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Sport et diplomatie : quelles relations?

Le sport et la diplomatie font-ils bon ménage ? Oui, peuvent dire Américains et Chinois en raison de la reprise de leurs relations entamée officiellement en 1972 grâce à une tournée de tennis de table. Non, peuvent dire Honduriens et Salvadoriens après un match de foot qui a déclenché une guerre entre les deux pays en 1969.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La rencontre en 1972 à Pékin entre Mao et Nixon: un des résultats de la «diplomatie du ping-pong» (AFP - Xinhua)

Au VIIIe siècle avant J.-C., les Grecs avaient établi la Trêve (ekecheiria) en tant que principe sacré de l’olympisme. Les cités, dont les athlètes participaient aux Jeux olympiques, s'engageaient alors à cesser les hostilités (fréquentes) sept jours avant et après les épreuves pour permettre le libre passage des sportifs. Il y avait donc déjà, en quelque sorte, une diplomatie du sport avant l’heure.

Aujourd’hui, le Comité international olympique a pour mission «de mettre le sport au service de l'humanité et de promouvoir la paix» Les anneaux entendent ainsi «symboliser le respect par l’union de toutes les nations et de tous les continents sans qu’il y ait discrimination». Vaste  programme… Au-delà de l’idéalisme de Pierre de Coubertin, rénovateur des J.O. au XIXe, surgit une question : les Jeux, et en général le sport, peuvent-ils être les vecteurs de la diplomatie ? Deux exemples contradictoires : l’Inde et le Pakistan d’un côté ; le Honduras et le Salvador, de l’autre.

Dans le premier cas, la «diplomatie du cricket» a permis de rapprocher deux pays aux relations chaotiques, où ceux qui pratiquent ce sport à un haut niveau ont quasiment la stature de héros antiques. Après une rupture diplomatique de 1961 à 1978, le contact entre les deux Etats est «renoué avec les cricket series de 1978», raconte un historien indien, Boria Majumdar.

La "diplomatie du cricket" entre l'Inde et le Pakistan


Timesnowonline, le 28 mars 2011 (en anglais)

Exemple inverse : en juillet 1969, après des débordements entre supporters des équipes de football du Honduras et du Salvador au cours d’un match de qualification pour le Mondial, éclate… un conflit armé. Lequel fera 2000 morts.

Les grandes compétitions sportives et leur couverture médiatique mondiale, l’émotion qui en découle, ont toujours été récupérées par les pouvoirs en place. On se souvient ainsi de l’exploitation des Jeux de 1936 par le régime nazi qui en avait fait une vitrine de la prétendue «nouvelle Allemagne». De son côté, l’ex-RDA stalinienne tentait d’améliorer une image peu reluisante grâce aux performances de ses athlètes souvent dopés.

Mais au-delà, ce type d’évènement peut être le prétexte (au bon sens du terme) de subtiles manœuvres diplomatiques. On l’a vu en 2009 lors d’un match de foot entre la Turquie et l’Arménie. Il y eut aussi la «diplomatie du ping pong» en 1971 entre la Chine maoïste et les Etats-Unis, alors plus qu’en froid. L’équipe américaine de tennis de table avait alors été invitée (pour la première fois depuis 1949) par son homologue chinoise à une tournée dans l’Empire du  Milieu, prélude à une visite du président Nixon à Pékin (1972). «Le bruit des balles sur la table [a été] entendu dans le monde entier», avait alors noté l’hebdomadaire Time.

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