Reportage "Je peux agir avec mon art" : à Atlanta, des rappeurs s'engagent pour la présidentielle américaine

La forte polarisation politique du pays s'applique également à la scène du rap américain.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le rappeur américain 2 Chainz se produit pendant un meeting deKamala Harris à Atlanta (Georgie) le 2 novembre 2024. (ELIJAH NOUVELAGE / AFP)

À la veille du jour des élections américaines, les partis tiennent leurs derniers meetings et engrangent encore des ralliements, notamment de la part des artistes qui affichent leur soutien à l'un des deux candidats jusqu'au dernier moment. Qu'en est-il de la scène hip-hop, la musique la plus écoutée aux États-Unis ? Éléments de réponse avec les artistes d'Atlanta, en Géorgie, l'un des centres de gravité du hip-hop américain.

Rap Pretender porte un tee-shirt "Harris 2024". Avec sa guitare, il fait entendre une chanson contre le droit de porter une arme aux États-Unis, où il met en garde contre le vote en faveur du républicain. "Si Trump l'emporte, il utilisera le ministère de la Justice pour armer tout le monde contre les médias par exemple, ou tous ceux qui ne sont pas d'accord avec lui, assure le rappeur. Face à des choses si graves, je ne suis pas une personne aisée, mais je peux agir avec mon art et je ne crois pas que ce soit de la propagande."

Beaucoup d'artistes de hip-hop se sont engagés du côté des démocrates en lien avec la défense des Noirs américains, mais certains ont aussi choisi de soutenir Donald Trump. "Cela crée une grande division sur la scène artistique avec des artistes qui veulent que vous pensiez, que vous votiez comme eux. Alors ils le chantent, ils le rappent, ils en parlent dans des interviews, mais en vérité, le public en a assez", souligne un DJ reconnu d'Atlanta.

Un état d'esprit de violence, dont certains artistes veulent se dégager

Les échanges médiatiques entre les artistes sont parfois très violents, à l'image du style de rap qui a fait la gloire d'Atlanta : la trap, où il est question de gangs, de drogue et d'appels au meurtre. Une surenchère qui a poussé la justice en 2022 à arrêter Young Thug, un artiste affilié à un gang. En invoquant la loi "Rico", la procureure a ainsi fait bouger les lignes politiques du milieu, explique Romu, un Français d'Atlanta, spécialiste de cette musique : "La loi 'Rico', c'est qu'on peut se servir de choses qui ont été dites dans le cadre de la musique comme chef d'accusation, au final. Et il y a eu un procès à Atlanta qui a voulu dire 'Bientôt Young Thug sera un exemple', détaille-t-il. Alors on va dire que c'est vrai qu'il y a un certain mouvement des artistes qui veulent s'éloigner de cet état d'esprit de violence."

D'où l'expansion du rap chrétien et le virage que prend aujourd'hui le rap à Atlanta et que défend notamment un jeune rappeur de 23 ans : "Je pense que ma musique peut être politique. Parfois, je fais en sorte qu'elle ne le soit pas parce que je sais que les gens écoutent cette musique au premier degré et l'appliquent de leur vie. Donc, plutôt que de promouvoir la violence, il faut toujours chercher des idées positives que les gens pourront faire dans la réalité." Dans sa dernière chanson, l'artiste chante qu'il n'ira pas voter en demandant d'avance pardon à la candidate démocrate.

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