Récit "Un sifflement, des coups de feu" : l'ex-président Donald Trump visé par une tentative d'assassinat en plein meeting de campagne

Butler, Pennsylvanie, 18h08. L'ancien président des Etats-Unis, Donald Trump, est visé par des tirs durant un meeting. Entre stupeur et effroi, récit des quelques minutes d'une violence extrême, retransmises en direct dans le monde entier.
Article rédigé par Eloïse Bartoli
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Donald Trump, le 13 juillet 2024 à Butler (Etats-Unis). (REBECCA DROKE / AFP)

Le soleil tape à Butler, dans l'ouest de la Pennsylvanie, en cette fin d'après-midi, samedi 13 juillet. La foule attend l'arrivée de son champion. Donald Trump tient son dernier meeting avant la convention républicaine, au cours de laquelle il doit être officiellement désigné candidat à l'élection présidentielle. Il a "peut-être une heure de retard" sur le programme, raconte Doug Mills, photographe chevronné pour le New York Times. "C'est un meeting typique, classique", poursuit le photographe, installé avec ses confrères au pied de l'estrade.

Ben Macer s'est installé le long de la clôture pour suivre la prise de parole du candidat républicain à l'élection présidentielle américaine. Dans toute cette excitation, Ben Macer distingue depuis sa place, "un type se déplacer d'un toit à l'autre", raconte-t-il au micro d'une journaliste de KDKA. Vigilant, il signale ce comportement étrange à un officier de police.

"Ils ont tous sauté sur l'estrade"

Casquette rouge "MAGA" sur la tête, l'ancien président américain commence son discours anti-immigration, devant les caméras de télévision et les centaines de partisans venus l'écouter. "Regardez ce qui vient de se passer...", entame-t-il, à 18h08, quand les premiers coups de feu retentissent, quelques crépitements. Le candidat républicain interrompt son discours, porte la main à son oreille droite, tandis que résonnent les cris : "A terre !" Le photographe Doug Mills, du New York Times, capture la trajectoire d'une balle qui frôle la tête de l'ancien chef d'Etat à ce moment précis.

Erin Autenreith, 66 ans, est assise "pile devant lui". A l'AFP, elle raconte avoir cru d'abord à "un truc du 4 juillet [la fête nationale américaine], pan, pan, pan". "Mais quand ils ont tous sauté sur l'estrade, qu'ils l'ont entouré et fait tomber, c'est là qu'on s'est rendu compte que c'était vraiment des tirs."

Un bref flottement, puis des cris d'effroi saisissent le public. L'ancien président est touché, il se recroqueville derrière son pupitre, tandis que les membres du Secret Service se précipitent sur l'estrade pour former une carapace autour de lui. "J'ai immédiatement su que quelque chose n'allait pas, j'ai entendu un sifflement, des coups de feu, et j'ai immédiatement senti la balle traverser la peau", raconte Donald Trump quelques instants plus tard sur son réseau social Truth Social. Un sniper casqué et lourdement armé monte aussi sur scène. De nouveaux coups de feu se font entendre. Dans les gradins, les spectateurs se jettent au sol, d'autres s'accroupissent, médusés. Dix-sept secondes après les premiers tirs, un dernier retentit. Les membres du Secret Service, lunettes de soleil sur le nez, doivent à présent exfiltrer le candidat blessé.

"Fight"

Autour du candidat, quelqu'un crie "tireur à terre". Un tireur d'élite du Secret Service a abattu l'homme allongé sur le toit d'un bâtiment voisin de la zone du meeting. Dans un enchaînement chaotique, les six hommes et femmes qui entourent le septuagénaire le pressent de quitter l'estrade. "Laissez-moi prendre mes chaussures, laissez-moi prendre mes chaussures", s'offusque alors Donald Trump, visiblement confus. "Je vous protège, monsieur, je vous protège, monsieur", lui répond l'un des agents, qui se veut rassurant, selon la retransmission de la CNN.

L'ancien président se tourne alors vers le public et hurle "Fight", ("combattez") en levant un poing. Deux filets de sang coulent sur son visage. Un moment d'histoire, capturé par les photographes de presse. L'ancien président quitte l'estrade sous les cris d'encouragement patriotiques "USA, USA, USA". D'autres supporters se sont agenouillés et prient, raconte l'AFP. "Quand ils l'ont relevé, j'avais l'impression qu'ils voulaient l'évacuer le plus vite possible et que lui voulait rester, il a levé le poing pour que le monde le voie", assure Blake Marnell, commercial de 59 ans, à l'agence de presse.

L'ancien président des Etats-Unis et candidat à la présidentielle de novembre, Donald Trump, entouré du Secret Service après avoir été visé par une tentative d'assassinat, le 13 juillet 2024. (EVAN VUCCI / AP /SIPA)

Donald Trump est évacué dans une voiture blindée, direction l'hôpital le plus proche, où il ne reste que quelques heures, pendant que devant leurs écrans, le reste de l'Amérique suit en direct les images de l'attaque. La stupeur saisit le pays, qui a déjà connu, dans son histoire, de multiples assassinats de figures politiques.

Deux Américains suivent des informations concernant la tentative d'assassinat de Donald Trump à la télévision, dans un bar à Milwaukee, dans le Wisconsin (Etats-Unis), le 13 juillet 2024. (ANGELA WEISS / AFP)

Dans cette violente attaque, un spectateur est "atteint à la tête", raconte son voisin de meeting, Joseph au média NBC. "Tué sur le coup", il est "tombé en bas des gradins", rapporte-t-il. Alors que la police et le Swat évacuent les gradins, Joseph aide à transporter le corps vers une tente à proximité. Deux autres personnes ont également été blessées dans la fusillade.

Biden prend la parole depuis le Delaware

A ce moment-là, le président américain Joe Biden se trouve dans une église de Rehoboth Beach, dans le Delaware.

Le président américain Joe Biden prend la parole depuis à Rehoboth Beach, dans le Delaware, quelques instants après que son adversaire républicain Donald Trump a été blessé dans une fusillade, le 13 juillet 2024. (SAMUEL CORUM / AFP)

Il prend la parole quelques instants plus tard pour condamner fermement la tentative d'assassinat, inédite dans le pays depuis 1981. "Il n'y a pas de place en Amérique pour ce genre de violence", martèle-t-il. Alors que le FBI est sur place, l'effroi laisse à présent place à l'enquête. Et, bientôt, aux répercussions politiques.

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