Peillon annonce le retour à la semaine de 5 jours en primaire à la rentrée 2013
Le ministre de l'Education nationale annonce la fin de la semaine de quatre jours, une mesure controversée prise par Xavier Darcos et mise en place en 2008.
C'est la fin d'une mesure très controversée. Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, annonce jeudi 17 mai la fin de la semaine de quatre jours, mise en place en 2008. La semaine de cinq jours sera de retour à l'école primaire dès la rentrée 2013. "Ce n'est pas le plus simple, mais nous le ferons", a-t-il promis sur France Inter.
A la question de savoir si la cinquième journée serait le mercredi matin ou le samedi matin, le nouveau ministre de l'Education a laissé le choix aux collectivités locales. La suppression du samedi matin à la rentrée 2008 avait, de fait, entraîné des semaines resserrées sur quatre jours pour la quasi-totalité des écoles du pays. "On bourre les journées" et "six ou sept heures" par jour de classe, "ça épuise les enfants", a déploré Vincent Peillon.
• Qui va s'en réjouir ?
La proposition du nouveau ministre devrait faire parler d'elle. Elle revient en effet sur la semaine de quatre jours, mise en place par Xavier Darcos (ministre de 2007 à 2009) et décriée dans beaucoup de rapports, dont ceux de l'Académie de médecine ou d'un comité sur les rythmes scolaires. Ces dernières années, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette organisation du rythme scolaire :
Les députés Jugée "mauvaise", "aberrante" et "délirante" pour les écoliers, la semaine de quatre jours a fait l'objet d'une mission de l'Assemblée nationale en 2010. Plusieurs parlementaires, dont certains classés à droite, se sont élevés contre cette organisation du rythme scolaire, à l'instar de la présidente de la mission, MichèleTabarot (UMP). "Elle n'est pas bonne pour la scolarité de nos enfants", déclarait-elle à l'époque, rappelle Le Journal du dimanche. Pour les élus, les rythmes scolaires ont été adaptés aux adultes et non aux enfants.
Les scientifiques Interrogé par le site Le Point.fr, le chronobiologiste Claude Gronfier, chercheur à l'Inserm, a détaillé, en 2010, les problèmes posés par la semaine de quatre jours. "Cela [crée] une dette de sommeil. (...) L'autre problème majeur est une désynchronisation des rythmes biologiques."
Même avis chez son collègue Yvan Touitou, interviewé par L'Express.fr, et coauteur d'un rapport sur l'amènagement du temps scolaire avec le pédiatre Pierre Bégué en 2010. Sur la base de diverses auditions et de relevés scientifiques, le document publié par l'Académie nationale de médecine dénonce lui aussi la semaine de quatre jours. Citée par le site Slate.fr, la chronopsychologue René Clarisse estime, elle, qu'avec cette organisation "tout est compressé, les élèves n'ont pas le temps de respirer".
Le corps professoral Certains acteurs de l'Education nationale se sont eux aussi indignés de l'organisation mise en place en 2008. Parmi elles, les Inspecteurs généraux du premier degré du ministère de l'Education nationale et des responsables de l'éducation dans les villes (Andev).
• Des parents mécontents ?
Si le retour à la semaine de cinq jours pourrait être saluée par les scientifiques, certains parents risquent d'être troublés par ce changement de rythme. Ainsi, selon un sondage publié en 2011, si 63% des Français se disaient pour le retour à la semaine de 5 jours avec des vacances plus courtes, seuls 53% des parents d'élèves soutenaient cette initiative.
• Comment cela se passe ailleurs ?
Avec la semaine de quatre jours actuellement en vigueur, la France fait figure d'exception en Europe. Ainsi, en Belgique, les élèves se rendent à l'école cinq jours sur sept. Les écoliers allemands n'ont, eux, pas cours l'après-midi, mais leurs vacances durent moins longtemps qu'en France, explique L'Express.fr.
Vincent Peillon a ainsi rappelé que les petits Français passent 144 jours par an en classe contre 190 en moyenne pour les autres élèves européens. Cela implique des horaires condensés et des emplois du temps surchargés, néfastes à la réussite des élèves. "Les pays qui ont les meilleurs résultats aux tests Pisa, comme le Japon, la Finlande ou la Suède, ont beaucoup moins d'heures et elles sont plus dispersées, souligne ainsi Claude Lelièvre, historien de l'éducation, cité par Slate.fr.
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