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Seconde guerre mondiale : Le dernier des 29 "code talkers" navajos est mort

Se transmettre des informations sans que l'ennemi ne les comprenne, c'est le nerf de toute bonne guerre. Mais il bien connu, n'importe quel code secret est «craquable» à plus ou moins brève échéance. Sauf la langue des navajos, ces indiens d'Amérique, une langue à tons et sans transcription. Une aubaine que les américains ont su mettre a profit contre les japonais.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
 Washington (Etats-Unis) 2012. Vétérans «code talkers» écoutant un discours de Barack Obama. ( REUTERS/Larry Downing)

Ils ont été 29. 29 indiens navajos qui se sont parlés entre eux pendant la seconde guerre mondiale, se sont transmis des informations vitales pour le bon déroulement de la guerre. 29 hommes incontournables sans qui le cours de l'histoire aurait peut être changé. Ils ont été appelés des «code talkers» (transmetteur de code).

Pourtant tout n'avait pas formidablement commencé pour Chester Nez et ses condisciples. Parce que Navajos, la population et le gouvernement américains les méprisaient et les considéraient comme des citoyens de seconde zone. Enfants, ils furent obligés de partir en internat où parler leur langue maternelle leur était strictement interdit. Il leur fallait entrer dans le moule anglo-saxon, rayer leur spécificité de premiers occupants de ce pays coûte que coûte. 

Quand le conflit de la seconde guerre mondiale touche les américains, leurs "champs de bataille" se trouvent essentiellement dans le Pacifique. Principal ennemi : le Japon. Enjeu majeur, attaquer l'ennemi en le surprenant. Sauf que les japonais anticipent à merveille les mouvements militaires américains. De toute évidence ils captent et décodent les messages. Vient alors l'idée de génie. 

Utiliser ces indiens Navajos et leur langue tellement étrange. Une langue à tons dont il n'existe, avantage indéniable, aucune transcription, et donc pas de possibilité de la décrypter. Les autorités sont allées chercher ces jeunes indiens dans leur internat, et sans plus de formalités (ils n'ont jamais dit au revoir à leur famille), ils sont partis en 1942 pour Guadalcanal et autres théâtre de guerre. Ils parleront enfin leur langue natale sur tous les champs de bataille, se transmettant des informations primordiales. Les japonais, puis ultérieurement en Europe les Allemands, ne réussirent jamais à percer le secret de leurs transmissions. De 29 au départ, leur groupe compta jusqu'à 420 membres.


De retour aux Etats-Unis, ils furent réduits au silence sur leurs exploits, au cas où une autre guerre nécessiterait de nouveau leurs services. En guise de remerciements, ils essuyèrent discrimination et insultes. Beaucoup d'entre eux souffrirent de ce qui sera ultérieurement identifié comme le syndrôme de stress post traumatique et finirent à la rue, noyés dans l'alcool. 

Chester Nez, d'un naturel peu loquace respecta les ordres à la lettre et même sa famille mit un temps fou à connaître la nature de son engagement militaire. Avec l'aide de Judith Avila il écrivit un livre de mémoires racontant enfin l'histoire de ces guerriers navajos d'un genre nouveau.

Ce n'est qu'en 2001 que la nation leur rendra hommage, et les décorera de la médaille d'or du Congrès.

Le 5 juin 2014, Chester Nez, dernier survivant des 29 «code talkers» initiaux, s'est éteint paisiblement dans son sommeil.

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