Reportage "Ça ne nous empêchera pas de faire la fête" : entre peur et résilience, La Nouvelle-Orléans retrouve son animation habituelle après l'attaque à la voiture-bélier

Malgré le choc et la tristesse causés par l'attaque meurtrière du Nouvel An qui a fait 14 victimes, certains trouvent la force de redonner ses airs de fête à Bourbon Street.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La police encadre le quartier de Bourbon Street à La Nouvelle-Orléans après l'attaque à la voiture-bélier du Nouvel An 2025. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Moins de deux jours après l'attaque à la voiture-bélier à La Nouvelle-Orléans, Bourbon Street, lieu du drame, a retrouvé son ambiance festive, traversé à nouveau par les noctambules et les airs de jazz.

L'enquête, de son côté, continue de s'affiner : l’auteur de l'attaque a agi seul le soir du réveillon selon le FBI. Les enquêteurs continuent de se pencher sur le portrait complexe de cet Américain de 42 ans, ancien militaire radicalisé.

"On doit montrer notre résilience"

La menace sur place semble toutefois écartée, presque comme si de rien n’était. Le décor de la rue a quelque peu changé : un véhicule blindé de la police est posté à l'entrée de Bourbon Street, juste en face de fleurs et de bougies en hommage aux 14 victimes.

Sherry, qui vit à 100 mètres de là, est venue avec un bouquet. "Je me sens toujours un peu bizarre, c’est surréaliste", confie-t-elle. Face à l'entrain de certains dans la rue, elle sourit : "Je voulais juste venir me recueillir, puis je vais rentrer à la maison et laisser les gens faire la fête. Tant qu’ils sont en sécurité…".

Les bars de Bourbon Street ont rouverts dès le lendemain de l'attentat à la voiture-bélier, le 1er janvier 2025, qui a fait 14 morts. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Les fêtards étaient bien présents, moins de 48 heures après le carnage, peu impressionnés par l'énorme dispositif de sécurité, jusqu’à la présence de la police montée. "On n’a pas peur", assure Bill. "On est Américains" renchérit sa femme, Kathy, une bière à la main. "On voulait être là ce soir pour montrer que ça ne nous empêchera pas de faire la fête. On doit montrer notre résilience".

La peur et le chagrin toujours présent

Pourtant, tout le monde ne savoure pas complètement cette fête précoce. Esther, venue en famille est mal à l’aise : "Je ne sais pas si on va rester longtemps, c’est un peu effrayant…". Si elle se réjouit de la réouverture de la rue et du retour de l'ambiance festive, l'Américaine reste prudente. "On a peur, on hésite, admet-elle. Est-ce qu’ils ont trouvé toutes les bombes ? Est-ce qu’elles sont toutes désamorcées ? On ne sait pas ! Il faut faire attention."

Austin, lui, traverse le quartier à toute vitesse en brûlant un bâton de sauge. "J’imagine que vous pourriez dire que je purifie Bourbon Street. J’essaye juste d’en modifier l’énergie, on a de place que pour de l’énergie positive", tente-t-il de se rassurer.

Mais au fond, le Néo-Orléanais a encore du mal à lâcher prise et à profiter de l'enthousiasme général. "Je ne bois pas ce soir, je ne danse pas", lâche-t-il.

"J’ai été affecté probablement plus que ça n’aurait dû. Je ne sais pas pourquoi mais je suis en miettes émotionnellement depuis l’attaque."

Austin, habitant de La Nouvelle-Orléans

franceinfo

Pour autant, cet habitant du quartier ne blâme pas les noctambules. "Quelle est la bonne réaction face à une tragédie ?" s'interroge-t-il.

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