Cet article date de plus de huit ans.
Zika, un virus bénin avec des exceptions très graves
L’épidémie de Zika se propage «de manière explosive» sur le continent américain, a annoncé le 28 janvier 2016 l’OMS qui parle d’un «niveau d’alarme extrêmement élevé». La menace est-elle effectivement importante ? Et y a-t-il un risque pour la France ? Les réponses du professeur Jean-François Delfressy, directeur de l’Institut immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie à l’INSERM.
Publié
Temps de lecture : 4min
Croyez-vous à une possible propagation de Zika dans le monde entier ?
Pour répondre à cette question, il faut tenir compte à la fois de l’agent pathogène, le virus ; de son vecteur, le moustique (la propagation par voie sexuelle n’est pas prouvée); de l’environnement dans lequel ce moustique évolue. L’un ne peut aller sans les deux autres.
Or ici, c’est peut-être le vecteur qui a changé avec le réchauffement climatique, en l’occurrence le moustique Aedes, dont le fameux moustique tigre. Il est remonté vers le sud de l’Espagne, et maintenant de la France. On assiste au même phénomène aux Etats-Unis.
Il faut aussi tenir compte de changements sociétaux, comme l’augmentation des voyages. En l’occurrence, l’augmentation des cas au Brésil est peut-être liée aux voyageurs venus dans le pays pour la Coupe du monde de football en 2014. Alors qu’on s’attendait à une hausse des cas de chikungunya.
Au départ, le virus vient d’Afrique centrale. De là, il est passé en Asie du Sud-Est, dans la zone Pacifique (il y a eu une épidémie en Polynésie en 2013-2014), puis au Brésil. Il est ensuite remonté vers la Colombie, les Caraïbes, les Etats-Unis…
Alors, évidemment, pourquoi l’épidémie ne toucherait-elle pas le monde entier ? Cela peut s’envisager dans la mesure où l’on a un virus, porté par des moustiques qui ont changé dans leur localisation et ont investi des régions du globe qui n’étaient initialement pas touchées. On a vu une évolution similaire avec d’autres cousins du Zika comme la dengue et le chikungunya où quelques cas ont été constatés en France.
Mais la possibilité que le virus arrive en Europe est pour l’instant limitée car le continent est actuellement en zone d’hiver. Il faut donc attendre le printemps. De plus, l’environnement et les conditions sanitaires ne sont pas les mêmes que dans les zones tropicales où il sévit. Par exemple, les eaux stagnantes y sont rares. Dans ce contexte, je ne crois pas à une pandémie.
Quelles sont les complications liées à Zika ?
Je veux insister sur le fait que le virus est totalement différent d’Ebola, maladie mortelle à 70% pour l’homme. Zika, lui, est bénin dans 97-98% des cas. Il ressemble alors à une grippe un peu sévère.
Il est bénin, mais à deux exceptions près. D’abord dans les zones subtropicales touchées, on constate une augmentation des cas de syndrome de Guillain-Barré. Ces atteintes neurologiques se traduisent par une paralysie du système nerveux. Dans les pays riches, les malades sont en général rétablis au bout de trois à quatre semaines de convalescence. La situation est évidemment beaucoup plus difficile dans les pays pauvres. Mais au final, peu de gens sont touchées : il n’y a pas d’explosion des cas.
Seconde exception : même si pour l’instant, le lien scientifique avec le virus n’est pas encore prouvé, il semble que ce dernier provoque chez les fœtus une malformation cérébrale, les microcéphalies. La majorité des bébés concernés naissent infirmes cérébraux moteurs. D’où la crainte que si le virus continue à progresser, il y ait une augmentation de malades.
Tout en évoquant les conséquences graves du virus, vous cherchez visiblement à dédramatiser la situation…
Oui. Le Zika n’est pas une maladie grave, sauf pour les deux cas que je viens de signaler. Mais il convient d’être d’autant plus vigilant qu’on n’a ni médicament ni vaccin pour le combattre. De nombreuses recherches sont en cours. Croyez-moi : depuis la fin d’Ebola, les scientifiques n’ont pas eu le temps de souffler !
Dans ce contexte, que conseillez-vous ?
La prévention. Il faut limiter la prolifération des moustiques dans les zones concernées. Quand on y vit ou que l’on doit s’y rendre, on doit utiliser des produits de protection répulsifs, mettre des vêtements légers qui recouvrent tout le corps. Et il faut dire aux femmes enceintes que ce n’est pas le moment d’aller aux Antilles et au Brésil.
Pour répondre à cette question, il faut tenir compte à la fois de l’agent pathogène, le virus ; de son vecteur, le moustique (la propagation par voie sexuelle n’est pas prouvée); de l’environnement dans lequel ce moustique évolue. L’un ne peut aller sans les deux autres.
Or ici, c’est peut-être le vecteur qui a changé avec le réchauffement climatique, en l’occurrence le moustique Aedes, dont le fameux moustique tigre. Il est remonté vers le sud de l’Espagne, et maintenant de la France. On assiste au même phénomène aux Etats-Unis.
Il faut aussi tenir compte de changements sociétaux, comme l’augmentation des voyages. En l’occurrence, l’augmentation des cas au Brésil est peut-être liée aux voyageurs venus dans le pays pour la Coupe du monde de football en 2014. Alors qu’on s’attendait à une hausse des cas de chikungunya.
Au départ, le virus vient d’Afrique centrale. De là, il est passé en Asie du Sud-Est, dans la zone Pacifique (il y a eu une épidémie en Polynésie en 2013-2014), puis au Brésil. Il est ensuite remonté vers la Colombie, les Caraïbes, les Etats-Unis…
Alors, évidemment, pourquoi l’épidémie ne toucherait-elle pas le monde entier ? Cela peut s’envisager dans la mesure où l’on a un virus, porté par des moustiques qui ont changé dans leur localisation et ont investi des régions du globe qui n’étaient initialement pas touchées. On a vu une évolution similaire avec d’autres cousins du Zika comme la dengue et le chikungunya où quelques cas ont été constatés en France.
Mais la possibilité que le virus arrive en Europe est pour l’instant limitée car le continent est actuellement en zone d’hiver. Il faut donc attendre le printemps. De plus, l’environnement et les conditions sanitaires ne sont pas les mêmes que dans les zones tropicales où il sévit. Par exemple, les eaux stagnantes y sont rares. Dans ce contexte, je ne crois pas à une pandémie.
Quelles sont les complications liées à Zika ?
Je veux insister sur le fait que le virus est totalement différent d’Ebola, maladie mortelle à 70% pour l’homme. Zika, lui, est bénin dans 97-98% des cas. Il ressemble alors à une grippe un peu sévère.
Il est bénin, mais à deux exceptions près. D’abord dans les zones subtropicales touchées, on constate une augmentation des cas de syndrome de Guillain-Barré. Ces atteintes neurologiques se traduisent par une paralysie du système nerveux. Dans les pays riches, les malades sont en général rétablis au bout de trois à quatre semaines de convalescence. La situation est évidemment beaucoup plus difficile dans les pays pauvres. Mais au final, peu de gens sont touchées : il n’y a pas d’explosion des cas.
Seconde exception : même si pour l’instant, le lien scientifique avec le virus n’est pas encore prouvé, il semble que ce dernier provoque chez les fœtus une malformation cérébrale, les microcéphalies. La majorité des bébés concernés naissent infirmes cérébraux moteurs. D’où la crainte que si le virus continue à progresser, il y ait une augmentation de malades.
Tout en évoquant les conséquences graves du virus, vous cherchez visiblement à dédramatiser la situation…
Oui. Le Zika n’est pas une maladie grave, sauf pour les deux cas que je viens de signaler. Mais il convient d’être d’autant plus vigilant qu’on n’a ni médicament ni vaccin pour le combattre. De nombreuses recherches sont en cours. Croyez-moi : depuis la fin d’Ebola, les scientifiques n’ont pas eu le temps de souffler !
Dans ce contexte, que conseillez-vous ?
La prévention. Il faut limiter la prolifération des moustiques dans les zones concernées. Quand on y vit ou que l’on doit s’y rendre, on doit utiliser des produits de protection répulsifs, mettre des vêtements légers qui recouvrent tout le corps. Et il faut dire aux femmes enceintes que ce n’est pas le moment d’aller aux Antilles et au Brésil.
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