Roosevelt, Kennedy, Obama, Trump... Quand les discours d'investiture des présidents américains entrent dans l'Histoire
C'est le jour J pour Joe Biden : le nouveau président des États-Unis prononce son discours d'investiture. Certains de ses prédécesseurs ont marqué l'Histoire avec ces premiers mots, marquant parfois la philosophie de l'ensemble de leur mandat.
Que va-t-on retenir du discours d'investiture de Joe Biden, aux États-Unis ? L'ancien sénateur démocrate prête serment, mercredi 20 janvier, dans une ville de Washington ultra-sécurisée, sans public. Il s'adresse à une Amérique divisée, d'autant plus depuis les violences au Capitole. Ses mots passeront-ils à la postérité ? Certains discours de ses prédécesseurs, d'autres présidents américains, sont entrés dans l'Histoire américaine.
En 2017, Trump et "le carnage américain"
Les discours d'investiture des présidents américains sont généralement des discours de rassemblement d'union nationale. Mais pas toujours : "Le carnage américain s'arrête ici et maintenant", lance Donald Trump, en 2017. Le républicain imprime d'emblée sa marque.
Il dénonce ainsi le "carnage américain", qui se serait produit pendant les années Obama. Insécurité, désindustrialisation, système éducatif en plein naufrage, Trump arrive pour "sauver l'Amérique" et redonner le pouvoir au peuple. "America first", répète-t-il, comme son lointain prédécesseur Woodrow Wilson (voir ci-dessous). Le slogan "L'Amérique d'abord" va rythmer ses quatre ans à la Maison-Blanche.
Des mots particuliers en temps de guerre ou de crise
Pour sa seconde investiture en 1793, George Washington prononce le discours le plus court : 135 mots à peine, contre une allocution de plus de deux heures pour le président William H. Harrison en 1841. Ce dernier, arrivé à cheval, sans manteau ni chapeau par un froid mordant, mourait un mois plus tard d'une pneumonie.
En 1917, le discours de Woodrow Wilson est évidemment marquant, en pleine Première Guerre mondiale. Élu pour un second mandat présidentiel, déjà sur la promesse de "America first", il rappelle que les États-Unis sont neutres dans la guerre entre l’Allemagne et les autres puissances européennes, mais indique que cette position sera probablement très difficile à tenir. En l'occurrence, les Américains s'engagent finalement dans la guerre un mois plus tard.
Tous les discours d'investiture n'entrent pas dans l'histoire, mais les Américains connaissent tous celui de Roosevelt, le 4 mars 1933 : "La seule chose dont nous devons avoir peur, c'est la peur elle-même." Roosevelt doit alors rassurer une Amérique qui traverse une crise économique sans précédent, en pleine Dépression.
Des formules chocs
En janvier 1961, un discours majeur, encore, de Kennedy, en pleine guerre froide. Formidable orateur, JFK lance : "Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Mais ce que vous pouvez faire pour votre pays." Pour l'anecdote, ce jour-là, le thermomètre indique -5°C. L'armée fait fondre au lance-flammes une couche de 20 centimètres de neige fraîche sur l'artère du traditionnel défilé entre le Capitole et la Maison Blanche. L'"Inauguration day" est organisé le 20 janvier, depuis 1937.
En 1980, Ronald Reagan prononce également son discours d'investiture par des températures glaciales : -13°C. À 73 ans, le nouveau président se réfugie à l'intérieur du Capitole pour prêter serment, laissant la foule et ses 140 000 invités patienter dehors. Reagan a cette formule, qui résume parfaitement l'idéologie des républicains : "Le gouvernement n'est pas la solution à nos problèmes. Le gouvernement est le problème."
Parfois, ce n'est pas le discours qu'on retient. "L'espoir plutôt que la peur", déclare Barack Obama, en janvier 2009. Des mots qui rassemblent, pas de formules mémorables, mais, là encore, un froid polaire. Une foule immense et le symbole du premier président noir à prêter serment devant le Capitole. L'Histoire retient également une bourde : Barack Obama se trompe dans le texte du serment, devant une assistance de près de deux millions de personnes. La responsabilité incombe au président de la Cour Suprême qui prononce dans le désordre les mots du serment constitutionnel. Par précaution, le 44e président prête une nouvelle fois serment, le lendemain à la Maison Blanche.
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