est l'un des plus grands agresseurs du monde", ajoutait-il. L'ancienne secrétaire d'Etat a elle-même été prise à partie à ce sujet lors d'un meeting dans le New Hampshire.

Et puis, il y a l'âge. Car oui, le temps passe, et Bill Clinton soufflera cet été ses 70 bougies. "La nostalgie n'est pas un message présidentiel", estime le Washington Post, qui assimile cruellement l'ancien président à un membre de l'AARP, l'Association américaine des personnes retraitées. Loin, bien loin de l'image de la génération Y, qui boude aujourd'hui Hillary Clinton : lors des caucus de l'Iowa, 84% des moins de 30 ans lui ont préféré Bernie Sanders, selon un sondage. Des jeunes électeurs qui, comme le note le prestigieux quotidien, n'ont pas franchement de souvenirs du mandat de Bill Clinton et du temps passé par sa femme à ses côtés à la Maison Blanche.

Hillary Clinton accusée d'"utiliser" sa fille

Mais Hillary Clinton a un autre atout : la nouvelle génération Clinton. Chelsea, leur fille, fait, elle aussi, désormais campagne au nom de sa mère. Elle participera, par exemple, à la fin février, à une collecte de fonds à Londres (Royaume-Uni), aux côtés de la rédactrice en chef de Vogue, Anna Wintour, rapporte CNN. Elle a aussi pris en main le compte Instagram de sa mère, à la fin janvier, selfie familial inclus, pour le plus grand bonheur des sites people. Mais comme son père, la trentenaire n'est pas à l'abri des polémiques.

About to hit the stage for our last event of the day! -Chelsea

Une photo publiée par Hillary Clinton (@hillaryclinton) le

Après une campagne plutôt respectueuse dans la camp démocrate, Chelsea Clinton est passée à l'attaque à la mi-janvier, accusant Bernie Sanders de vouloir démanteler "Obamacare" et d'autres programmes d'assurance-santé. Des propos "plutôt faux", selon Politifact, qui ont obligé Hillary Clinton à s'expliquer : "Je n'ai pas utilisé" ma fille, a-t-elle assuré à CNN. Mercredi, lors d'une rencontre avec des électeurs, Chelsea Clinton a fait une nouvelle gaffe, en évoquant le "président Sanders". Pas sûr que sa mère apprécie le lapsus.

*Tous les liens sont en anglais

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