Paris truqués : comment sont nés les soupçons
Les conditions dans lesquelles ont été réalisés les paris suspects sont accablantes pour les joueurs de handball de Montpellier.
HANDBALL - PARIS SUSPECTS - Ils ont reconnu avoir parié, pas avoir triché. Les joueurs de handball de Montpellier, soupçonnés d'avoir misé, par le biais de leurs proches, sur une défaite de leur club contre Cesson-Sévigné le 12 mai 2012 pour remporter des gains en paris sportifs, ont donc commis une entrave à la déontologie de leur sport. L'infraction pénale - le fait d'avoir volontairement perdu le match - doit encore être prouvée. En revanche, les éléments prouvant l'existence de paris suspects sont accablants pour ces joueurs, désormais considérés comme des "pieds nickelés". FTVi les a listés.
1Des mises hors normes
"C'est avéré, ces joueurs sont des pieds nickelés, s'est agacé lundi Patrick Vignal, maire adjoint de Montpellier (Hérault) chargé des Sports. Un match de handball classique représente 4 000 euros de paris. Là, ils ont parié 90 000 euros ! Il faut les imaginer sur un coin de comptoir à faire 90 tickets à 100 euros."
Les paris incriminés ont rapporté 252 880 euros aux parieurs. Des montants 40 fois supérieurs à l'ordinaire et portant "à 99,94%" sur un score défavorable à Montpellier à la pause, a confirmé le procureur. "Parier 70 000 euros à la mi-temps d'un match, à coups de 100 euros, alors que les mises sont d'ordinaire de 3 000 euros au maximum : il faut vraiment être des petits cons", a ajouté le député socialiste héraultais.
2Des paris dans seulement trois villes
Mais plus étonnant encore, ces paris ont été pris dans seulement trois endroits : à Montpellier, à Rennes, et en région parisienne. Ils ont été réalisés par tranches de 100 euros en liquide, ce qui permet au parieur de rester anonyme pour percevoir ses gains, mais ce qui n'a pas empêché la Française des Jeux de trouver ces paris suspects.
Surtout, les policiers montpelliérains et ceux de l’Office central des courses et jeux, saisis par la FDJ, "ont trouvé des liens troublants entre les parieurs et les membres de l’équipe", a rapporté le quotidien régional Midi Libre, jeudi. "Cet étudiant sans grandes ressources, proche d’un joueur, et qui mise 10 000 € sur ce pari bien incertain, cite le quotidien. Cette compagne d’un autre joueur, qui dépose des liasses de billets dans plusieurs bars acceptant les paris pour la FDJ, situés géographiquement autour de son domicile", poursuit-il, comme autant d'éléments jouant en la défaveur des suspects.
3La panique téléphonique
"Les handballeurs de Montpellier ont bien quelque chose à se reprocher", assure d'emblée RTL. Selon la radio, qui s'est procurée les écoutes téléphoniques réalisées dans les jours qui ont suivi la révélation de l'affaire à la fin du mois de septembre, "les joueurs semblent pris de panique, se demandent quoi dire aux enquêteurs".
Si ces enregistrements ne permettent pas d'indiquer si oui ou non il y a eu "tricherie" ou "trucage" du match du 12 mai, ils auraient permis aux enquêteurs d'entendre les joueurs suspectés expliquer qu'ils avaient décidé de gagner de l'argent car ils étaient certains que leur équipe perdrait la rencontre, une défaite sans conséquence pour leur club déjà assuré d'être champion.
"Le nombre d'appels (...) explose", rapporte RTL, "entre joueurs, mais aussi à leurs compagnes, à leurs proches." La radio cite en exemple un échange entre Luka Karabatic et sa compagne, Jeny Priez, paniquée. "Il lui demande de ne pas mentir aux policiers", indique la radio.
4Les aveux de Jeny Priez
Conformément aux conseils de son compagnon, la jeune femme s'est confiée aux enquêteurs. Jeny Priez a reconnu "avoir parié" pour son compagnon et à sa demande, "avec l'argent de celui-ci", à hauteur de 1 500 euros, mais "maintient que pour elle, il n'y a jamais eu, ni ne devait y avoir, aucun trucage de match", a rapporté hier son avocat, Me Antoine Camus.
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