Canada : en pleine "perte de vitesse" de la religion catholique au Québec, le pape célèbre une nouvelle messe pour les autochtones
À Saint-Anne-de-Beaupré, au Québec, le pape François a célébré jeudi 28 juillet une nouvelle messe de réconciliation entre l'Eglise et les peuples autochotnes. Une célébration où peu de Canadiens non-autochtones se sont rendus.
Au cinquième jour de son pèlerinage pénitentiel au Canada, le pape François a pris un bain de foule avant de participer à une messe dans le plus ancien sanctuaire catholique d'Amérique du Nord, à Sainte-Anne-de-Beaupré, lors de laquelle il a proposé de refonder les liens de l'Eglise avec les peuples autochtones.
"Ce n'est pas populaire en ce moment"
S'il est acclamé lorsqu'il salue et bénie de sa papamobile, le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques dans le monde, a surtout rassemblé les autochtones. C'est le cas d'Adelina Bacon, d'origine innue, un peuple autochtone originaire de l’Est de la péninsule du Québec-Labrador.
Il y a beaucoup à apprendre des #PeuplesAutochtones, de leur capacité de se mettre à l’écoute de Dieu, des personnes et de la nature. Nous en avons besoin dans la frénésie tourbillonnante du monde, qui rend difficile un développement, durable et intégral. #Canada
— Pape François (@Pontifex_fr) July 28, 2022
Arrivée dès 5 heures du matin malgré ses 79 ans, elle est très attachée au sanctuaire, une sorte de Lourdes canadien bien plus ancien. "Moi, ça fait 40 ans que je viens chaque année. C'est un lieu de guérison. C'est un lieu d'invocation à la bonne Sainte-Anne. Les autochtones la vénèrent beaucoup, beaucoup. Et on est très croyants quand même, nos enfants aussi", confie Adelina. Elle espère seulement que "quand [elle] sera plus là", ses enfants prendront la relève.
L'immense majorité des fidèles est autochtone. Ils dorment dans le camping du sanctuaire. Au milieu de la foule, Patrice est l'un des rares Québécois présent et n'en revient pas d'être là : "Mon patron m'a laissé venir parce que j'aurais dû travailler. Il m'a laissé venir à Sainte-Anne-de-Beaupré. C'est une grâce tombée du ciel", s'enthousiasme-t-il.
Une "grâce tombée du ciel" car la religion catholique est vue d'un mauvais œil au Québec. Un problème de génération pour sa femme, Julie : "Dans la société ou dans l'époque d'aujourd'hui, on n'a pas besoin de Dieu dans nos vies. C'est quasiment marginal. Mais en même temps, on est éparpillés, surtout en tant que jeunes. En fait, c'est juste que ce n'est pas populaire en ce moment".
Des catholiques de moins en moins nombreux
Pierre-Louis est Québécois lui-aussi. Pas vraiment pratiquant, Il se pose de nombreuses questions sur la religion. Il est venu ici en historien, dit-il.
"La transmission de la foi au Québec se perd. La pratique en tant que telle est en perte de vitesse"
Pierre-Louis, Québécois présent à Saint-Anne-de-Baupréfranceinfo
Pierre-Louis le constate lui-même. Très peu de Québécois sont présents pour voir le souverain pontife. La province francophone de Québec compte pourtant le plus grand nombre de catholiques au Canada. "On semble constater, en tout cas de notre petit point de vue, qu'il y a très peu de Québécois. Il y a beaucoup d'autres nationalités qui sont traditionnellement beaucoup plus catholiques que nous. Quand on regardait les réseaux sociaux, on voyait beaucoup de mécontentement quant à la venue de ce pape de la part des Québécois", souligne-t-il.
Mais certains autochtones n'acceptent pas non plus cette visite. Juste devant l'autel, à l'intérieur du sanctuaire, des manifestants ont réussi à déployer une banderole de protestation au début de la messe, à quelques mètres du pape François.
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