Paris suspects : fini les ennuis pour les handballeurs ?
La levée du contrôle judiciaire de Nikola Karabatic et des autres suspects ne signifie pas la levée de leur mise en examen. En revanche, certains d'entre eux vont pouvoir retrouver les terrains.
HANDBALL-PARIS SUSPECTS – Le coup de sifflet final est-il proche dans l'affaire des paris suspects ? La cour d'appel de Montpellier a levé, jeudi 25 octobre, le contrôle judiciaire des handballeurs mis en examen pour "escroquerie", dont Nikola Karabatic. L'avocat de la star, Jean-Robert Phung, y voit "un démenti cinglant au procureur et au juge d'instruction alors qu'ils disaient avoir des preuves que le match a été truqué" et espère pouvoir rapidement tourner la page de cette "hallucination juridique". Francetv info fait le point sur ce qui attend désormais les joueurs.
Vont-ils retrouver les terrains ?
Pas pour l'instant à Montpellier. Nikola Karabatic, son frère Luka, Primoz Prost et Issam Tej, les quatre joueurs montpelliérains qui ont vu leur contrôle judiciaire levé jeudi, sont toujours "actuellement en arrêt maladie", rappelle leur club. Face à la pression de cette affaire, des certificats médicaux ont été établis le 3 octobre, six jours avant que le club n'ajoute à ces arrêts de travail une suspension de contrat due aux conditions du contrôle judiciaire. Même si les joueurs sont à nouveau autorisés à voir les membres du club, leur retour sur les parquets n'est pas à l'ordre du jour, pas plus que pour leur coéquipier Dragan Gajic.
Lui aussi privé de paie, le Slovène est libéré de son contrôle judiciaire depuis le 19 octobre, du fait de son rôle moindre dans l'affaire (il a simplement prêté de l'argent à l'un des joueurs impliqués). Il ne sera pas aligné jeudi soir face à Dunkerque, mais il "rejoindra sa sélection nationale dès ce week-end", selon le club de Montpellier.
C'est déjà fait à Paris. Un temps suspendus par leur club, les joueurs du PSG Handball Samuel Honrubia et Mladen Bojinovic ont repris l'entraînement depuis le 8 octobre, grâce à un contrôle judiciaire allégé (et désormais levé), selon L'Express. Ils ont participé aux trois dernières rencontres du PSG, inscrivant respectivement 23 et 16 buts. Samuel Honrubia possède encore une mince chance d'être convoqué en équipe de France (tout comme Nikola Karabatic) d'ici le 29 octobre. En effet, le sélectionneur, Claude Onesta, n'a pas exclu d'élargir sa liste de 17 joueurs pour les qualifications pour l'Euro 2014.
Vont-ils être licenciés ?
"C'est vraisemblable" à Montpellier. Le club a annoncé, jeudi, qu'il "recevra individuellement les joueurs concernés", comme il l'a déjà fait pour Dragan Gajic mardi et comme il le fera à nouveau le 7 novembre pour un entretien préalable au licenciement. Les quatre autres joueurs seront "vraisemblablement" reçus le 30 octobre "pour recueillir leurs observations sur les faits" et "décider des suites contractuelles pouvant en résulter". Le 12 octobre, l'avocate du club, Michèle Tisseyre, avait estimé "vraisemblable" que Montpellier se sépare de "certains joueurs", comme le rapportait Midi Libre. Le contrat des joueurs prévoit que ni eux, ni leurs proches ne peuvent parier, et les joueurs sont soumis juridiquement à une "obligation de loyauté", précise Michèle Tisseyre à francetv info.
"Quand l'entraîneur Patrice Canayer parle de confiance rompue, on peut en déduire que le club souhaite se débarrasser d'eux", affirme Bhakti Ong, agent des frères Karabatic et d'Issam Tej, joint par francetv info. "Dès lors, il est normal que d'autres clubs s'intéressent à eux", ajoute-t-il, réfutant avoir reçu des offres, alors que selon Libération, Nikola Karabatic lorgne déjà du côté du club de Barcelone. "Niko a appelé le gérant de Montpellier devant moi pour l'informer de la levée du contrôle judiciaire et lui dire qu'il est à la disposition du club, précise Bhakti Ong à francetv info. Je pense qu'il sera dans les tribunes jeudi soir pour le match contre Dunkerque."
Peu probable à Paris. Le club de la capitale n'a "aucune intention" de sanctionner Samuel Honrubia et Mladen Bojinovic, qui évoluaient à Montpellier au moment des faits qui leur sont reprochés, selon Reuters. Comme tous les autres joueurs impliqués, ils risquent toutefois une sanction disciplinaire de la Ligue de handball (matchs de suspension et amende) si leurs paris sont avérés, en application de l'article 131-16 du Code du sport.
Vont-ils être condamnés au pénal ?
L'enquête se poursuit. La chambre de l'instruction a certes levé le contrôle judiciaire qui pesait sur les joueurs et deux de leurs compagnes. Mais elle n'a pas mis fin au volet pénal de l'affaire. Les frères Karabatic sont ainsi toujours convoqués par le juge d'instruction le 7 novembre. Si les faits d'escroquerie sont avérés et qu'il est établi que le match a bien été truqué aux dépens de la Française des Jeux, les joueurs "encourent cinq années d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende", comme l'a indiqué le procureur de la République de Montpellier, Brice Robin, le 1er octobre.
Toutefois, "il sera très difficile au juge d'instruction et aux enquêteurs de prouver que les joueurs concernés ont organisé une tricherie concertée", affirme L'Equipe. Les avocats des joueurs cherchent à se montrer confiants et offensifs, à l'instar d'Eric Dupont-Moretti, conseil des frères Karabatic. L'avocat a affirmé, jeudi, qu'"il reste quelques chapeaux judiciaires à faire avaler à certains".
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