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Sarah Palin, Américaine conservatrice et politicienne atypique

Après une légère éclipse, Sarah Palin revient sur le devant de la scène médiatique. Elle vient de lancer sa chaîne de télévision payante sur le web (sauf pour les soldats). Elle se fait fort d'y «court-circuiter le discours politiquement correct des médias officiels», pour parler directement aux Américains. Retour sur le parcours d'une femme politique pour le moins déroutante.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Belleville (Etats-Unis), le 14 juillet 2012. Sarah Palin à une convention du Tea Party.

 (Bill Pugliano/Getty Images/AFP)

Malgré des postes successifs de conseillère municipale de Wasilla (Alaska), 7.800 habitants, de maire de cette même bourgade, puis de gouverneure de l'Alaska pendant trois ans, peu de choses prédestinaient Sarah Palin, mère de cinq enfants, à être candidate à la vice-présidence des Etats-Unis.

Une candidate improbable
Pourtant, en 2008, elle se présente aux côtés de John McCain aux élections américaines, représentant le ticket Républicain pour la présidence et la vice-présidence des Etats-Unis. L'Amérique et le monde découvrent alors cette jolie femme, pas du tout préparée au parcours plein d'embûches qui sera le sien. Rien ne lui sera épargné, mais elle aussi utilisera toutes les armes à sa disposition. La grossesse hors mariage de sa fille aînée de 17 ans l'affaiblit ? Le syndrôme de Down (trisomie 21) de son petit dernier la renforce. Et une bonne partie de l'Amérique profonde et conservatrice se reconnaît en elle. A l'inverse, les milieux intellectuels et avertis eux, sont atterrés par cette ancienne première dauphine de Miss Alaska 1982.



Elle obtient son premier passeport en 2006. Et son voyage de soutien aux troupes de la garde nationale d'Alaska en Irak et au Koweit en 2007 sera, à quelques escapades près chez son (très proche) voisin le Canada, sa seule sortie du territoire, ce qui donne une ouverture sur le monde très relative. Elle sera réputée pour ses bourdes et son inculture, résultats de la totale impréparation d'une femme venue d'un Etat isolé, très peu peuplé dont elle n'est pratiquement pas sortie.

La risée générale
Quand les journalistes interrogent la candidate à la vice-présidence des Etats-Unis sur le sauvetage du système financier américain, elle répond : «Le plan de renflouement aidera au final ceux qui sont inquiets à propos de la réforme de l'assurance santé, nécessaire pour aider l'économie à se renforcer afin d'aider... Enfin, tout ça concerne la création d'emplois aussi» (sic)

Les médias s'en donnent à cœur joie, toutes les émissions satiriques la brocardent, internet l'éreinte et les bêtisiers fleurissent. Pour autant, elle est fière de ses valeurs familiales, pro-life (anti-avortement), et milite pour la peine de mort. Elle estime que le créationnisme doit être enseigné dans les écoles au même titre que la théorie de l'évolution. Elle clame son amour pour la pêche, la chasse à l'ours polaire en hélicoptère et les armes à feu. Elle est membre de la National Rifle Association (association très puissante pour la défense des armes à feu, ndlr).

Les idées de Sarah Palin sur l'environnement sont tout aussi arrêtées: l'homme n'a probablement rien à voir avec le réchauffement climatique et elle a même déposé plainte à Washington, quand George W.Bush avait décidé de placer l'ours polaire sur la liste des espèces menacées.

De la téléréalité
A l'image des Kardashian, elle fait l'objet d'une émission de téléréalité Amazing America où on suit la famille Palin voyageant dans divers Etats des Etats-Unis et où sont exaltées les valeurs d'une Amérique profonde et conservatrice précédemment évoquée. Cette émission sur la chaîne de sport Sportsman Channel a commencé en avril 2014, mais Sarah Palin n'en était pas à son coup d'essai puisqu'en 2010 elle avait animé Sarah Palin's Alaska, une émission à la gloire de l'Alaska dont il fallait montrer «les merveilles et la majesté».

L'étape suivante est donc maintenant le lancement d'une chaîne web payante, où elle pourra dire ce qu'elle veut, sans filtre, ni censure. Pour 9.95 dollars par mois, l'internaute téléspectateur pourra voir Sarah Palin se livrer à une de ses activités favorites : dire tout le mal qu'elle pense de Barack Obama. L'actuel président pourra y écouter les solutions qu'elle propose aux différents problèmes de société ou économiques et, pour le même prix, suivre encore et toujours les aventures de la famille Palin au grand complet.

Une tribune parfaite et sans contradicteurs pour relancer sa carrière politique, voire viser une réélection.


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