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Tentative d'attentat contre Maduro : "Il n’y a pas d’observateur sur place qui puisse vraiment vérifier"

Selon François-Xavier Freland, journaliste spécialiste du Venezuela, le président Maduro a de nombreux ennemis.

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les membres de la sécurité de Nicolas Maduro le protège durant son discours, au moment de la tentative d'attentat, le 4 août 2018.  (XINHUA / XINHUA)

Au Venezuela, le président Nicolas Maduro affirme avoir échappé à un attentat au drone, revendiqué par un mystérieux groupe rebelle. Selon François-Xavier Freland, journaliste indépendant spécialiste du pays interrogé dimanche 5 août sur franceinfo, le président Nicolas Maduro "n’a pas comme seul ennemi le président colombien", mais une grande partie de sa population. L’auteur de Qui veut la peau d’Hugo Chavez ? et du documentaire Il était une fois la révolution de Chavez, indique aussi qu’il est impossible de "vraiment vérifier", si cet attentat a bien eu lieu car les médias "ont été repris en main par le pouvoir"


franceinfo : Est-ce que cet attentat contre Nicolas Maduro vous surprend ?

François-Xavier Freland : Nicolas Maduro n’a pas comme seul ennemi le président colombien, qui va bientôt partir. Il va laisser la place à un personnage plus rude que lui et qui vient d’être élu, Ivan Duque. Maduro aurait contre lui 85 % de sa population, selon des sondages sortis récemment, qui sont évidemment à prendre avec des pincettes puisque qu’ils sont réalisés en général par les rares medias d’opposition qui subsistent dans le pays. Au Venezuela, les journaux et les chaînes de télévision ont été repris en main par le pouvoir. Et d’ailleurs, il ne faut pas aller trop vite sur cet attentat. On n’a pas d’images car le direct a été coupé et il n’y a pas d’observateur sur place qui puisse vraiment vérifier s’il y a eu réellement une tentative d’attentat contre Maduro. On ne le saura d’ailleurs sans doute jamais.


Alors que l’inflation pourrait atteindre 1 000 000 % selon le FMI, les Vénézuéliens continuent à fuir leur pays...

Entre 4 et 5 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays. Majoritairement les pauvres, autrefois électeurs chavistes, qui aujourd’hui fuient la malnutrition et les maladies qui ont ressurgi par endroits comme la tuberculose. C’est actuellement un pays vraiment malade et c’est pour ça qu’ils sont très nombreux à partir vers les pays libéraux de la région comme la Colombie et le Pérou, qui ont du mal à gérer ces arrivées massives de migrants.


Un an après le lancement de la constituante pour mettre fin à une vague de protestations dans le pays, le pays risque-t-il de sombrer à nouveau dans la violence ?

J’ai rencontré il y a une quinzaine de jours une dissidente, l’ancienne procureure générale du pays, Luisa Ortega Díaz, qui s’est réfugiée à Bogota en Colombie. Elle s’est enfuie de manière rocambolesque par bateau juste après la mise en place de cette constituante dont la première décision a été de la destituer. Elle m’a dit qu’au Venezuela actuellement le système répressif est tel qu’il n’y a plus d’opposition possible. Et on peut redouter qu’il y ait un coup de vis après cet attentat. On peut notamment craindre pour la vie des jeunes opposants politiques en prison, dans lesquelles la torture est pratiquée, selon Amnesty International. C’est un pays qui est en train d’imploser et on peut craindre que cela se transforme à un moment en une guerre civile. C’est le risque dans un pays économiquement à bout.

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