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Affaire Barbarin : "Est-ce que la France doit renvoyer des cardinaux ? La question se pose"

"La conspiration du silence a trop duré au sein de l'Église pour cacher ces affaires de pédophilie", estime Mgr Olivier Ribadeau Dumas, porte-parole de la Conférence des évêques de France.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Mgr Olivier Ribadeau Dumas, le 10 octobre 2016. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Mgr Olivier Ribadeau Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France, affirme mercredi 22 août sur France Inter que la "lutte contre la pédophilie ne peut pas être uniquement l'affaire des évêques mais [qu'elle] est l'affaire de tous". Il montre une grande détermination à ce sujet : "Il y a eu un renvoi de cardinaux il y a dix jours aux États-Unis. Est-ce que la France doit renvoyer des cardinaux ? La question se pose", alors qu'un prêtre de Valence a lancé une pétition pour réclamer la démission du cardinal Barbarin, poursuivi pour ne pas avoir dénoncé les agissements du père Preynat, accusé d'abus sexuels sur de jeunes scouts dans les années 1980 et 1990.

franceinfo : Le pape François a demandé lundi, dans une lettre, à tous les baptisés de s'impliquer dans la lutte contre les abus. Le père Vignon a-t-il donc eu raison de réclamer cette démission ?

Olivier Ribadeau Dumas : Je ne me permettrais pas de juger. Ce qui est important, c'est ce que le pape a dit dans cette lettre envoyée au peuple de Dieu. C'est un événement rare qu'un pape écrive à l'ensemble des baptisés. Il a écrit à un 1,4 milliard de catholiques dans le monde, en leur disant que cela ne pouvait plus durer comme cela. Cette lutte contre la pédophilie ne peut pas être uniquement l'affaire des évêques mais c'est l'affaire de tous. Il a invité les catholiques à agir pour qu'ils puissent être eux-mêmes acteurs de cette lutte, pour qu'ils ne puissent plus faire partie d'une espèce de conspiration du silence qui, de fait, a trop duré au sein de l'Église pour cacher ces affaires de pédophilie.

Est-ce une lettre de circonstance ou est-ce le début d'une remise en cause durable au sein de l'Église ?

Il me semble que c'est la continuation d'une remise en cause durable. Cela fait des années que l'Église est aux prises avec ces questions épouvantables. Le fait que le pape parle ainsi, ce n'est pas la loi du silence. Le fait que le père Vignon puisse écrire cette lettre, ce n'est pas la loi du silence. Il y a maintenant deux ans et demi que la Conférence des évêques de France a pris des mesures claires pour une collaboration avec la justice, la dénonciation des faits, le signalement, l'accueil et l'accompagnement des victimes. Il y a eu un renvoi de cardinaux il y a dix jours aux États-Unis. Est-ce que la France doit renvoyer des cardinaux ? La question se pose. Jusqu'à maintenant, je comprends qu'il puisse y avoir une colère, une interrogation mais il y a une action en justice qui existe. Je comprends aussi que cette justice doit passer pour qu'une décision puisse être prise. Les actions existent : les évêques reçoivent régulièrement des victimes et honnêtement, je crois qu'ils sont sans complaisance vis-à-vis des auteurs de crimes pédophiles.

La Commission pontificale mise en place par le pape pour la protection des mineurs ne ressemble-t-elle pas à une coquille vide ? Plusieurs de ces membres ont d'ailleurs démissionné car ils estimaient ne pas agir assez vite et assez loin...

C'est donc que l'action doit se poursuivre. Une nouvelle commission est en place depuis quelques temps, avec de nouveaux membres parmi lesquels des victimes. La Commission continue de travailler et je sais que la lutte contre la pédophilie au sein de l'Église ne cessera pas. Le pape dit cela aussi : vous ne pouvez plus vous taire, il faut que vous dénonciez tous les faits qui vont contre l'intégrité et la dignité des enfants et des personnes vulnérables. Il faut que partout dans le monde, on entende ce cri du pape, ce n'est que comme cela que l'on pourra sortir de ce fléau immonde.

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