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Benoît XVI, le pape qui avait choisi de démissionner
Il y a 4 ans, le 11 février 2013, le pape Benoît XVI démissionnait. L'annonce de sa renonciation qui a suscité la stupéfaction générale était pourtant prévisible.
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«Je déclare renoncer au ministère d’Evêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux, le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à 20 heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant», annonce le 11 février 2013 le pape Benoît XVI. Le cardinal Joseph Ratzinger vient de renoncer à sa charge de souverain pontife. Une première en sept siècles.
Chronique d’une démission annoncée
S'il n’est pas le seul à y avoir pensé, c'est pourtant lui qui franchira le rubicon. Tout le pontificat de Benoît XVI, y compris ses premières heures, semblait pourtant présager de cette renonciation.
Sa désignation par ses pairs l'avait déjà laissé «incrédule» et lui avait causé des nuits blanches, admet-il dans Benoît XVI, denières conversations (Fayard), son dernier livre d'entretiens avec le journaliste allemand Peter Seewald, paru en septembre 2016.
Joseph Ratzinger «discute cette hypothèse (de la démission) dans Lumière du monde (précédent livre d'entretiens avec Peter Seewald publié en 2010)», souligne Giovanni Maria Vian, directeur de L'Osservatore Romano dans les colonnes de La Vie.
De même, poursuit le journaliste, dans la première encyclique du pape émérite, Deus caritas est, on peut lire: «C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous. Nous, nous lui offrons uniquement nos services, pour autant que nous le pouvons, et tant qu’il nous en donne la force.»
Dans Benoît XVI, dernières conversations, le pape émérite revient largement sur la genèse d'une renonciation. Entre autres sur le fait qu’il avait indiqué que son pontificat risquait d’être court, notamment du fait de son âge (il est élu à l’âge de 78 ans).
«J’étais conscient que ma charge était d’une autre nature»
Ce constat personnel aura influé sur son programme papal, reconnaît-il dans l'ouvrage. «Je n’ai pas pu m’atteler à des tâches de longue haleine (…). J’étais conscient que ma charge était d’une autre nature, que je devais avant tout chercher à révéler la signification de la foi dans le monde d’aujourd’hui (…). La foi, la raison, voilà où résidait ma mission à mes yeux. La durée de mon pontificat n’avait pas d’importance pour cela.»
Le déclic ultime se produit au retour de son voyage au Mexique et à Cuba en mars 2012. «Le voyage (…) a été extraordinaire, raconte à La Vie Giovanni Maria Vian. Le pape est rentré fin mars et il s'est effondré, épuisé. C'est là, entre mars et avril 2012, qu'il a pris sa décision. Il l'a confiée à deux ou trois personnes, et le cercle s'est petit à petit élargi, en toute discrétion.»
Joseph Ratzinger se réjouit aujourd'hui encore de sa décison. «Je remercie Dieu que cette responsabilité, que je ne pouvais plus porter, ne pèse plus sur moi, que je puisse en toute humilité avancer avec Lui, pouvoir vivre avec des amis et que des amis puissent me rendre visite», confie-t-il à Peter Seewald.
Benoît XVI devrait célébrer ses 90 printemps le 17 avril 2017. Il s’est retiré au couvent Matter Ecclesia, l'ancienne maison des jardiniers du Vatican. Depuis sa démission, les apparitions publiques du pape émérite sont rares.
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