Ce que l'on sait de l'auteur de l'attaque à La Nouvelle-Orléans qui a fait au moins 14 morts et une trentaine de blessés

L'assaillant, identifié comme Shamsud-Din Jabbar, est un citoyen américain de 42 ans, né au Texas, a annoncé le FBI. Il a été abattu mercredi par la police, sur les lieux de l'attentat.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une rue bloquée à La Nouvelle-Orléans (Louisiane, Etats-Unis), dans le quartier où a eu lieu une attaque à la voiture-bélier, le 1er janvier 2025. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Son profil se précise. Le FBI a dévoilé l'identité de l'homme qui a précipité sa voiture sur la foule dans le touristique quartier français de La Nouvelle-Orléans (Louisiane), mercredi 1er janvier, faisant au moins 14 morts et une trentaine de blessés, selon un bilan revu et donné par la police fédérale américaine jeudi.

L'enquête se poursuit pour trouver d'éventuels complices de Shamsud-Din Jabbar. Voici ce que l'on sait du profil de l'assaillant à la voiture-bélier, abattu dans une fusillade avec la police. 

Un agent immobilier originaire du Texas

Agé de 42 ans, l'auteur des faits a été identifié comme Shamsud-Din Jabbar, un "ressortissant américain du Texas", selon un communiqué du FBI. Il a obtenu un diplôme en informatique à l'université de l'Etat de Géorgie, a affirmé un porte-parole de l'université à l'AFP. Shamsud-Din Jabbar a passé deux ans à y étudier, entre 2015 et 2017, selon cette même source. 

Dans une vidéo datant de 2020 consultée par l'AFP et qui a été retirée des réseaux sociaux, il dit être né et avoir grandi à Beaumont, au Texas. Il précise habiter désormais à Houston, une autre ville du Texas, et vante ses mérites en tant que "gestionnaire immobilier". "Ce qui me distingue vraiment des autres agents, c'est ma capacité à être un négociateur acharné", assure-t-il face à la caméra.

Un vétéran de l'armée américaine ayant exercé pendant huit ans

Posté devant un écran sur lequel apparaît en grand le mot "Discipline", Shamsud-Din Jabbar affirme dans cette même vidéo avoir travaillé pour l'armée dans les secteurs des "ressources humaines" et de l'informatique. Il déclare avoir "appris" dans les rangs de l'armée "ce que signifie être réactif et prendre tout au sérieux (...) pour s'assurer que les choses se passent sans problème".

Le ministère de la Défense américain corrobore la mention de ce passé militaire, qui s'étale sur presque huit ans : l'assaillant a intégré l'armée de 2007 à 2015, avec notamment un déploiement en Afghanistan de 2009 à 2010, où il a terminé avec le grade de sergent-chef. Shamsud-Din Jabbar a également été réserviste de 2015 à 2020. Le ministère ajoute qu'il a principalement œuvré en tant que spécialiste des technologies de l'information. L'agente du FBI Alethea Dunca a précisé lors d'une conférence de presse qu'il avait quitté l'armée de manière "honorable".

Deux mentions figurent sur son casier judiciaire 

Le casier judiciaire de Shamsud-Din Jabbar fait état de deux condamnations, a aussi annoncé le FBI devant la presse. Selon le New York Times, la première concerne un vol en 2002, la deuxième une conduite avec un permis non valide en 2005. Ces deux infractions mineures ont donc eu lieu avant son passage à l'armée. Il n'a jamais été traduit en justice pour des faits violents. Le quotidien américain rapporte que sur son compte X, supprimé depuis, l'homme avait exprimé à plusieurs reprises un intérêt pour les armes à feu. Les messages dataient de novembre et de décembre, toujours selon le New York Times.

Un père de trois enfants qui se plaignait de difficultés financières

Le quotidien américain relate aussi que l'assaillant disait être confronté à d'importantes difficultés financières : dans une lettre adressée en janvier 2022 à l'avocat de son épouse avec laquelle il était en instance de divorce, il écrivait avoir perdu 28 000 dollars (environ 27 000 euros) dans son agence et proposait de vendre leur maison et de partager le fruit de la vente. Il déplorait avoir contracté une dette de 16 000 dollars (environ 15 000 euros) sur sa carte de crédit. Il a cependant déclaré la même année travailler au sein d'un cabinet comptable et être rémunéré environ 120 000 dollars (environ 116 000 euros) par an, toujours selon le New York Times.

Le journal mentionne aussi l'existence de trois enfants : Shamsud-Din Jabbar a eu deux filles avec sa première femme, dont il s'est séparé en 2012, et un fils avec sa deuxième compagne, dont il était également séparé. L'aînée est âgée de 20 ans, la seconde de 15 ans et le dernier de 6 ans, détaille le quotidien américain.

Un homme "inspiré" par le groupe Etat islamique avec un "désir de tuer"

Le frère de l'assaillant, Abdur Jabbar, 24 ans, a précisé dans les colonnes du New York Times que Shamsud-Din Jabbar s'était converti à l'islam à un jeune âge, soulignant que "ce qu'il a fait ne représente pas l'islam" et qu'il y voit "plutôt une forme de radicalisation". Il parle de son frère comme d'"un amour, un gars sympa, un ami, très intelligent, attentionné". Chris Pousson, un vétéran de l'armée de l'air qui dit avoir fréquenté le même collège et lycée que le conducteur de la voiture-bélier, a quant à lui affirmé au quotidien que Shamsud-Din Jabbar s'était de plus en plus exprimé sur sa foi musulmane depuis 2015, après son passage dans l'armée.

Il fait notamment état de nombreuses publications sur sa page Facebook à partir de cette période. "Ce n'était jamais des trucs d'extrémistes musulmans, et il ne menaçait jamais de recourir à la violence, mais on pouvait voir qu'il était devenu vraiment passionné", a déclaré au New York Times celui qui considérait Shamsud-Din Jabbar comme une "personne calme et réservée"

Les propos des proches de l'assaillant sur sa potentielle radicalisation semblent aller dans le même sens que les premiers éléments de l'enquête. Le FBI a rapporté mercredi dans un communiqué qu'"un drapeau [du groupe jihadiste] Etat Islamique se trouvait dans son véhicule". Le président américain, Joe Biden, a aussi souligné dans un discours mercredi soir que Shamsud-Din Jabbar avait "publié sur les réseaux sociaux des vidéos indiquant qu'il était inspiré par [le groupe] Etat islamique" et qu'il était habité d'un "désir de tuer".

Sur la base de ces vidéos, le FBI a annoncé jeudi lors d'une conférence de presse que l'assaillant avait "rejoint l'Etat islamique cet été" et qu'il avait rédigé un testament. Après avoir évoqué d'éventuelles complicités, la police fédérale semble désormais privilégier la piste d'un homme ayant agi seul. "Nous n'estimons pas à ce stade que d'autres personnes étaient impliquées dans cette attaque", a déclaré Christopher Raia, un haut responsable du FBI. Les autorités ont également précisé que deux engins explosifs artisanaux et des engins factices avaient également été retrouvés.

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